Les migrations internationales s'inscrivent dans le vaste mouvement général de la mondialisation. Ce phénomène implique un nombre de plus en plus élevé de pays d'origine, de transit et de destination, et prend une ampleur de plus en plus importante. Les technologies de l'information et de la communication, en permettant la mise en relation immédiate de l'offre et de la demande de travail, facilitent et amplifient le phénomène. Meyer, Kaplan et Charum (2001) considèrent, de plus, que les coûts de transaction, qui restreignaient considérablement la fluidité des recrutements et donc dissuadaient les travailleurs de migrer, sont désormais supprimés par les conditions du nouveau marché.
Le terme “brain drain” (fuite des cerveaux) a été popularisé dans les années cinquante en référence à la migration vers les États-Unis de chercheurs et scientifiques de premier rang en provenance de pays tels que le Royaume-Uni et le Canada. Ce terme est désormais utilisé dans un sens plus large pour désigner la fuite de capital humain, traduisant l'idée d'une extrême volatilité des travailleurs hautement qualifiés.
Cette note de synthèse vise à identifier les caractéristiques et les évolutions de ce phénomène. Puisqu'il s'agit de discuter à la fois des caractéristiques de la fuite des cerveaux, c'est-à-dire de la nature de la migration, de ses facteurs et de ses impacts, ainsi que des nouvelles formes qu'elle revêt actuellement, c'est-à-dire son évolution, notre travail propose de distinguer ces deux parties.
Dans une première partie, nous verrons en quoi les migrations internationales de travailleurs hautement qualifiés sont un phénomène d'une ampleur croissante, qui touche particulièrement les pays en développement et qui « bénéficie » en majorité aux pays les plus développés.
Dans une seconde partie, nous montrerons comment les pays du Sud, en tentant de récupérer les migrants hautement qualifiés grâce à des programmes incitatifs, ont contribué à l'émergence d'un nouveau phénomène migratoire, aujourd'hui en pleine construction. Ce phénomène prend sa source dans la massification des retours au pays d'origine de migrants HQ.
Dans quelle mesure la fuite des cerveaux se transforme-t-elle en circulation des cerveaux ? Dans quelle mesure peut-on parler de « nomadisme » des cerveaux, un terme fort mais qui tend à traduire la nouvelle donne de la migration des travailleurs HQ ? Celle-ci n'est pas sans conséquence pour les pays d'accueil et d'origine, et dévoile de nombreux enjeux dont beaucoup sont encore à étudier. C'est justement le propos de cette note que d'inviter à s'interroger sur ces nouvelles formes migratoires.
[...] Avec les mutations récentes des flux et des trajectoires, le regard change peu à peu, et nombre de travaux militent aujourd'hui en faveur d'une attractivité temporaire et sélective où chacun y trouverait son compte. On souligne alors les vertus positives du brain drain et de ses retours, boucle vertueuse du développement Mais est-ce là la vraie question ? À l'heure où la société de la connaissance prend forme et met en concurrence l'ensemble des acteurs mondiaux entre eux, l'enjeu n'est pas de réguler les migrations, mais au contraire de les fluidifier. Bibliographie C.A.S. et C.E.P.I.I. (2006), Mondialisation et migrations internationales Les dossiers de la mondialisation, Nº5, novembre- décembre 2006. Charbit Y. [...]
[...] En ce qui concerne les coûts migratoires, les travailleurs hautement qualifiés semblent être également avantagés. Tout d'abord, la migration engendre des coûts financiers, liés au transport ou à la recherche d'un nouvel emploi, coûts que les travailleurs hautement qualifiés peuvent plus facilement assumer que leurs concitoyens non qualifiés, du fait de leurs revenus. De plus, les travailleurs qualifiés disposent en général de réseaux de connaissances plus denses, ce qui leur permet de réduire les coûts liés à la recherche d'un logement ou d'un emploi. [...]
[...] ( Des avantages L'immigration de travailleurs hautement qualifiés permet aux pays développés de répondre à des besoins en main-d'œuvre spécifiques (médecins, chercheurs, scientifiques L'apport en capital humain permet aux pays d'accueil de développer d'autant plus leur économie. De plus, les pays d'accueil économisent une partie non négligeable de leur budget d'éducation, puisqu'il n'a pas la charge de la formation du migrant (Dos Santos, 2006). ( . qui cachent les effets pervers L'appel à une main-d'œuvre qualifiée étrangère peut à terme limiter l'offre autochtone de travailleurs qualifiés (Dos Santos, 2006). [...]
[...] Les flux migratoires de travailleurs hautement qualifiés : de la fuite des cerveaux à la circulation des compétences Plan Introduction 1. La fuite des cerveaux ou le brain drain 1. L'exode des cerveaux, un phénomène d'une ampleur croissante 2. Débouchés économiques et politiques migratoires : les facteurs de l'exode des cerveaux 3. Quels impacts pour les pays d'origine et les pays d'accueil ? 1. L'exode des cerveaux : une menace pour les pays en développement ? 2. L'attraction des élites : un avantage pour les pays développés ? [...]
[...] Les migrants déploient leurs mobilités et transfèrent au gré de leurs parcours les compétences et technologies acquises. La structure de l'ensemble du secteur se modifie, comme en atteste le graphique prolongement du précédent. Figure D. Comparaison des employés natifs et étrangers dans le Hsinchu Science Park entre 1984 et 2000. Source : Luo, Wang (2001) ( Le développement local des formations et des secteurs à haute qualification Le succès des programmes d'incitation ne peut donc faire l'impasse sur un développement économique des secteurs qualifiés. [...]
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