Après-guerre, les Etats-Unis jouissent d'une aura dans la population française qui s'explique d'une part par leur rôle actif dans la Libération, et d'autre part par les nouveautés culturelles et techniques qu'ils ont apportées avec eux lors du débarquement.
Cet engouement reste néanmoins tributaire des aléas du temps. De par le fait même que les Etats-Unis se constituent en modèle pendant la Guerre froide, ils génèrent des réactions dans un pays où 25% de l'électorat est acquis au PCF, mais qui vient d'être « libéré » par les forces d'Eisenhower. Soutenir les Etats-Unis peut être significatif d'une couleur politique, de même que l'anti-américanisme fut abondamment relayé par le parti communiste.
La France durant les années de la IVe République se reconstruit. Le traumatisme de la Seconde Guerre modifie la société et reflète des nécessités nouvelles, comme reconstruire l'identité nationale, mise à mal par Vichy et par la libération grandement imputable à des acteurs extérieurs. Une prise de conscience s'opère, celle de la faible puissance économique et politique de la France de l'après-guerre, contrainte de se placer sous l'égide américaine.
On va donc se demander en quoi le sentiment français face aux Américains dépend du contexte international particulier de l'immédiate après –guerre, tout en étant le reflet de peurs inhérentes à une société dévastée par la guerre, parmi lesquels la perte d'une identité nationale et d'un rôle international de premier plan.
[...] Elle a agi comme objet de fascination, puis comme répulsif. On peut sûrement y voir aussi une forme de jalousie chauvine d'une France fortement éprouvée par la guerre, puis par sa perte de poids au niveau international avec la décolonisation douloureuse des années 1950/1960. Aujourd'hui, si le mythe américain du self-made man ou de l'American Way of Life s'est dissipé, la même critique d'impérialisme reste encore fortement vivace en France, plus que dans la plupart des pays européens. [...]
[...] L'apport de nouvelles technologies, de nouveaux modes de culture et l'image d'un mode de vie différent sont aussi partie intégrante de l'aide américaine de l'après Seconde Guerre Mondiale La traversée des troupes américaines sur le sol français après le Débarquement a causé un choc : la population française a découvert les avancées techniques militaires des Américains, mais également des produits de consommation nouveaux : cigarettes blondes, chewing-gum ou encore le coca-cola. De même, le Plan Marshall a exercé un réel impact culturel sur la France. L'apport culturel américain en France va augmenter tout au long du Plan. Les Etats-Unis y investissent $ 85.000 en 1948, et déjà $ 292.000 un an après. La presse se fait un des relais culturels les plus efficaces : le service de presse de l'US Information Service transmet ainsi aux journaux parisiens et provinciaux des informations sur les Etats-Unis. [...]
[...] L'exil de Charles Chaplin par exemple, été très mal perçu par les Français. L'impact de la culture américaine sur les Français se fait aussi par les livres, avec le même succès pour la science-fiction ou le policier que pour le cinéma. Il n'y a cependant pas d' inondation du marché, grâce à la concurrence d'auteurs français, notamment au sein de la collection Anticipation des éditions Fleuve Noir (Pierre Boulle), ou de la Série Noire de Marcel Duhamel pour ce qui est du roman criminel (Léo Malet, Albert Simonin). [...]
[...] Le Plan Marshall a pu ainsi contribuer à relever une agriculture faible, incapable de ravitailler les villes. Il s'agissait également de changer la mentalité française et son esprit d'entreprise. Au départ, les industriels semblent frileux face au progrès technologique. Ainsi, les industriels français croyaient davantage à l'augmentation de l'intensité du travail plutôt qu'à l'investissement, peu sûr, pour accroître leur productivité. C'est ainsi que l'ERP contribua à faire évoluer cet état de fait à travers des missions françaises aux Etats-Unis. Entre 1950 et 1953, il y en eut 300 environ, auxquelles participèrent plus de 2700 délégués qui se rendirent aux Etats-Unis pour y visiter les usines, les centres de recherche et les universités. [...]
[...] On va voir à présent en quoi l'aide économique américaine a pu servir d'argument en faveur d'une certaine américanophilie, ou au contraire d'un antiaméricanisme virulent. La vision française du Plan Marshall et de l'European Recovery Program reste assez ambiguë. En effet, entre le 3 avril 1948 et le 30 juin 1952, la France a reçu des Etats-Unis dans le cadre de l'ERP près de 2,5 milliards de dollars en dons, et 225 millions de dollars en prêts. Ces sommes furent mises à profit pour développer une industrie moribonde depuis la guerre, et portèrent ses fruits dans les domaines où l'argent fut investi : énergie, sidérurgie, travaux publics et transports. [...]
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