Aucun groupe de pays ne porte le nom de Nord ou de Sud dans les fichiers des organisations internationales. Pourtant, le couple Nord-Sud structure les relations internationales et l'habitat mental de nombreuses personnes.
S'interroger sur l'existence d'une ligne de partage sous-entend qu'il s'agit de deux ensembles bien distincts. Le Nord et le Sud s'apparentent plus à des statuts qu'à des emplacements sur la carte du monde. En effet, ils ne renvoient pas à un découpage géographique du monde en deux hémisphères, dont la ligne de partage symbolique serait l'équateur, mais à des territoires économiques plus ou moins cohérents, appréhendés en fonction de leur niveau de développement. De plus, l'Occident n'existe pas pour les économistes, qui utilisent plutôt le concept de Nord.
Le repérage par la position géographique est fort approximatif, mais on peut dire que le Nord comprend principalement les pays développés d'Amérique du Nord et d'Europe, plus le Japon et l'Océanie (Nouvelle-Zélande, Australie), tandis que le Sud rassemble le reste de la planète, soit 80% de la population mondiale. Le Sud se définit donc par référence au Nord et comme son négatif. L'opposition serait nettement marquée entre le Nord – rassemblant les pays développés assurant pour l'essentiel à leur population un niveau de vie décent et des pays en développement – et le Sud - qui n'y parviendrait que rarement.
Mais trop de pays dans chacun des deux blocs font figure d'exception à une logique trop étroitement économique: Singapour, La Corée du Sud, le Brésil, Taïwan ou le Vénézuela pour le Sud; les anciens pays de l'Est par exemple pour le Nord.
Dès lors, il convient de se demander ce que recoupe réellement une telle distinction.
1. Revenir sur l'historique et critères d'appartenance à ces deux ensembles Nord et Sud nous permettra d'en questionner la pertinence.
2. Nous reviendrons également sur le caractère arbitraire de cette ligne de partage qui tend à rester fixe, en en expliquant les enjeux qui la sous-tendent.
[...] C'est ce que l'on verra surtout en deuxième partie. Transition : On l'a vu, le critère d'appartenance au Nord ou au Sud est plus complexe que celui, économique, de développement. Si le Nord constitue un ensemble relativement homogène, il est plus pertinent de parler des Suds que du Sud tant les niveaux de développement sont disparates dans cet ensemble. Le Sud représente le négatif du Nord. Identifier deux mondes différents Nord et Sud, c'est déjà les faire s'affronter. Que ces ensembles existent réellement ou non n'est pas l'essentiel, ce qui compte c'est l'idée que l'on peut se faire de leur opposition. [...]
[...] I Quelle pertinence d'une distinction Nord / Sud ? 1. La genèse des concepts : d'une bipolarité Est / Ouest à une bipolarité Nord / Sud du monde Avant de parler de Nord et de Sud, on parlait de métropoles et de colonies. Puis dans les années cinquante, marquées par la décolonisation et la bipolarité Est-Ouest, est apparue l'idée de Tiers Monde Celui-ci se voulait être un monde économiquement solidaire et politiquement uni, voulant s'organiser hors de la tutelle occidentale, refusant de s'aligner sur l'un des deux blocs, ce qui fût manifeste à la conférence de Bandung de 1955. [...]
[...] Appartenir au Nord, c'est donc avoir une fortune et une industrie anciennes. C'est donc pour sauvegarder sa domination que le Nord tend à vouloir transorler la ligne de partage en ligne de protection D'une ligne de partage à une ligne de protection limes Plus que jamais depuis le 11 septembre, la distinction reflète également les angoisses du Nord. C'est en cela que Rufin reprend le concept de Limes romain, c'est-à-dire la ligne de partage entre l'Empire civilisé et le monde barbare Si, par exemple, les opportunités offertes par les pays émergents font rêver les opérateurs occidentaux, on s'inquiète en même temps de la concurrence qu'ils représentent pour les vieilles industries occidentales, et on craint que leur réussite économique nourrisse des ambitions politiques susceptibles de mettre un jour en cause l'hégémonie de l'Occident. [...]
[...] Existe-t-il une ligne de partage Nord/Sud ? Aucun groupe de pays ne porte le nom de Nord ou de Sud dans les fichiers des organisations internationales. Pourtant, le couple Nord-Sud structure les relations internationales et l'habitat mental de nombreuses personnes. S'interroger sur l'existence d'une ligne de partage sous-entend qu'il s'agit de deux ensembles bien distincts. Le Nord et le Sud s'apparentent plus à des statuts qu'à des emplacements sur la carte du monde. En effet, ils ne renvoient pas à un découpage géographique du monde en deux hémisphères, dont la ligne de partage symbolique serait l'équateur, mais à des territoires économiques plus ou moins cohérents, appréhendés en fonction de leur niveau de développement. [...]
[...] L'auteur explique que l'invvention par l'Occident d'un contraire est à la base de l'opposition Nord-Sud. Le Nord est en train de s'inventer un nouveau danger, les barbares du Sud, dont il tente de se protéger grâce à une ceinture de stabilité, le limes TOURAINE Marisol (1995), Le Bouleversement du monde, géopolitique du XXIème siècle, Seuil, coll. science politique, Paris p. Elle explique en détail la décomposition du Sud, son éclatement idéologique, stratégique, économique, ou encore en terme de modèle de développement. [...]
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