« L'Enfer sur Terre ». Cette phrase de Kofi Annan résume la situation actuelle au Darfour. Depuis le début du conflit en 2003, on compte environ 400 000 morts et 2 millions de déplacés vivant dans des camps selon le rapport d'ONG telle qu'Amnesty Internationale.
Comprendre la crise actuelle nécessite de revenir sur l'histoire de cette province située à l'Ouest du Soudan, ayant des frontières avec la Libye, le Tchad et la République Centrafricaine.
Le Darfour a été un sultanat indépendant four jusqu'à la fin du 19e siècle ; c'est de là que vient son nom, dar (« terre ») des Fours. Il devient ensuite une province sous domination anglo-égyptienne avant d'appartenir au Soudan indépendant en 1956. Peuplé de 6 millions d'habitants, essentiellement musulmans, le Darfour se compose majoritairement d'agriculteurs issus des tribus fours et zaghaoua, et également de nomades arabophones fiers de leur arabité.
Les vagues de sécheresse, la poussée démographique, le désintérêt total pour cette région de la part du gouvernement de Khartoum (réduction drastique des contributions budgétaires pour la santé, l'éducation et la justice), et l'absence d'investissement dans le domaine de l'eau ont conduit à des affrontements réguliers entre les tribus nomades et sédentaires tout au long de la 2e moitié du 20e siècle. Les conflits tchadiens qui s'étendent régulièrement au Darfour ont également diffusé les armes automatiques. Aussi, le Darfour était mûr pour une explosion qui arriva au début de l'année 2003 avec l'apparition de deux groupes rebelles, le SLM/A (Sudan Liberation Movement/ Army) et le JEM (Justice and Equality Movement), soutenus par des maquis four et zaghaoua déjà existants, des intellectuels en exil, des proches du leader islamiste déchu El-Tourabi et le soutien de forces externes telles que le SPLM/A (Sudan People's Liberation Movement/Army) et l'Erythrée. Au plan politique, les rebelles revendiquent la fin de la discrimination sociale et économique. Ils bénéficient d'un soutien populaire important de la part des tribus non-arabes sédentaires. La réponse brutale du gouvernement entraîne la région dans un conflit sanglant qui dure depuis près de 4 ans.
Face à cette situation humanitaire tragique, se doit-on d'intervenir au Darfour ?
Nous nous interrogerons d'abord sur la nature du conflit au Darfour avant de nous intéresser aux raisons qui empêchent la communauté internationale d'intervenir directement pour arrêter la poursuite des massacres.
[...] Bibliographie Ouvrages - El Hattab Morad, Urgence Darfour, Paris, Des idées et des Hommes - Prunier Gérard, Le Darfour Un génocide ambigu, Mayenne, La Table Ronde - L'Appel Franco-Arabe, Vivre au Soudan aujourd'hui, Le te - mps des Cerises - Ostrowsky Zygmunt, Le Soudan à l'aube de la paix, Paris, L'Harmattan Articles de périodiques - Drweski Bruno, Peut-on comprendre ce qui se passe au Darfour in Informations et Commentaires, n°137, octobre-décembre 2006. - Williams Paul and Belamy Alex, The responsibility to protect and the crisis in Darfur, in Security and dialogue, volume - Awwad Emad, Regard sur la crise au Darfour, in Défense nationale, octobre 2004. - Tanner Victor, Darfour : racines anciennes, nouvelles virulences, in Politique étrangère, 4/2004. - Decaux Emmanuel, La crise du Darfour chronique d'un génocide annoncé, in Annuaire français de droit international, 2004. [...]
[...] Face à une administration américaine qui par la voix de Colin Powell a été la première à parler de génocide, la commission d'enquête de l'ONU a préféré l'attentisme prudent de l'UE et les réticences des pays arabes, craignant des sanctions contreproductives pour un pays frère : il y aurait donc eu intention génocidaire chez les agents du gouvernement de Khartoum. De fait, le critère de génocide est l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, radical ou religieux (convention sur le crime de génocide du 9 décembre 1948). Or l'intention est particulièrement difficile à prouver. Transition : Face à ce constat d' intention génocidaire pourquoi la communauté internationale n'était-elle pas intervenue directement? II. [...]
[...] La guerre contre le terrorisme. Depuis le 11/09, les États-Unis ont tenté de convaincre le président Bashir d'être en faveur de la guerre contre le terrorisme. La crainte est grande, en cas d'intervention militaire occidentale, que le Soudan devienne un véritable foyer du terrorisme international. Les intérêts de la Chine et de la Russie La Chine possède des intérêts stratégiques puisque 55%¨des exportations soudanaises vont vers la Chine et que c'est la compagnie publique chinoise qui est l'exploitant principal des gisements pétroliers du sud Soudan. [...]
[...] Enfin, la résolution 1593 a permis la saisine de la Cour pénale internationale afin que les auteurs des massacres ne soient pas impunis et se sentent menacés. Conclusion Même si la situation humanitaire est catastrophique au Darfour, que le nombre de victimes augmente de jour en jour et qu'un quasi génocide est constaté, une intervention militaire des grandes puissances à l'encontre du gouvernement soudanais de coalition ne semble pas être la solution adéquate. Une telle intervention risquerait de redéclencher une guerre civile dans l'ensemble du pays avec des risques de propagation importants dans les pays frontaliers. [...]
[...] Le Darfour, un génocide ? Peut-on faire confiance au gouvernement de Khartoum ? La version officielle du gouvernement de Khartoum, soutenue par les Pays de la Ligue arabe, est celle d'un gouvernement responsable qui tente de rétablir l'ordre sur son territoire. Ce nouveau gouvernement d'union nationale nord-sud (depuis les accords de paix de 2005 avec le Sud Soudan) aurait été pris de court par les rebelles du Darfour se sentant marginalisés par rapport aux rebelles du Sud. Un cycle de violence aurait alors démarré entre les rebelles, issus des tribus sédentaires fours et zaghaoua, et des bandits de grand chemin, les Janjawids, nomades arabes qui pillent et s'attaquent aux populations. [...]
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