Si la définition du terme ONG varie souvent selon les auteurs, ce terme désigne généralement des organisations composées d'individus qui se regroupent volontairement en associations pour poursuivre des objectifs communs et non lucratifs. Aujourd'hui regroupées sous la même terminologie, des organisations de défense des droits de l'homme, des organisations de développement, des associations caritatives, des urgentistes, des défenseurs de l'environnement mettent leurs compétences au service d'un idéal dit « humanitaire » ou de « solidarité et de coopération » à travers lequel se voient recyclées différentes traditions idéologiques : charité chrétienne, militantisme social-chrétien, tiers-mondisme, internationalisme, humanisme républicain ou environnementalisme. Ces ONG véhiculent aussi une certaine conception du développement. Principalement celle de l'assistance au pays en développement plus que de leur réel développement. Cette affirmation paraît un peu catégorique, mais révèle de fait que les ONG demeurent encore une forme de coopération unilatérale des pays riches à l'égard des pays dans le besoin. Mais contre cette vision à sens unique, nous verrons dans quelle mesure, les ONG réussissent à se démarquer de cette conceptualisation néocolonialiste du développement.
A l'heure actuelle, une multitude d'ONG est ainsi présente sur la scène mondiale et leur action ne peut être ignorée par les Etats. Il s'est en effet constitué un espace d'interaction entre les ONG et l'Etat. Animée par une mission d'intérêt public, l'action des ONG vient croiser l'action publique à l'échelle internationale et nationale. C'est notamment pour ces raisons que l'on sera amené à observer que les ONG et les États entretiennent de façon privilégiée des relations de complémentarité (I), sans pour autant que cela n'empêche l'existence de tensions et de « logiques concurrentielles » au sein même de l'action pour le développement (II) dont nous verrons en dernier lieu, au travers de deux cas d'études, deux exemples de terrain en Afrique subsaharienne, si les États, oui ou non, ont été remplacés par les ONG dans la conduite des politiques de coopération et développement (III).
[...] Dans certains pans du développement, et de l'humanitaire en particulier, apparaissent les limites types des ONG. Ici, l'échec du sans frontiérisme et la difficile application du droit d'ingérence inaugurée en 1967 au Biafra par MSF qui se voulaient un pied de nez à la souveraineté étatique et à portée universelle est révélateur des limites aux revendications et aspirations de ces acteurs. Très fréquemment, la souveraineté des Etats résiste et les ONG sont confrontées, et cela surtout depuis la fin de la guerre froide, à l'insécurité, à l'âpreté des acteurs politiques locaux qui les contrôlent de façon rapprochée. [...]
[...] Médecins Sans Frontières Amnesty International ou OXFAM ne se privent pas non plus de critiquer la politique des États occidentaux en raison de la passivité coupable dont ils font preuve à l'égard des régimes autoritaires ou de leur immobilisme en matière d'aide au développement. Mais le contact est constant entre les ONG et l'État car l'État reste l'interlocuteur privilégié sans lequel rien n'est possible. En effet, si le partenariat entre les ONG et les États relève d'une volonté certaine des ONG, il est aussi une nécessité pour la concrétisation de certaines de leurs revendications. [...]
[...] Mais dans d'autres partie du territoire, la présence d'organisations locales influe peu à peu sur les rapports de forces au sein des politiques de développement poursuivies. Il y a des exemples fréquents de tensions entre les ONG, pas simplement pour des problèmes idéologiques ou économiques, mais parce que associations locales se rendent de plus en plus visible et importantes aux yeux de la population. Les ONG extérieures sont alors dépréciées pour leur origine et leur mode d'action pas toujours conformes aux mœurs locales. [...]
[...] Ils donnent l'exemple des négociations de la Convention de Rome, instituant une Cour Pénale Internationale en 1998 où plusieurs États sont parvenus à préserver leurs intérêts nationaux contre la demande des ONG. Il note qu'une des raisons tient à l'obligation implicite pour les ONG de garder contact avec la forme étatique. Il ajoute enfin que l'observation des réalités dément l'idée d'un antagonisme intrinsèque entre le monde statocentré et le monde multicentré. Le phénomène ONG est au départ, du moins, consubstantiel aux pays démocratiques où la liberté d'expression et d'association est garantie. [...]
[...] États et organisations non gouvernementales : partenaires ou adversaires du développement ? Table des Matières Introduction 3 I - Entre ONG et Etats, des relations davantage marquées par la complémentarité que l'antagonisme 4 Une coopération indispensable 5 Pour les ONG : une volonté et une nécessité 5 Pour les Etats : un besoin 6 B Un partenariat parfois ambigu 7 L'instrumentalisation des ONG par les Etats 7 Une obligation de choix partisans pour les ONG 8 II Les ONG peuvent-elles concurrencer l'Etat ? [...]
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