1990 est incontestablement une date charnière au Rwanda, marquant le début d'une période trouble qui aboutit au génocide. Le gouvernement de Juvénal Habyarimana doit faire face à un double défi : les revendications démocratiques intérieures, mais aussi la guerre menée par le Front patriotique rwandais (FPR), composé pour l'essentiel d'exilés tutsis venus d'Ouganda. Ainsi, de difficiles et longues négociations sont menées entre le gouvernement, l'opposition intérieure et le FPR. Elles aboutissent aux accords d'Arusha d'août 1993, qui prévoient notamment un partage du pouvoir. Leur mise en œuvre subit de nombreux retards, alors que la violence politique croît. C'est alors que le 6 avril 1994 débutait l'abominable génocide au Rwanda. Cette date correspond à la mort du Président Juvénal Habyarimana. Son avion fut abattu lors de son atterrissage à Kigali. Dans les heures qui suivirent, se déclenchait le plus brutal des massacres du XXème siècle (après ceux des Arméniens, des Juifs et des Tsiganes). Les massacres durèrent jusqu'en juin 1994 et l'on estime que de 500 000 à 1 million de Tutsis et de Hutus furent assassinés en 100 jours. La convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide définit ce dernier comme certains actes « commis dans l'intention de détruire, en tout ou partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux en tant que tel ». Il y a bien eu génocide, c'est-à-dire la destruction planifiée d'une collectivité entière par le meurtre de masse ayant pour but d'en empêcher la reproduction biologique et sociale.
Le Conseil de Sécurité de l'ONU, dont la France, les Etats-Unis et la Belgique ont été particulièrement impliqués dans le génocide au Rwanda. Plus particulièrement, le rôle de la France fait l'objet de nombreuses polémiques. Nous présenterons donc succinctement dans une première partie les événements politiques au Rwanda, les forces en présence, les acteurs et le génocide. Puis nous exposerons dans une seconde partie les éléments permettant d'incriminer le gouvernement français dans la participation au génocide. A contrario, nous démontrerons en quoi la France peut être disculpée. Pour finir nous donnerons notre avis sur cette polémique et les leçons éventuelles.
[...] Ensuite, suivant leurs identités, ils les remettaient aux miliciens en bord de route qui les assassinaient aussitôt. Cette révélation met en cause le caractère discriminatoire des militaires de l'hexagone, ainsi que leur complicité aux actes de barbaries. ( Les livraisons d'armes L'aéroport de Goma au Nord-Kivu, contrôlé directement par les Français durant l'opération Turquoise (de fin juin à début août 1994), ou par des forces zaïroises alliées de la France avant et après cette opération, a été le lieu de transactions douteuses. [...]
[...] II) Quels sont les éléments permettant d'inculper le gouvernement français dans la participation au génocide ? La Commission d'enquête citoyenne sur le rôle de la France durant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 a examiné un ensemble de documents et témoignages. Cette commission a relevé certains éléments qui permettent de soupçonner l'État français et certains de ses représentants, officiels ou officieux : ces derniers pourraient avoir été complices dans ce génocide. Nous allons mettre en avant les éléments qui permettent d'incriminer l'Etat français. [...]
[...] - 150 coopérants ou conseillers militaires. - Matériel fourni aux Forces Armées Rwandaises (FAR) : hélicoptères Gazelle, avions Noratlas et Guerrier, des automitrailleuses légères, des pièces d'artillerie. Le tout représentant un coût d'au moins 200 millions de francs par an et un minimum de 20 millions de francs de matériels. La formation des hommes de l'armée rwandaise a aussi été prise en charge de la part des français. Il fallait les aider : leur procurer des armes, des munitions mais aussi former une armée permettant de se servir des armes plus efficacement. [...]
[...] - Avril-Juillet 1994 : Génocide au Rwanda. Les acteurs et forces en présence Avec l'arrivée du général Habyarimana au pouvoir en 1973, et depuis 1978, il n'existe qu'un parti politique au Rwanda : le MRND. Ce dictateur semble se montrer moins dur sur la politique de discrimination des Tutsi que Kayibanda (seulement 10% des Tutsi seront admis dans les écoles, universités et auront droit à un emploi), mais continuera à faire en sorte qu'aucun Tutsi n'atteigne de hautes responsabilités au sein de la société. [...]
[...] Des manifestations publiques ont lieu à Kigali et dans les grandes villes du Rwanda. En effet le Sud du pays qui en a assez de l'accaparement du pouvoir par les Hutu du Nord exige que le FPR ne soit pas perçu comme un ennemi de l'Etat. Ces manifestants demandent un gouvernement de transition : redistribuer le pouvoir et négocier avec le FPR. Durant cette période, des extrémistes du MRND créent le CDR (Coalition de Défense de la République) avec sa milice, l'Impuzamugambi Ceux qui suivent le même but Suite aux négociations d'Arusha, les troupes françaises se retirent pour laisser la place aux troupes de l'ONU, en mission de paix et pour surveiller l'exécution de l'accord : le MINUAR (Mission des Nations Unies pour l'Assistance au Rwanda). [...]
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