Depuis 1945, l'histoire des relations internationales a été analysée à travers le prisme de deux divisions du monde : d'abord une division Est-Ouest, la Guerre Froide, puis une division Nord-Sud à la suite de la conférence de Bandung en 1955. Tout se passe comme si un mur Nord-Sud avait succédé au « rideau de fer ». La notion de « Tiers-Monde » apparaît en 1952 avec Alfred Sauvy dans un article de l'Observateur : il regroupe par cette qualification un ensemble de pays, méprisés par les Occidentaux, trop préoccupés dans leur affrontement avec l'URSS, et qui entendent jouer un rôle politique plus important sur la scène internationale.
Cette limite Nord-Sud, créée dès l'origine dans une optique d'analyse développementaliste a ensuite envahi les manuels scolaires, quand bien même aujourd'hui le concept de Tiers Monde est de plus en plus délaissé. Alors que le processus de mondialisation prenait de l'ampleur, l'objectif du rapport de Brandt était de discerner des pistes afin d'amener les pays du sud vers le niveau de vie et le niveau de développement économique des pays du Nord. Néanmoins, force est de constater que cette ligne de démarcation est restée quasiment inchangée, alors que le monde et surtout les pays du sud ont connu une diversification toujours poussée (la cohésion des pays du Sud n'est plus). Alors que les théories d'un « village global » ont vu le jour avec l'approfondissement du processus de globalisation, on voit mal comment les accorder avec la vision d'un monde coupé en deux.
Dès lors, la fracture Nord-Sud peut-elle être considérée comme une matrice explicative pertinente à l'heure actuelle ?
[...] La fracture Nord Sud a-t-elle encore un sens ? Depuis 1945, l'histoire des relations internationales a été analysée à travers le prisme de deux divisions du monde : d'abord une division Est- Ouest, la Guerre Froide, puis une division Nord-Sud à la suite de la conférence de Bandung en 1955. Tout se passe comme si un mur Nord-Sud avait succédé au rideau de fer La notion de Tiers-Monde apparaît en 1952 avec Alfred Sauvy dans un article de l'Observateur : il regroupe par cette qualification un ensemble de pays, méprisés par les occidentaux, trop préoccupés dans leur affrontement avec l'URSS, et qui entendent jouer un rôle politique plus important sur la scène internationale. [...]
[...] Au terme de cette analyse, il est clair que la fracture Nord-Sud a perdu le sens qu'elle a pu avoir auparavant. Elle reste une matrice explicative intéressante pour cerner les écarts de développement, et d'autres divisions, culturelles ou technologiques parcourant l'espace mondial, mais l'appliquer stricto sensu au contexte géopolitique actuel serait une aberration. Elle permet de dégager des tendances lourdes, mais elle est inadaptée pour saisir la complexité croissante de notre monde. La problématique Nord-Sud est aujourd'hui en plein renouveau, et semble sortir de la logique binaire des années 1960/1970, distinguant de manière caricaturale les riches du Nord et les peuples assistés du Sud. [...]
[...] Néanmoins, force est de constater que la fracture Nord-Sud, en terme de développement et de richesses, perdure. Les inégalités internationales restent très élevées, en dehors de quelques cas de rattrapage économique. Même si l'inégalité globale a légèrement baissé au cours de ces dernières années, les contrastes restent particulièrement criants : les 2,5 milliards d'individus les plus pauvres comptent pour du revenu mondial, tandis que les 10% les plus riches représentent 54%.Si on se penche sur la répartition de l'IDH au sein de l'espace mondial, le constat est le même : selon la nomenclature du PNUD, la catégorie des pays à IDH élevé regroupe tous les pays Nord, reléguant à moins de 0,5 l'essentiel des pays du Sud. [...]
[...] Dès lors, comment croire en la pertinence d'une ligne de fracture séparant deux mondes, eux-mêmes hétérogènes ? La fracture Nord-Sud, par son ancienneté, mais aussi par sa simplicité, n'est désormais plus en adéquation avec les dynamiques de l'espace mondial contemporain. Par son manque d'actualisation, elle ne parvient pas à saisir la diversification des Etats et la complexification du monde moderne, au point d'ignorer de nouvelles logiques organisationnelles. Tout d'abord, la fracture Nord-Sud tend à simplifier une typologie de pays pourtant complexe et en pleine évolution. [...]
[...] Ces pays considèrent comme des oppresseurs ceux qui gèrent les relations Nord-Sud et jugent insuffisantes les initiatives mises en œuvre par les Etats du Nord. De même, la société de l'information a permis de diminuer les distances, et ainsi de densifier les échanges économiques. L'internet, et de manière plus générale le numérique aurait donc pu être un formidable outil de développement pour les pays du Sud, leur permettant d'intégrer le commerce international de plain-pied. Conjointement au clivage Nord-Sud s'est superposé ce qu'on appelle la fracture numérique : 70% des flux sur l'internet se font entre les trois pôles de la triade, tandis que les pays du Sud peinent à entamer leur révolution numérique. [...]
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