L'Europe, comme simple espace géographique, ne fut d'abord qu'une zone de refuge contre les invasions barbare et arabe et, par la suite et jusqu'en 1945, son histoire se limita souvent à celles des guerres incessantes qui opposèrent ces peuples. De l'Empire carolingien à la carte de l'Europe en 1919 en passant par les conquêtes napoléoniennes, les frontières européennes furent sans cesses remaniées au fil des affrontements, des victoires et des défaites (...)
[...] De l'Empire carolingien à la carte de l'Europe en 1919 en passant par les conquêtes napoléoniennes, les frontières européennes furent sans cesses remaniées au fil des affrontements, des victoires et des défaites. Ce passé tragique, et plus particulièrement les deux Guerres Mondiales, sont des facteurs déterminants du lancement de la construction européenne, par la création de la CECA (Communauté Economique du Charbon et de l'Acier) annoncée par surprise le 9 mai 1950 dans une déclaration devenue célèbre du ministre des Affaires étrangères d'alors, Robert Schuman. [...]
[...] Toutefois, il n'est pas souhaitable que ces deux axes du développement de l'Europe ne soient pas synchrones. L'élargissement, sans approfondissement préalable, n'est qu'une dilution des valeurs et de la force de l'Europe ; l'approfondissement sans élargissement s'apparente à un enfermement, un repli sur soi de ce que certains voient comme un club chrétien L'Europe affirme peu à peu sa puissance comme le montrent la place et l'aura qu'elle acquiert sur la scène internationale. Elle est déjà la 1ère puissance économique mondiale. [...]
[...] A cet égard, l'année 2003 semble un avertissement, malheureusement trop tardif, où l'on vit se déchirer l'Europe entre le couple moteur franco-allemand, représenté par Jacques Chirac et Gerhard Schröder, et la Grande-Bretagne, chef de file d'un groupe d'atlantistes soutenant les positions américaines alors qu'ils n'étaient encore que de futurs membres de l'Union Européenne ! Peut-être serait-il préférable de s'assurer de la cohésion de l'ensemble avant tout nouvel élargissement ? De ce point de vue, les élargissements de 2004 et de 2007 sont riches d'enseignements. [...]
[...] En effet, le poids politique de l'Europe est minime, à l'opposé de son poids économique. Toutefois, un revirement s'opère depuis peu qui invalide la thèse d'une Europe politiquement impuissante. En Septembre 2007, le journal Le Monde publiait un article de Sylvie Goulard (présidente du mouvement européen France) intitulé Microsoft ou l'Europe par la preuve : pour la première fois, le juge communautaire condamnait le géant américain pour abus de position dominante sur le marché européen. Un tel cas devrait, vraisemblablement, faire jurisprudence : on voit là la portée d'une telle décision qui montre la capacité de l'Europe à imposer sa volonté. [...]
[...] Toutefois, comme les dernières années pourraient le laisser penser, il nous faut nous garder de tomber dans le travers inverse. En effet, les dirigeants politiques européens, qui paraissent depuis peu prendre la mesure de l'importance de l'approfondissement, ont tenté de corriger la trajectoire européenne. Ainsi, alors que seulement trois traités furent signés de 1951 aux années 1990, la dernière décennie du XXe siècle en vit trois également, et cela sans compter l'échec de la Constitution en 2005 et du traité de Lisbonne en 2008. Alors, assistons-nous à un juste rattrapage ou bien s'agit-il d'une dangereuse fuite en avant ? [...]
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