Le féminisme dans les relations internationales. D'après Didier Bigo, « Enseigner les relations internationales en y incluant les études de genre », Association française de science politique, pp 1 à 11

Thèmes abordés

Women’s studies, nouveaux cadres d’analyses, domination masculine, féminisme libéral, résistances générales à l'ordre dominant

Résumé du document

Féminisme et Relations internationales apparaissent au premier abord comme étant deux champs très distincts dont les points de rencontre se limiteraient strictement à discuter des « femmes en relations internationales». En effet, la discipline vouée à l'étude des Relations Internationales s'est longtemps intéressée exclusivement aux échanges politiques et économiques des États, à la construction des États et aux conflits découlant de la recherche de pouvoir sur la scène internationale anarchique. Les relations internationales représentent une discipline dans laquelle règne une certaine conformité dans les thématiques abordées. Ainsi, toutes approches prenant en considération un angle conceptuel féministe et envisageant ses impacts dans les relations internationales a pendant longtemps été complètement marginalisé, jugé inutile, hors propos, souvent pris sous le ton de la dérision.

Extraits

[...] Ces derniers, ayant des axiomes divergents avec les paradigmes dominants en relations internationales, vont dans un premier temps rester sur la touche. Nous allons maintenant envisager l'évolution de la problématique du genre, des enjeux et des finalités entre les années 60 et 90 qui a aussi concouru aux rapprochements et à la pertinence d'une approche genrée dans les relations internationales. B/Une évolution de la problématique du genre propice à un rapprochement progressif vers les relations internationales L'auteur va mettre en avant l'évolution des différentes approches que vont développer les féministes à l'encontre du genre, les différentes problématiques et focales qui vont être mises en avant et le fait que cela va modifier ce que les féministes peuvent apporter aux relations internationales et la pertinence qu'elles peuvent avoir. [...]

[...] Autrement dit, le sexe n'est pas une donnée naturelle, déterminée à la naissance, mais il est répond à un construit social, à une certaine éducation, elle-même prise dans les codes sociaux en vigueur. On se doit de différencier le sexe biologique et le sexe social Quant à l'approche féministe, elle ne répond pas en une étude d'idées politiques, de militantisme, égalité quant aux droits des femmes . Mais volonté de l'auteur d'étudier le discours féministe quand il se donne l'ambition d'être une approche théorique spécifique. Ainsi l'auteur va tenter de mettre en valeur les critiques apportées par la perspective de genre en Relations internationales, non sans reconnaître la complexité du projet. [...]

[...] Des liens vont se créer entre approches genrées et relations internationales et certains auteurs féministes vont commencer à participer à des ouvrages et à la mise en avant progressive d'une approche différente. Cette approche différente va se cristalliser dans la mise en avant d'un débat qui va toucher à la fois certains courants féministes et des courants des relations internationales, notamment le constructivisme et le post-modernisme. Cette rencontre va être rendue possible par des questionnements qui se recoupent, et par une étymologie commune. [...]

[...] C'est donc une approche qui va faire davantage écho aux relations internationales, en se posant des questions à travers des focales nouvelles sur des thèmes tels que le pouvoir. Dans les années 80, il va y avoir la consécration de l'idée que les variations sociales sont importantes et qu'un rapport de domination est propre à un moment et à une société donnés et qu'il n'y a pas de spécificité masculine ou féminine à la domination ou encore à la paix ou à l'agressivité. [...]

[...] Ainsi, un individu n'est pas déterminé par son sexe biologique, mais principalement par son environnement socioculturel et son histoire de vie (aussi la thèse des Queer Theory). Ainsi, la domination masculine passe par des variations historiques importantes et les femmes peuvent masculiniser leurs comportements pour obtenir des positions de domination. La construction sociale et la domination ne sont donc pas immuables. Ce sont ces courants qui vont tenter de décomposer cette naturalité, et vont gagner en aura et en reconnaissance. [...]