C'est dans le contexte des indépendances des années 50 que naît le tiersmondisme, un courant d'idées et d'actions politiques et idéologiques. Ce courant va construire une vision critique du monde sur la dénonciation de la dégradation des échanges et des relations entre le nord et le sud que semble bien résumer la définition de J. Adda : « le tiersmondisme se caractérise par l'idée maîtresse que le clivage principal qui traverse la planète n'oppose pas les systèmes économiques de l'ouest et de l'est mais les pays développés aux pays sous développés, autrement dit : le nord et le sud »
Aujourd'hui, le terme de sud a remplacé celui de tiers monde et renvoie à une notion plus social qu'économique. Il faut néanmoins au préalable rappeler que le sud n'existe pas en tant que tel, certes pas plus que le nord, mais il apparaît encore moins cohérent et soudé. Il y a donc une pluralité de suds aux évolutions contrastées ( NPI, pays à revenus intermédiaires, PMA). Le terme de sud, dont nous userons par commodité, ne doit pas masquer la fiction qu'est l'unité du sud.
Il faut donc se demander si la question d'un clivage nord/sud est encore d'actualité et si la bipolarisation est le clivage principal qui marque la planète, comme certains l'annonçaient après la fin du clivage est /ouest.
Le nord, qui rassemble les pays développés au-delà du critère géographique (l'Australie, l'Afrique du sud ou la Nouvelle Zélande en font partie) garde une prédominance dans de nombreux domaines mettant en relief un clivage de fait. Mais dans le contexte actuel, le clivage nord/sud semble moins pertinent : à la relation d'opposition semble succéder celle de la coopération.
[...] Le sentiment anti-occidental qui entretient un clivage nord/sud est fondé sur des différences culturelles perceptibles entre les protagonistes. La prédominance des valeurs économiques de la modernité au nord (productivité, augmentation des échanges, rentabilité, concurrence, consommation ) s'opposent à des valeurs beaucoup plus floues au sud où l'appartenance religieuse ou ethnique est privilégiée par rapport aux valeurs économiques. Il y a donc, certes, une moindre intégration du sud dans le système mondial mais surtout des réticences devant les valeurs constitutives de la modernité, voire même un rejet du système mondial, au profit d'autres préoccupations comme le maintien des formes traditionnelles du statut social ou les solidarités tribales, ethniques ou religieuses. [...]
[...] Enfin, sur la scène internationale, le poids des pays du sud s'est considérablement réduit. Dans les années 80, le mouvement des non-alignés continue, par exemple, de se réunir mais ses résolutions n'ont aucune influence et les divisions internes minent le mouvement. L'avenir semble alors se jouer au sein de la triade Amérique du Nord, Europe, Japon alors que les décennies 60 et 70 avaient été celles de l'affirmation des pays du Sud. Mais au-delà des chiffres et des statistiques, le clivage est très présent dans les esprits Il faut en effet prendre en compte cette dimension moins objective et surtout moins analysable qu'est la perception même des individus du sud et leurs sentiments face au nord et vice versa. [...]
[...] Il s'agit bien d'un problème qui concerne la planète dans sa totalité et qui touche directement les relations nord/sud. Les risques environnementaux sont largement dépendants de la consommation énergétique liée à la croissance ce qui conduit à des négociations très délicates. Le nord comprend l'importance des risques sans vraiment reconnaître la prédominance de sa responsabilité. Le sud reconnaît également le problème écologique et demande au nord des ressources technologiques adaptées ou des compensations substantielles. Le règlement concret du problème semble encore difficile à mettre en place : la conférence de Rio en 1992 a cristallisé la différence fondamentale de conception entre le nord et le sud et le sommet de Kyoto en 1997 n'a pas été ratifié car les PVD refusent de s'engager sur des diminutions chiffrés d'émission de gaz. [...]
[...] Malgré des coûts et des contraintes, l'exemple des 4 dragons montre que la mondialisation présente in fine des bénéfices et que le sous développement n'est pas une fatalité, surtout si les PVD prennent en compte le potentiel réel dont ils disposent (capital humain, richesses du sol) et s'ils se convertissent au réalisme et au pragmatisme en matière économique. La mondialisation fait donc du clivage nord/sud une notion plus floue et susceptible d'évoluer. Comme on l'a vu, on peut franchir la frontière du sud vers le nord mais aussi du nord vers le sud comme pour certaines républiques de l'ex-URSS. [...]
[...] Mais dans le contexte actuel, le clivage nord/sud semble moins pertinent : à la relation d'opposition semble succéder celle de la coopération. Un clivage traditionnel nord/sud qui persiste dans les faits Des données de fait qui continuent de mettre en évidence le clivage nord/sud Selon la définition traditionnelle, le sud reste un espace en situation défavorable dans tous les domaines : l'espace de tous les manques. Les différences avec le nord sont à cet égard évidentes et les chiffres, malgré leur caractère simplificateur, mettent en relief ces contrastes encore très préoccupants. [...]
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