"L'effet naturel du commerce est de porter la paix. Deux nations qui commercent ensemble se rendent réciproquement dépendantes" écrivait Montesquieu en 1948 dans "De l'esprit des Lois". En effet, les interdépendances, dans le monde actuel, sont nombreuses et de types extrêmement variés. Chaque pays tire profit des différences qu'il a avec ses voisins, plus ou moins proches, et ainsi le commerce, les échanges sont rendus nécessaires.
Les Etats sont délimités par des frontières, des limites, plus ou moins poreuses, qui tirent leurs légitimités de la reconnaissance nationale et, le plus souvent, internationale. Les frontières sont autant le reflet d'inégalités, de divergences que le lieu où s'articulent des relations diverses. De tout temps présentes, elles semblent pourtant changer de nature depuis les années 80 du fait de la mondialisation.
En effet, ce phénomène géo historique multiséculaire d'extension progressive du capitalisme à l'ensemble de la planète marque le retour du libéralisme, entravé par les deux grandes guerres du XXe siècle. Mais si la mondialisation a un aspect économique indéniable, il ne faut pas oublier qu'elle renforce ou efface également des frontières sociales, culturelles, voire même politiques.
Frontières et mondialisation pourraient sembler antagonistes, mais, au contraire, il nous apparaît que les deux sont complémentaires. C'est pourquoi nous allons tenter de démontrer en quoi la mondialisation ne peut se passer de frontières et comment elle les a modifiées depuis les années 80.
[...] Le recul des frontières ne se fait-il pas au profit des Etats-Unis ? Leurs entreprises sont leaders dans de nombreux domaines et participent à la diffusion des valeurs, des modes de vie, de consommation américaine. Dans quel pays n'y a-t-il pas un Mac Donald, ne peut-on pas voir un film américain ? Leur rayonnement mondial favorise l'extension de leurs frontières. Cependant, de nouveau acteurs, tels la Chine, le Venezuela, l'Iran ne semblent pas prêts à laisser des frontières, uniquement américaines, s'installer. [...]
[...] Les différences de richesses entre les pays leur permettent de faire valoir des avantages comparatifs. Par exemple, Nike a une stratégie qui consiste à mettre au point la conception des produits à Seattle, établir les prototypes à Taiwan et enfin installer la production dans certains pays asiatiques. Les différences sociales permettent également aux FMN de gagner de nouveaux marchés ou d'installer de nouvelles unités de production. C'est ce que fait Renault en produisant et commercialisant la Logan en Roumanie. Les différences de statuts et droits politiques et juridiques sont des facteurs intéressants pour des entreprises qui se financent de plus en plus sur des marchés financiers. [...]
[...] Mais, nous disions que la mondialisation était avant tout économique. En effet, s'il y a bien un secteur où les frontières sont quasi inexistantes, c'est dans le domaine financier. La crise actuelle, liée à la crise des subprimes, nous témoigne actuellement que l'interconnexion des marchés financiers est telle que le moindre dysfonctionnement peut avoir des répercussions mondiales. Les Firmes multinationales (FMN) accentuent la diminution des frontières puisque, tout d'abord, les frontières internes aux entreprises s'estompent, car elles sous-traitent de plus en plus, elles n'ont pas toujours un domaine d'activité bien défini, et car en délocalisant elles exportent leurs technologies. [...]
[...] Les nombreux accords permettent de renforcer les positions étatiques mondialement. Le multilatéralisme paraît plus difficile à mettre en œuvre. Les crises du FMI, de l'ONU montrent que de nombreuses institutions internationales ont aujourd'hui besoin d'être réformées. Pour que la mondialisation soit totale, et donc les frontières inexistantes, une coopération mondiale semble devoir être établie, ce qui est encore loin d'être le cas. Enfin, la mondialisation crée également des tensions au niveau des frontières. Les divergences sont parfois même extrêmement accentuées et visibles. [...]
[...] C'est un peu avant la guerre froide que la mondialisation s'ancre véritablement. Les divergences entre les deux blocs, puis les écarts de richesses Nord/Sud montrent que la mondialisation ne se fait pas au même rythme partout. Donc les frontières évoluent plus ou moins rapidement selon les contextes internationaux et nationaux. La montée fulgurante des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) témoigne que les redistributions de croissance ne sont pas linéaires dans le temps ni dans l'espace. Depuis1984, par exemple, le commerce de l'aire Pacifique est devenu plus intense qu'au niveau atlantique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture