Inventé au XIXe siècle par le géographe Onésime Reclus, le terme « francophonie » renvoie étymologiquement au partage de la pratique de la langue française. Dans une acceptation plus large, elle désigne également l'ensemble des pays sur lesquels la France a produit un rayonnement culturel dont l'héritage perdure aujourd'hui, en particulier parmi ses anciennes colonies.
De ce fait, la francophonie constitue pour la France un élément de ce que Joseph Nye appelle le « soft power », c'est-à-dire la capacité de produire une influence internationale par des moyens non coercitifs. Dans cette optique consistant à considérer la langue comme un instrument de puissance, étudier la francophonie implique de se demander dans quelle mesure et comment la francophonie s'est organisée comme un acteur international, mais également selon quelles perspectives sont rôle doit être envisagé pour les années à venir.
[...] Le président du Burkina Faso ,Blaise Compaoré, a ainsi proposé la création d'un passeport et d'un visa francophones. Selon Michel Guillou, les puissances publiques gagneraient à mettre davantage l'accent sur l'éveil pédagogique aux enjeux de la francophonie, par exemple en créant un institut des hautes études francophones à l'instar de l'institut du monde arabe à Paris, et en introduisant l'étude historique et géographique de la francophonie dans l'enseignement primaire et secondaire. La francophonie peut rebondir en lançant des chantiers qui répondent aux défis de son temps Ses objectifs politiques doivent être redessinés avec un plus grand volontarisme La francophonie pourrait davantage s'affirmer comme acteur d'une mondialisation plus humaniste. [...]
[...] Le français perd enfin de son emprise sur la sphère politique internationale. S'il demeure la première langue usuelle à la Commission Européenne et la langue des délibérés à la CJCE, l'anglais le devance toujours plus dans les autres institutions européennes, notamment la Banque Européenne d'Investissement. La même situation s'observe à l'ONU, où le nombre de pays utilisant le français comme langue de travail (une cinquantaine) n'a pas progressé malgré l'inclusion de nouveaux pays francophones. Pour continuer à rayonner, la francophonie doit rénover sa cohésion citoyenne autour du sentiment d'appartenance à la langue La francophonie pourrait renforcer ses solidarités diplomatiques et administratives sur un modèle partenarial semblable au Commonwealth. [...]
[...] Il s'agit ainsi d'un temps fort de concertation qui statue sur l'admission de nouveaux membres, définit les orientations, et adopte les résolutions nécessaires. Au sommet de Dakar de 1989 par exemple, François Mitterrand s'est illustré en proposant d'effacer la dette de 35 pays africains pauvres auprès de l'Etat français. L'OIF s'est doté cependant d'un visage diplomatique en 1997, en créant la fonction de secrétaire général qui exerce des fonctions politiques et diplomatiques, et propose des axes d'action prioritaire. En 2002, Abdou Diouf (ancien président de la République sénégalaise) a pris le relai de Boutros Boutros Ghali. [...]
[...] Conclusion la francophonie constitue un véritable atout pour la France, car elle représente le rayonnement autonome et volontaire de sa langue et de sa culture. Néanmoins, cet atout a besoin d'être entretenu pour subsister face à la concurrence accrue des autres cultures dans le contexte de la mondialisation, en particulier vis-à-vis de la culture nord-américaine et de la langue anglaise. La France doit donc se saisir de cette chance qui lui est donnée dans un monde où les relations multilatérales imposent de multiplier les relais d'influence. [...]
[...] Le succès de TV5monde semble de fait montrer l'importance de la culture comme vecteur de puissance. Construire un espace économique francophone permettrait à la fois l'amélioration de la vie des populations et l'affirmation du concept géopolitique de francophonie L'économie francophone représente un levier de puissance insuffisamment exploité. En effet, elle constitue 10% du poids macro- économique mondial et 14% des échanges commerciaux internationaux, avec en son sein 600 millions de consommateurs soit près de 10% de la population mondiale. Elle comporte par ailleurs des pays émergents en forte croissance comme le Vietnam et la Roumanie. [...]
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