En 2007, l'installation d'un système de défense antibalistique américain en Pologne et en République Tchèque, visant à protéger les Etats-Unis d'un éventuel missile parti des zones moyen-orientale et nord-coréenne, a provoqué une vive réaction à Moscou. La presse internationale parlait alors d'une nouvelle Guerre froide pour caractériser les relations entre la Russie et les Etats-Unis. Si l'Europe fût à nouveau un théâtre et un enjeu des rivalités entre les deux pays à cette occasion, le contexte international est aujourd'hui toutefois très différent de ce qu'il était lors de la Guerre froide.
[...] Dans l'Europe du XIIIe siècle, le rayonnement de l'Université d'Oxford ou de celle de Bologne n'était-il pas européen ? Pour les intellectuels du XIXe siècle, comme Saint-Simon, Mazzini, Auguste Comte ou encore Guizot, l'Europe serait une utopie rassemblant les nations européennes librement associées par un sentiment de fraternité. Ainsi, l'idée est de construire une alliance solide entre les différents pays d'Europe. De même, lors d'un discours en 1849 au Congrès de la Paix, Victor Hugo défend l'idée d'une Europe unie pour garantir la paix entre les Européens. [...]
[...] D'une part, les fédéralistes prônent une Europe très intégrative représentée par des organes supranationaux ; d'autre part, les unionistes préfèrent une simple coopération entre les pays européens. Cette deuxième forme d'organisation privilégie alors la formation d'organes intergouvernementaux, et ne menace pas la pleine souveraineté des Etats. Ces initiatives sont alors insuffisantes et trop clivées pour pouvoir affirmer que l'Europe soit la fille de la Seconde Guerre mondiale. D'ailleurs, on peut ajouter que ce clivage a même retardé la mise en place d'une union entre les Etats européens, tant qu'aucun compromis n'était trouvé entre les thèses unionistes et les thèses fédéralistes. [...]
[...] Ainsi, jamais l'ampleur de la tâche n'a été aussi immense. Mais, l'élément le plus spectaculaire à l'échelle internationale est l'établissement d'un nouveau rapport de force : le déclin de l'Europe amorcé au début du XXe siècle est confirmé. En ruines et fragilisés par les revendications nationales dans les colonies, les plus puissants pays européens ne peuvent désormais plus jouer leur ancien rôle mondial. Ce nouveau rapport de force pousse alors les Européens à s'unir pour enrayer le déclin. Il est également évident que les Etats-Unis jouissent d'une supériorité économique dès la conférence de Bretton Woods en juillet 1944, face à laquelle les Européens en appellent à davantage de solidarité et d'union entre eux. [...]
[...] L'Europe est alors une tentative de dynamique nouvelle durant cette période caractérisée par la Guerre froide, qui permet aux pays libres d'y voir une alternative, et aux pays sous le joug soviétique d'y voir un idéal. L'Europe s'est donc construite selon une volonté d'indépendance vis-à-vis des deux superpuissances. Pris entre les deux Grands dans la configuration de la Guerre froide, l'Europe est ainsi le résultat d'une volonté européenne d'exister sur la scène internationale. La construction européenne a donc été lancée grâce au rôle déclencheur et accélératrice de la Guerre froide. [...]
[...] Le périmètre et le sens de la construction européenne se modifient alors. Tout d'abord, la construction européenne s'approfondit dans le cadre de la signature du traité de Maastricht en 1992 qui donne naissance à l'Union européenne, puis s'élargit aux anciens pays d'Europe centrale et orientale. Le terme d'élargissement renvoie ainsi à l'idée que les dirigeants européens souhaitent désormais étendre à la majorité des pays du continent le modèle d'organisation d'échanges et de relations qui a été forgé depuis plus de quatre décennies. [...]
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