Afin de voir si le réseau Al Qaeda est innovant en matière de terrorisme, nous étudierons dans un premier temps l'idéologie sur laquelle il repose, puis son mode d'organisation et nous finirons par les différents types de moyens mis en oeuvre. Document de 3200 mots.
[...] Les cibles sont suffisamment larges pour qu'il se passe toujours quelque chose quelque part, donnant ainsi l'impression qu'Al Qaeda est partout. Quant au terrorisme kamikaze, il ne s'attaque pas seulement aux lieux de pouvoir mais aussi et surtout aux lieux d'échanges et de mélange: attentats perpétrés contre des vecteurs réels (lieux de travail, hôtels, clubs touristiques, transports, lieux de culte ) ou symboliques (des ONG, des bureaux des Nations Unies ou d'organisations internationales) qui rapprochent les individus et les peuples. [...]
[...] Les franchises agissent indépendamment les unes des autres, se réclamant d'Al Qaeda mais n'obtenant pas de fonds ni d'ordres particuliers de Ben Laden ou ses adjoints. Nous sommes peut-être en présence d'un nouveau modèle qu'il conviendrait de désigner par le terme de résistance non dirigée. Désormais Al Qaeda agit plus comme un emblème: un groupe local, sans lien direct avec l'état-major d'Al Qaeda, peut agir au nom de l'organisation ou voir son action revendiquée par celle-ci. Il suffit d'ailleurs que l'opinion publique ou les autorités locales attribuent l'action à Al Qaeda pour que l'effet soit le même. [...]
[...] Leurs causes sont le règne de Dieu et la victoire de l'islam. Pour cela, ils sont prêts à tout, surtout à mourir: le martyr qui meurt pour sauver le monde en le détruisant est présenté comme la priorité suprême des volontaires du réseau. En effet, Ben Laden et ses mentors se sont lancés dans une entreprise sans précédent de corruption et de falsification de la parole de Dieu pour développer une fascination de l'apocalypse et une culture du martyr: tuer et mourir sont pour Allah les 2 formes de sacrifice suprême et les idéologues renforcent l'attrait de la mort au combat en rappelant la récompense du sacrifice. [...]
[...] Sur un plan offensif, l'intervention en Afghanistan a délogé Al Qaeda, mais sur un plan défensif, le réseau en a tiré parti. Si Al Qaeda a perdu un pôle d'attraction, d'entraînement, de commande et une base opérationnelle, cela l'a contraint à se disperser et devenir encore plus décentralisé, virtuel et invisible. Al Qaeda n'est donc qu'une organisation virtuelle qui repose sur le réseau informel des combattants vétérans d'Afghanistan. Ce serait une mutuelle d'organisations indépendantes, perméables entre elles, ce qui peut expliquer l'impression de nébuleuse Style de gestion Jusqu'à ce qu'elle perde sa base en territoire afghan, Al Qaeda dirigeait des "franchises" terroristes dans de nombreux pays à l'aide des méthodes de contrôle et de gestion par objectifs. [...]
[...] L'Arabie Saoudite est un exemple d'État arabe visé par le réseau Al Qaeda car elle ne suit pas les textes de l'islam originel. En rupture avec leur culture d'origine accusée d'avoir trahi les idéaux de l'islam et d'avoir accumulé les défaites, Al Qaeda l'est aussi avec l'Occident, accusé d'être sûr de lui-même et dominateur. La stratégie wahhabite d'expulsion des "dirigeants apostats" de la péninsule arabique et du Moyen Orient permettra de créer un groupe d'États islamiques puissants afin de mener la guerre contre les États-Unis et leurs alliés Contestation de l'ordre établi et de l'hyperpuissance américaine C'est par une logique manichéenne que les leaders du groupe donnent à leurs membres une vision réductrice du monde ("nous contre eux") non axée sur les compromis. [...]
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