Etats, ONG, partenaires, adversaires, améliorer le développement
C'est en effet au moment où s'épuise la vision bilatérale du monde, à la fin des années 1980, que les ONG connaissent leur apogée médiatique. A l'époque, de nouveaux concepts tentent de saisir la réalité de ce monde en mutation. Ils opposent aux théories néo-réalistes selon lesquelles les Etats demeurent les seuls acteurs pertinents des relations internationales, une théorie de la transnationalité qui rend compte d'une mutation du mode de régulation à l'échelle internationale. Désormais, les Etats et les organisations internationales ne seraient plus les seuls à mettre en œuvre des politiques; à la logique étatique viendrait se superposer une logique multi centrée qui renvoie à la construction d'un espace transnational. Les ONG appartiennent à cette nouvelle catégorie d'acteurs transnationaux dont l'investissement de l'espace public international échappe au déterminisme des Etats.
Robert Keohane et Joseph Nye, en 1972, soutenaient que percevoir la politique internationale comme interétatique n'a plus guère de sens, dans la mesure où elle est devenue transnationale, c'est-à-dire qu'elle repose dorénavant sur des interactions multiples dans lesquelles les Etats jouent certes leurs rôles, mais aussi nombre d'acteurs transfrontières.
[...] Elles sont devenues de vrais opérateurs économiques avec un nombre important de salariés. Des acteurs indispensables en somme des politiques et des projets de développement et de coopération, aussi en qualité d'expertise qu'en groupe mobilisateur et sensibilisateur. Les échecs de programmes de coopération publique Nord/Sud et d'imposition économique comme les PAS des années 1980-1990 sont opposés aux succès des acteurs non étatiques, particulièrement les ONG, grâce à leur capacité d'agir et toucher au plus près les populations ce que l'Aide Publique au Développement peut plus difficilement faire et envisage plus globalement et idéologiquement souvent. [...]
[...] Elles sont l'incarnation du penser global, agir local des nouvelles politiques de développement. Nous en aurons un aperçu dans la dernière partie de cet exposé. Cependant, ce partenariat va parfois trop loin pour certains, qui estiment que depuis la fin des années 1980, le caractère neutre et apolitique de la plupart des ONG du Nord, a été remplacé par l'adoption des positions financière, politique et idéologique dominantes des puissances capitalistes et dans le sens d'un développement qui reste celui de ces réseaux occidentaux. [...]
[...] L'aide alimentaire elle-même n'échappe pas aux choix partisans et à la logique des intérêts dominants, celle du donateur. Les ONG se trouvent affectées à des actions de soutien à la balance commerciale des pays que les Etats donateurs choisissent d'assister. Par ailleurs, les plaintes qui sont transmises par les ONG à la Commission des droits de l'homme de l'ONU pour violation des droits de l'homme, ouvrent des débats ne portant que sur la pratique de certains régimes politiques, sans jamais aborder les facteurs originaires favorisant la nature répressive des Etats responsables des atteintes aux droits de l'homme. [...]
[...] Le Ministère de la Coopération et du Développement accorde également des crédits pour le cofinancement de projets de développement proposés par les ONG et pour la création de postes de volontaires. De même, en Allemagne, des réunions périodiques entre le Ministère de la Coopération économique et les principales ONG assurent un dialogue au sujet des activités de développement menées par celles-ci. Dans les pays scandinaves, les ONG participent avec les autorités administratives à l'élaboration et à la mise en œuvre des programmes d'aide au développement. [...]
[...] Il existe des différences entre les OGNG du Nord et les ONG du Sud, même s'il est difficile de repérer des frontières fixes. Nous verrons dans la dernière partie que c'est au niveau des missions et de l'orientation donnée aux activités que peut se révéler les similitudes et les distinctions. Aussi on peut se demander si, plus que des partenaires des Etats, les ONG n'appartiennent pas au monde des acteurs transnationaux qui font de la mondialisation un ferment d'affaiblissement de l'Etat ? [...]
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