Le 19 septembre 2002, les rebelles attaquent simultanément Abidjan, Bouaké et Korhogo remettant ainsi en question la légitimité du gouvernement du Président Laurent Gbagbo élu en 2002. Commence alors un conflit complexe qui menaçait la Côte d'Ivoire depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny le 7 décembre 1993.
L'utilisation du concept 'd'ivoirité' par Henri Konan Bédié dès 1995 afin d'enraciner son pouvoir ne fait que partager un peu plus le pays entre un nord désertique et un sud riche et fertile. La quête de l'identité en Côte d'Ivoire, un pays comprenant pas moins de soixante ethnies différentes et qui a connu d'importantes vagues d'immigration dans la période postcoloniale, provoque l'implosion d'une cohésion sociale mise à mal par la mort de Boigny.
L'explosion du conflit au sein de 'cette nation qui nous est si chère et si proche' (Jacques Chirac), ne pouvait laisser la France indifférente. Même si Abidjan se situe à 6000 kilomètres de Paris, même si la Côte d'Ivoire est un pays sous-développé comprenant encore 57% de ruraux … le destin de ces deux pays apparaît comme intimement lié depuis la période coloniale. Paris avait alors fait de la Côte d'Ivoire la clef de voûte de l'équilibre régional de l'Afrique de l'Ouest. Le mouvement de décolonisation de 1960 n'allait pas affecter ce lien privilégié qu'entretient la France avec la Côte d'Ivoire : l'ex-métropole administrait toujours, mais de façon indirecte cette fois-ci, son ancienne colonie et veillait à l'émergence du 'miracle ivoirien'.
Le conflit qui éclate en Côte d'Ivoire est l'occasion pour la France de prouver sa volonté de 'banaliser' ses rapports avec l'Afrique en général.
Etudier l'implication de la France en Côte d'Ivoire permettra également de comprendre les enjeux qui attendent la diplomatie française pour 'l'après' Omar Bongo au Gabon et pour 'l'après' Blaise Compaoré au Burkina Faso.
Nous nous poserons ainsi, au cours de cette réflexion, les interrogations suivantes : dans quelle mesure l'implication de la France en Côte d'Ivoire représente-t-elle les nouveaux enjeux de la présence française en Afrique ? La France peut-elle appliquer sa nouvelle stratégie en Afrique sans se heurter aux lourds vestiges du passé ?
[...] Ce pragmatisme n'a ainsi pas permis la France de sortir indemne d'un bourbier ivoirien dans lequel il était nécessaire qu'elle s'implique. La complexification des situations géopolitiques en Afrique avec, notamment, l'émergence de nouveaux acteurs, ainsi que l'importante médiatisation des conflits ne permet donc plus à la France de décider unilatéralement du destin de l'Afrique. Si elle se doit de privilégier des organisations régionales semblant aujourd'hui plus à même de pacifier le continent malgré leurs faiblesses internes, la France ne peut cependant abandonner totalement l'Afrique à son sort. [...]
[...] Elle ne peut maitriser les exactions des soldats rebelles qui, n'étant plus payés, se servent directement sur la population civile Operation pay yourself Nous sommes donc en présence d'une véritable «Economie de guerre démontrée par Human Right Watch et son étude sur les barrages routiers organisés par les rebelles. L'argument économique est moins pertinent, selon Richard Banégas pour les jeunes patriotes mais la France ne peut intervenir sur une autre logique individuelle des patriotes consistant à rechercher, par cette lutte politique, un espace de sociabilité et d'émancipation familiale. III) L'émergence du multilatéralisme : la fin de l'influence française en Afrique ? [...]
[...] Le conflit qui éclate en Côte d'Ivoire est l'occasion pour la France de prouver sa volonté de banaliser ses rapports avec l'Afrique en général. Étudier l'implication de la France en Côte d'Ivoire permettra également de comprendre les enjeux qui attendent la diplomatie française pour l'après Omar Bongo au Gabon et pour l'après Blaise Compaoré au Burkina Faso. Nous nous poserons ainsi, au cours de cette réflexion, les interrogations suivantes : dans quelle mesure l'implication de la France en Côte d'Ivoire représente-t-elle les nouveaux enjeux de la présence française en Afrique ? [...]
[...] Ce sont alors les médecins français qui constatent la mort des victimes du gouvernement ivoirien et les couvrent. Louis de Guiringaud, ministre des Affaires Etrangères de Valéry Giscard d'Estaing résume ainsi l'omnipotence de la France dans le système néocolonial : Avec 500 hommes, on pouvait changer le destin de l'Afrique Ahmadou Kourouma[5], quant à lui, affirme que : les Français ne savent pas que lorsqu'on se révoltait dans un pays colonisé contre un dictateur, la France mettait des soldats pour aller mater la rébellion Cette influence est donc d'autant plus forte en Côte d'Ivoire, terrain privilégié de cette Françafrique basée sur la diplomatie personnelle et l'opacité. [...]
[...] Les relations personnelles entre les dirigeants français et ivoiriens ne se sont, de plus, pas évaporées avec Foccart. Si Mitterrand était un grand ami d'Houphouët-Boigny, connu alors qu'il était parlementaire de la IVe française, Chirac conserve également une relation passionnelle avec l'Afrique et un lien personnel avec ses dirigeants. Ceci est très visible au cours des sommets France-Afrique sous la présidence de Chirac. Il se veut alors le porte-parole d'une Afrique qui le fascine et dont les dirigeants sont des amis personnels à quelques exceptions notables comme celle de Gbagbo. [...]
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