Depuis le 11 septembre 2001, la sécurité tant nationale que mondiale semble impossible à assurer de manière certaine. En effet, l'attaque contre les tours du World Trade Center a montré qu'aucun Etat, même les Etats-Unis qui croyaient dur comme fer à l'inviolabilité de leur territoire, ne pouvait plus voir dans leur frontière un moyen de sécurité efficace. Effectivement, comment protéger et contrôler les 100.000 miles de côtes et 6000 miles de frontières terrestres, les 301 ports d'entrée existant aux US alors qu'en 2000 475 millions de personnes, 175 millions de véhicules et 21.4 millions de tonnes de marchandises importées ont transité par ces frontières américaines ?
Aujourd'hui certains effets de la globalisation rendent les frontières poreuses et leur font perdre certaines fonctions traditionnelles. Dans l'Etat moderne, les frontières ont constitué les limites du territoire sur lequel s'établit l'autorité exclusive de l'Etat. Ses deux fonctions principales, d'abord matérielle de protection physique contre des agresseurs, ensuite symbolique de différenciation du soi et du non-soi et définition de la proximité géographique, assuraient donc deux aspects de la sécurité : à la fois un aspect externe, face à l'extérieur étranger, et également interne, fortifiants la cohésion de l'ensemble étatique territorial. Ainsi, le libre échange et la libre circulation des personnes dans certains espaces constituent des coups de butoir contre la souveraineté étatique en affaiblissant et réduisant les frontières à des interfaces alors que, dans le passé, elles étaient vouées à être des obstacles. Dans ces conditions, quelles relations entretiennent les frontières avec la sécurité dont la définition la plus simple est l'absence de danger ? Dans quelle mesure les frontières restent-elles une garantie de sécurité pertinente dans le contexte d'une globalisation définie par Scholte comme une déterritorialisation, c'est-à-dire un détachement relatif et partiel des logiques territoriales ? Pourtant on peut noter dès à présent qu'une revendication de frontières se fait jour se manifestant par un renouveau des communautés nationalistes voulant s'établir comme Etat, montrant par-là même que les frontières sont toujours un enjeu
[...] Les frontières ne permettent plus d'assurer et de prémunir contre les effets déstabilisateurs et les tensions nés de la mondialisation. L'œuvre de l'OMC rend les pratiques protectionnistes interdites : les économies sont désormais ouvertes, ce qui implique des tensions sociales face aux délocalisations, face aux choix des politiques libérales d'ajustement structurel du FMI. - Sécurité sociétale Ici est en jeu la survie identitaire des acteurs, fondée sur la distinction entre le soi et le non-soi. Or cette sécurité sociétale connaît des perturbations avec la montée de l'immigration ou de l'émigration, voire la présence de réfugiés, dans certains Etats. [...]
[...] Déjà en 1940, la construction d'une fortification sur la frontière avec l'Allemagne, la Ligne Maginot, n'a pas empêché l'invasion et le détournement de la frontière. Aujourd'hui, les missiles balistiques, l'utilisation des satellites pour obtenir des renseignements, et surtout les armes nucléaires et de destruction massive rendent les frontières insignifiantes en tant que barrage potentiel protecteur contre les attaques de l'extérieur. La guerre menée en Irak l'a encore plus qu'auparavant démontré. - Sécurité politique Parallèlement, sont nées d'autres notions de la sécurité du fait des interdépendances croissantes entre Etats. [...]
[...] Cette action a été relayée par le Fonds Monétaire International promouvant la libéralisation selon les théories du Consensus de Washington. Par conséquent, le contrôle douanier a été sacrifié au commerce mais le revers de la médaille en termes de sécurité globale tient à ce que les marchandises illicites circulent également plus facilement : développement du trafic d'armes, de drogues, de médicaments etc. - Globalisation financière Déréglementation et privatisation ont été les maîtres mots des politiques économiques des années 1980 et 1990, s'accompagnant de la fin des contrôles des Etats sur les flux financiers et monétaires (fin des blocages de convertibilité des monnaies etc.). [...]
[...] Les frontières sont donc reconnues et respectées mutuellement, conçues comme la fondation d'un nouvel ordre territorial international et comme légitimes. Les frontières peuvent servir à structurer le cadre des relations internationales permettant le développement du commerce et la stabilité globale car les frontières sont aussi une interface privilégiée des relations entre Etats définies dans le cadre fixe que les frontières constituent. B. De nouvelles interprétations de la frontière, source d'un surcroît de sécurité Le phénomène frontalier n'a donc pas disparu, loin s'en faut, il reste indispensable. [...]
[...] Ces modifications apparaissaient plus difficiles entre des Etats qui se voulaient des Etats-nations. C'est pourquoi après la révolution française et les guerres napoléoniennes, la propagation des idées de souveraineté populaire et d'auto-détermination des peuples fait perdre toute légitimité aux politiques de conquête et de déplacement arbitraire des frontières puisqu'il s'agit de respecter le consentement des peuples. Le XXème siècle va voir le progressif abandon de la force pour modifier les frontières et le principe d'auto-détermination sera laissé de côté pour avoir été partiellement à l'origine des deux conflits mondiaux. [...]
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