Ici il n'est pas question de revenir sur une définition exhaustive de ce qu'est la mondialisation. Néanmoins, il est bien de préciser quelques aspects essentiels, dans le but d'être au clair sur ce qui va suivre. Tout d'abord quand on parle de mondialisation, on ne se réfère pas uniquement à sa dimension économique et financière. La mondialisation est un processus qui touche tous les aspects de la société : de la culture à la communication, du social au droit en passant par le politique. En deuxième lieu, ce processus a conduit à l'émergence des nouveaux acteurs internationaux – organisations supranationales, ONG, firmes multinationales, opérateurs financiers, lobbies, mafias, terroristes – qui, plus ou moins directement, concurrencent le pouvoir de l'Etat, cherchant des stratégies de contournement des frontières étatiques. En troisième lieu, il faut garder à l'esprit que la mondialisation n'a jamais été une sorte de tremblement politique qui s'est abattu d'un jour à l'autre sur la société, mais elle est la conséquence des choix et politiques publiques.
[...] Un Etat peut être à la fois victime et promoteur de la mondialisation, l'accompagner et en même temps la subir. Face à la faiblesse de l'Etat les réponses varient selon le point de vue dans lequel l'on se pose. Certaines parlent d'impuissance de l'Etat-nation comme forme d'organisation politique, d'autres préfèrent nuancer entre différents types d'Etats. Entre les deux, c'est vrai que l'émergence ces dernières années d'acteurs transnationaux - firmes multinationales, ONGI, mafias, métropoles - qui de plus en plus ont concurrencé l'Etat dans son domaine d'action internationale, a pu donner l'impression du déclin de la construction westphalienne. [...]
[...] Glocalisation et régionalisme : érosion de la souveraineté ou maitrise de la mondialisation ? Au-delà d'une classification formelle qui a néanmoins le mérite de souligner les inégalités entre Etats, on peut aller plus loin et considérer une analyse substantielle de façon à intégrer les différents acteurs et instances qui font d'un Etat une spécificité concrète. En effet, l'Etat tend à se fragmenter de plus en plus en fonction des divers éléments qui le composent, sous la montée de revendications particularistes qui remettent en question, entre autres, la capacité de ses institutions représentatives à garantir la médiation entre les différents intérêts et opinions existant dans la société civile. [...]
[...] Dans ces termes, l'Etat résulte être le partenaire de la mondialisation. D'un autre point de vue, cette alliance entre locale et mondiale détermine la naissance des communautés de responsabilité, expression non seulement des différentes instances à l'intérieur de l'Etat mais aussi d'une logique qui les dépasse à l'avantage des enjeux communs à l'ensemble de l'humanité. La naissance de cet embryon d'opinion publique mondiale empêche les Etats démocratiques de maintenir un contrôle exclusif sur le bien public, tantôt qu'on parle de plus en plus de gouvernance mondiale pour indiquer des mécanismes de régulation sociale axés sur des arrangements de coordination ad hoc et à géométrie variable à la fois dans le temps et dans l'espace La dynamique qui en découle redessine les relations internationales, à l'avantage d'acteurs locaux, à l'instar des grandes métropoles. [...]
[...] Ainsi, certains soutiennent que la souveraineté de l'Etat n'ayant jamais été pleine et entière, il est contre-intuitif de parler de déclin de souveraineté, d'autant plus que c'est parce que l'Etat est souverain qu'il accepte de déléguer une partie de sa souveraineté. D'autres, au contraire, en soulignent son caractère fictif, dont la violation non seulement a toujours été l'une des pratiques les plus banales et les plus routinières de l'histoire mais elle est aussi dépassée par des nouveaux problèmes et enjeux. En même temps, il ne faut pas oublier les limites de ces catégorisations, en particulier l'impossibilité de sortir l'Etat de sa dimension conceptuelle. [...]
[...] in ORBIE, Jan, (edited Europe's Global Role, Burlington, Ashgate pp. 35-66. ROSENAU, James N., Turbolences in World Politics: A Theory of Change and Continuity, Princeton, Princeton University Press Articles EVANS, Peter B., The Eclipse of the State? Reflections on Stateness in an era of Globalization World Politics, Vol.1, pp. 62-87. Cf. Alain DE BENOIST, Face à la mondialisation in Alain de Benoist (et al.), Les grandes peurs de l'an 2000. Périls et défis du XXIe siècle. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture