D'une certaine façon, d'un point de vue historique, les deux cultures sont liées. En effet, c'est à partir de 1492, lorsque Christophe Colomb découvre ce qu'il croit être les Indes, que les contacts entre ces deux continents s'établissent. L'Amérique est avant tout une colonie de peuplement européenne, habitée principalement par des Espagnols, des Portugais, des Anglais, des Français, qui luttent entre eux pour contrôler les zones nord-américaines qui constituent aujourd'hui les Etats-Unis. Après d'intenses luttes, entre portugais et Espagnols notamment, auxquelles le pape Alexandre VI met fin avec le traité de Tordesillas, ce sont les Anglais et les Espagnols qui se battent pour le contrôle de la côte, puis les Français et les Anglais. Peu à peu le modèle politique se dessine et s'oriente vers une fédération, où chaque constitution d'Etat est calquée sur la constitution de la fédération. Plus les Etats-Unis s'affirment, plus ils agissent en défiance vis-à-vis du continent européen, et ils déclarent leur indépendance le 4 juillet 1776. Ils ont la plus ancienne constitution toujours valable, elle date de 1787 et repose sur un principe d'équilibre des pouvoirs (check and balance).
[...] Cela revient à dire que le buveur européen de Coca-Cola ou le consommateur de films noirs américains ou des derniers Spielberg ne veut pas cesser d'être sensible au patrimoine culturel de son pays, de sa région, de l'Europe en général, à la richesse structurante pour lui de sa langue . La chute du pont de Mostar, l'incendie de la bibliothèque de Sarajevo ont ravivé la conscience de l'unité européenne et justifié chez beaucoup d'Européens l'intervention au Kosovo quelques années plus tard. Car si Viva la Muerte ! a été prononcé par un général fasciste espagnol, ce cri va contre l'esprit européen. Les Européens accepteront probablement que l'Union devienne une puissance dans le monde parce qu'ils ont des intérêts à défendre, des cultures à développer, des projets à promouvoir. [...]
[...] Les neutres de l'Union vont-ils enfin abandonner leur neutralité ? L'Angleterre va-t-elle enfin s'engager résolument, monétairement et militairement, dans l'Union ? La France, l'Angleterre et d'autres vont-ils enfin concevoir une défense nucléaire européenne ? Les institutions européennes vont-elles enfin permettre d'équilibrer le rapport entre grands et petits Etats ? Les Européens n'ont pas encore compris que le temps de la nécessité d'un partenariat avec les États-Unis pour leur sécurité a cédé le pas à celui d'un partenariat pour la sécurité du monde. [...]
[...] - La guerre froide a évidemment accéléré le mouvement de durcissement des positions anti et pro-américaines. Mais il est vrai que l'ensemble des intellectuels, en France, mais aussi en Italie, a plutôt choisi de contester le leadership américain. Un climat de suspicion à l'égard des États-Unis s'est développé au sein de la jeunesse européenne par la guerre américaine du Viêt-Nam et par la course aux armements dont les complexes capitalistes militaro-industriels occidentaux ont largement profité. - L'expansion américaine en Europe donnait des sueurs froides aux économies européennes relativement fragiles encore, mais timorées. [...]
[...] Celle du XXIe siècle doit- elle l'être encore ? Une Europe unie, forte, pour un nouveau partenariat euro-américain La question qui nous occupe est de déterminer si une indépendance européenne est souhaitable et si elle est possible. De plus, il est indispensable de savoir ce que le concept d'indépendance signifie - et nous récusons évidemment le concept d'indépendance intégrale, d'isolement Enfin il est fondamental de penser l'avenir de la relation atlantique, comme il est indispensable de penser l'avenir de la relations Nord-Sud ou euro-asiatique, ou Euro- russe. [...]
[...] Les Européens ne se reconnaissaient pas dans l'image de la société d'abondance qu'ils vivaient. Ils voyaient disparaître des sociabilités rurales ou urbaines qu'ils avaient rejetées, mais qu'ils ne savaient pas remplacer. - Le leadership américain sur le monde occidental, puis récemment sur le monde entier, a fait cruellement ressentir à certains des Européens le déclin des grands États européens dans les affaires du monde. Le général de Gaulle a su en son temps jouer de cette carte pour repousser le partenariat à la Kennedy et à la Monnet de 1962. [...]
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