Dans les années 1970, l'école réaliste, qui fonde ses développements sur le système des Etats, est progressivement attaquée par ceux qui voient dans l'émergence de nouveaux acteurs, l'érosion de la souveraineté de l'Etat et la mise en place d'un nouveau système international dans lequel le pouvoir est éclaté, réparti entre de multiples acteurs pour la plupart non-étatiques. La nouvelle école de pensée, dites « transnationaliste», alterne alors entre l?inquiétude (l'ère des turbulences de Rosenau) et l'optimisme (la revanche de la société civile et le triomphe de la coopération sur la domination). Dans tous les cas, on accrédite l'idée d'un passage du gouvernement à la gouvernance, nouveau paradigme des relations internationales devenues transnationales (...)
[...] Cohen en donne la définition suivante (fondée pour lui sur un mythe): une association de solidarité internationale (ASI) à but non lucratif, apolitique, impartiale, pétrie de valeurs humanistes, libre de toute allégeance partisane et indépendante des Etats C'est en 1967, lors de la guerre du Biafra, que le mouvement ongiste va prendre sa pleine dimension post-étatique. Kouchner et d'autres inventent en effet le sans-frontiérisme, c‘est-à-dire une action de secours d'urgence, s'appuyant sur les médias et voulant s'affranchir des contraintes diplomatiques et de la souveraineté des Etats (Cohen). Dès lors leur influence et leur reconnaissance se sont rapidement renforcées, au point qu'elles semblent, selon certains sondages, bénéficier d'une plus grande confiance que les Etats. [...]
[...] Sur cette distinction initiale, on peut calquer des distinctions secondaires telles que la distinction entre des ONG à la française, fondées sur une forte volonté d'indépendance et les ONG à l'anglo-saxonne qui s'accommodent plus facilement d'une interaction avec leur Etat d'origine. On peut encore distinguer à l'intérieur de la sphère ongiste entre les grandes ONG indépendantistes, qui peuvent exercer une réelle pression sur les Etats et qui drainent l'attention et les dons de la société civile, et les petits groupes à visées plus limitées. Pas deux blocs engagés dans un jeu à somme nulle -Etats contre nouveaux acteurs-, mais des jeux complexes, différenciés, des interactions réciproques. [...]
[...] Cette disjonction se fait en deux temps: dans une première étape, l'opinion nationale se permet de s'émanciper de la tutelle de son Etat, on parle alors d'opinion publique sur l'internationale (OPSI); dans un second temps, cette opinion, jusqu'alors moulée dans le cadre nationale, s'internationalise, formant l'opinion publique internationale (OPI). C'est- ce mouvement qui mène à la mobilisation transnationale contre la guerre en Irak en 2003. Badie entend alors démontrer que la puissance devient l'objet de la médiatisation les gouvernements sont mis sous la surveillance de la société civile, la puissance mise sous surveillance de l'opinion. [...]
[...] Désormais les ONG, loin d'être des électrons libres, doivent obéir aux cadres juridiques définis pas les Etats et recevoir le feu vert de ces derniers avant d'intervenir, surtout dans les pays en guerre. Il arrive même que les ONG soient utilisées par les Etats comme des multiplicateur de puissance selon l'expression de Colin Powell. Elles doivent alors collaborer avec les Etats, dans le cadre d'action civilo-militaires et sont ainsi les continuateurs de l'action diplomatique et militaire des Etats. Dernière cause de l'affaiblissement du sans-frontiérisme, la fragmentation des ONG, qui aboutit parfois à une balkanisation de leur action: sans coopération, elles agissent parfois en véritable concurrence les unes avec les autres. [...]
[...] Dans son livre, il montre comment les Etats restent au cœur des phénomènes géopolitiques et la faiblesse des nouveaux acteurs. STRANGE Susan, The Retreat of the State: The Diffusion of Power in the World Economy, Cambridge, Cambridge University Press Susan Strange écrit ici l'ouvrage de référence sur la mise en danger de l'Etat par une économie déterritorialisée. [...]
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