Le G-20 est-il appelé à supplanter le Conseil de Sécurité ? - publié le 29/11/2014

Thèmes abordés

G20, Conseil de Sécurité, coopération multilatérale, FMI, Nations Unies, crises financières, G-8, sécurité énergétique, violation massive des droits de l'homme

Résumé du document

Le G-20 s'inscrit dans une tendance générale au sein de la coopération multilatérale, celle de l'émergence de « groupes » informels face à des organisations établies telles que le FMI ou les Nations Unies. Ces coalitions de pays sont apparues pour faire face aux nouveaux enjeux internationaux et notamment faciliter la concertation face aux crises qui bouleversent le monde économique et financier.

Réunissant 19 pays et l'Union européenne, le G-20 naît en 1999, de la reconnaissance que les solutions pour gérer les impacts des crises financières ne pouvaient être trouvées qu'en dépassant la coordination à table limitée du G-8. Initialement une instance financière, l'agenda du G-20 s'est progressivement élargi pour inclure des discussions sur l'efficacité de l'aide ou la sécurité énergétique. Comme le prouve la trajectoire du G-8, le mandat du G-20 pourrait progressivement s'étendre pour inclure les questions de sécurité internationale, domaine traditionnellement réservé à l'organe exécutif des Nations Unies.

Extraits

[...] Toutes ces considérations requièrent une capacité travail permanente, des réunions régulières et des réunions d'urgence. Augmenter le nombre de sommets n'apparaît pas comme une solution, cela pourrait conduire à une fatigue des sommets et un abandon de ce système de consultation multilatéral s'il devenait trop récurant pesant ainsi sur l'emploi du temps des chefs d'État (ou des ministres). En outre, alors que le système de vote par consensus est valorisant lorsque les membres ont des vues similaires, il peut s'avérer être un blocage significatif dans le cas contraire. [...]

[...] Le soutien du G-20 par le reste de la communauté internationale n'est pas forcément un acquis. L'absence d'un processus de consultation formelle et l'autodésignation des adhérents de ce groupe exclusif peuvent être perçues par le G-172 comme une tentative d'imposition des grandes puissances, remettant encore en cause la perception de légitimité du G-20. De plus, les déséquilibres restent importants, les pays occidentaux conservent un poids considérable, notamment face au continent africain qui n'est représenté que par l'Afrique du Sud, diminuant ainsi les chances des pays voulant un siège au Conseil de Sécurité de soutenir ce forum alternatif. [...]

[...] La structure informelle du G-20 peut-elle se montrer plus efficace que le Conseil de Sécurité face aux défis sécuritaires ? Le G-20, un sommet de haut niveau offrant flexibilité et volonté politique Fortement critiqué pour sa rigidité et sa lenteur, le Conseil de Sécurité représente un multilatéralisme formel parfois perçu comme inefficace. L'avantage du G-20 est justement de ne pas être soumis à des procédures bureaucratiques ou des considérations normatives telles que le respect constant des règles de fonctionnement édictées dans la Charte. [...]

[...] Face à la composition limitée du Conseil de Sécurité, le G-20 apparait plus inclusif. La légitimité du G-20 lui vient de la façon dont il inclut les pouvoirs émergents au même titre que les grandes puissances traditionnelles. Par la constitution de ses membres, le groupe représente à lui seul du PIB et du commerce mondial ainsi que 2/3 de la population de la planète. Le Conseil quant à lui ne représente que de la population mondiale (dont pour la Chine seule). [...]

[...] Néanmoins, le G-20 ne possède pas tous les attributs et la force normative nécessaire pour être appelé à supplanter de manière viable le Conseil de Sécurité. Le G-20 offre plutôt l'opportunité de compléter et renforcer le Conseil, en offrant un cadre de coopération et de recherche de consensus au niveau international. Face à une scène internationale où coexiste une hétérogénéité d'acteurs, l'efficacité du système multilatéral peut dépendre, dans une large mesure, sur l'utilisation de l'avantage comparatif de ces différents instruments. [...]