D'espace dominé et relativement absent des relations internationales en 1914, l'Extrême-Orient est devenu près d'un siècle plus tard l'un des centres majeurs de l'économie mondiale, aux perspectives de croissance considérables et au poids géopolitique en expansion. Mais que désigne-t-on par ce terme aux limites plutôt floues ? La définition généralement retenue comprend essentiellement la façade pacifique asiatique, y compris la partie russe, ainsi que l'Asie du Sud-est, Indonésie incluse en raison de la primordialité de ces détroits. C'est cet espace qui a connu des bouleversements économiques, politiques et géopolitiques majeurs au cours du XXe siècle. Comment expliquer ce brusque changement ? Ne doit-on pas le nuancer, au regard des épreuves difficilement surmontées, des tensions encore latentes, d'un espace encore davantage objet que sujet des relations internationales et surtout d'une absence totale d'unité et de véritable coopération régionale ?
L'émancipation de l'Extrême-Orient n'est-elle pas encore en devenir ? Un objectif plus qu'une réalité ?
[...] Le pays fait un grand pas vers la modernisation sous tous ses aspects. Politiquement, le shogun de la dynastie Tokugawa, leader d'une administration guerrière (bakufu), en place depuis les débuts de l'ère Edo en 1603, est renversée au profit d'un réinvestissement de souveraineté dans l'empereur (Tenno). Dans le domaine socio-économique, le Japon va effectuer progressivement sa Révolution industrielle, tout en mettant fin au système de castes jusqu'alors en vigueur. La classe bien connue des samouraïs et des daïmios perd son influence sociale et politique, ces derniers seront incités à se reconvertir en propriétaires, et de sa capacité militaire, la conscription et l'amélioration des technologies concrétisant leur perte de vitesse depuis les débuts de l'ère d'Edo. [...]
[...] De 1914 à 1940-41, l'Extrême-Orient est globalement dominé et absent des relations internationales L'ouverture d'un front Pacifique et les conséquences de la Seconde Guerre mondiale vont remettre l'Extrême-Orient au cœur des relations internationales sans pour autant assurer son émancipation, seulement esquissée (II). Ce sont les miracles économiques des années 1970-80 et la fin de la Guerre froide qui vont lui conférer une opportunité d'émancipation croissante quoiqu'incomplète (III). I. Aux débuts du XXe siècle, l'Extrême-Orient est relativement absent des relations internationales et globalement dominé par les puissances occidentales, à quelques exceptions près (1914-1940-41) Au cours du XIXe siècle, l'Asie a progressivement été dominée par les pays occidentaux L'Asie avant l'Europe L'Asie orientale jusqu'au milieu du XIXe siècle était restée assez fermée sur elle-même. [...]
[...] Les querelles de frontières ne manquent pas dans le détroit de Formose où transite le commerce international en direction de l'Asie. Les tensions entre la Chine et le Japon restent majeures. Les améliorations sur la voie de la coopération sont intimement liées au contexte intérieur. Si des problèmes internes viennent perturber la vie nationale, les gouvernements de chaque pays vont multiplier les provocations. Lorsque les troubles sociaux menacent le gouvernement chinois, celui-ci ravive les tensions qui l'opposent au Japon ou à Taiwan en accentuant la pression sur l'île sécessionniste ou en exigeant la reconnaissance des crimes de guerre par le Japon. [...]
[...] Politiquement affaiblies par les pressions occidentales, les élites traditionnelles doivent faire face aux soulèvements populaires insurgés contre la domination et l'exploitation occidentales et la complaisance ou la faiblesse des pouvoirs politiques et militaires. L'idéologie occidentale de libération et de civilisation influence une partie des élites nationales convaincues que l'indépendance de leur pays ne peut passer que par l'adoption des méthodes de production et l'adaptation des technologies occidentales sans nécessairement rompre avec les traditions culturelles. Le Japon est le premier à comprendre cette nécessité et celui qui l'a appliqué avec le plus de réussite. L'ère Meiji (1868-1912) succédant à celle d'Edo (1603-1868) met un terme au pouvoir shogunal (bakufu). [...]
[...] L'occupation japonaise a éliminé un temps les maîtres occidentaux de l'Asie et le soulèvement des populations contre les exactions japonaises ne les incite pas à revenir sous la houlette des Européens affaiblis, venus récupérer leurs prérogatives. De nombreuses colonies asiatiques ont déclaré leur indépendance (Indochine, Indonésie). Les guerres de décolonisation apparaissent dès la fin de la guerre. Les Pays-Bas cherchent à maintenir leur ascendant sur l'Indonésie libérée et menée par le nationaliste Suharto. Les Européens perdent leur influence au profit des Deux Grands. La décolonisation prononce la rupture entre les colonisés et leurs anciens colonisateurs. [...]
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