Après avoir vu comment les frontières africaines en sont arrivées à ces tracés si incompatibles avec les réalités humaines, nous verrons que les dirigeants africains avaient cru maintenir la paix en ne remettant pas en question ces frontières, mais que les conflits qui en ont découlés conduisent certains à envisager leur remodelage
[...] Conclusion Les exemples sont ainsi nombreux, où l'absurdité du découpage frontalier mène à la guerre civile entre ethnies. Et un redécoupage pourrait être l'amorce d'une solution, en tout cas pas plus meurtrière, que ne l'a été la doctrine de l'intangibilité des frontières adoptée par l'ensemble des Etats africains au lendemain de l'indépendance. Si cette position se justifiait par l'espoir de voir tous les Etats africains se fondre en nations, la faillite de l'Etat-nation espéré, et le contexte de repli de toutes les populations sur les particularismes, conduit certains à remettre en cause ce principe, puisque son but -le maintien de la paix- a manifestement échoué. [...]
[...] Mais toutes, pour des raisons différentes, n'ont pas abouti. Ces échecs allaient détourner les Africains de cette solution à leur problème frontalier, à la veille de la création de l'OUA. La doctrine de l'intangibilité consacrée par l'OUA Face aux révisionnistes séparatistes comme Awolowo ou panafricains comme N'Krumah, les tenants du statu-quo territorial restent nombreux. Ils avaient déjà exprimé leur position en faveur de la préservation des frontières coloniales à l'ONU, à l'occasion des affaires mauritanienne (1960) et algérienne (1961). Pour eux, l'indépendance des pays d'Afrique a été réalisé sur la base des frontières coloniales, et s'il avait fallu reconstituer d'anciens ensembles politiques, ces indépendance n'aurait pas pu être acquise dans des conditions de paix, les problèmes de remodelage seraient insolubles. [...]
[...] Certains, comme B. Lugan, envisage la partition des grands Etats artificiels, quitte à remodeler les Etats voisins pour rapprocher des populations plus proches ethniquement. On peut mentionner ces mosaïques ethniques, déjà embrasées ou menaçants de l'être: il s'agit de la Corne de l'Afrique, où s'opposent les différentes tribus de l'ethnie Somali, les Afar d'Erythrée, les Issa de Djibouti et les Amhara ethiopiens, et du Kenya entre les Somalis, les Massai et les Kikuyu; mais aussi de la région des Grands Lacs, avec, outre l'opposition entre Tutsis et Hutus, des antagonismes entre les cinq ethnies principales du Zaïre (Luba, Lunda, Kongo, Mongo et Zandé). [...]
[...] Ces conflits n'ont pas trouvé de solutions et se trouvent en latence. Même si par exemple le conflit somalo-ethiopien sur l'Ogaden a été conclu provisoirement par les armes en 1977-78, Mogadiscio n'a pas encore officiellement mis un terme à ses revendications territoriales. On peut rattacher à ce type de conflits le cas des Touaregs écartelés entre Algérie, Mali, Burkina-Fasso, Niger et Libye et réclamant la création d'un Etat saharien à cheval sur le Niger et le Mali. D'autres conflits frontaliers se rapportent plus spécifiquement à des revendications territoriales et non à un regroupement de population. [...]
[...] Les frontières en Afrique Introduction La frontière moderne est une ligne séparant des espaces territoriaux où s'exercent deux souverainetés différentes. La naissance d'une frontière est donc un processus long, lié au renforcement progressif de la notion de souveraineté, et par cela la notion moderne de frontière-ligne est bien une invention européenne, contemporaine de l'affirmation des souverainetés des Etats. Cette notion fut imposée en Afrique par les puissances coloniales extérieures, alors que justement une frontière doit être le résultat d'une longue sédimentation historique. [...]
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