Etat, continuité et évolutions

Résumé du document

Des évolutions récentes suggèrent toutefois que de graves crises mettent en péril l'existence même de l'Etat. Au-delà de la faiblesse quasi congénitale des Etats d'Afrique, d'Amérique du sud ou même d'Europe de l'Est, le malaise affecte le modèle le plus achevé de l'Etat, celui d'Etat-Nation développé dans la zone centrale du phénomène étatique, c'est à dire l'Europe même. Des phénomènes nouveaux se manifestent autour du problème de la « gouvernance » ouvrant la voie à des modes de gouvernements substitutifs. Si l'affirmation de l'Etat se traduit par l'apparition inédite de la domination légitime (I), cette même légitimité est aujourd'hui de plus en plus contestée rendant incertain le devenir de l'Etat (II)

Extraits

[...] Aussi la sociologie historique a-t-elle dégagé des processus continus de la formation de l'Etat. Des évolutions récentes suggèrent toutefois que de graves crises mettent en péril l'existence même de l'Etat. Au-delà de la faiblesse quasi congénitale des Etats d'Afrique, d'Amérique du sud ou même d'Europe de l'Est, le malaise affecte le modèle le plus achevé de l'Etat, celui d'Etat-Nation développé dans la zone centrale du phénomène étatique, cad l'Europe même. Des phénomènes nouveaux se manifestent autour du problème de la gouvernance ouvrant la voie à des modes de gouvernements substitutifs. [...]

[...] En Europe, la sécurité intérieure aux Etats naissants favorisait l'accélération du développement des affaires. L'amplification du phénomène au XX e siècle a conféré à l'Etat une capacité d'intervention sociale susceptible de mieux faire accepter l'impôt. - L'affrontement des symboliques : L'Etat occidental s'est affirmé contre les deux puissances qui dominaient l'univers symbolique de la Chrétienté : le pape et l'empereur. La notion d'Etat renvoie à la conception selon laquelle les sujets ou les citoyens ne doivent jamais allégeance à une autorité qui lui soit supérieure. [...]

[...] au sein des royaumes, s'est révélée être un facteur inconscient d'unification politique. Les guerres permanentes, à répétition, ont suscité le besoin d'une autorité pacificatrice, capable de rétablir l'ordre. Weber explique que les premiers centres politiques émergent lorsque les monarques parviennent à exproprier les puissances privées (Economie et Société). Autrement dit, les suzerains vont parvenir à interdire les guerres de frontière, à capter à leur profit le monopole de la nouvelle coercition légitime. La démilitarisation des seigneuries les plus puissantes sera en effet un préalable à la naissance de l'Etat. [...]

[...] A la pratique des butins anarchiques et des droits seigneuriaux se substitue l'impôt royal régulier. L'impôt permanent, plus que l'armée permanente, a nourrit les mécanismes étatiques. La monopolisation fiscale par l'Etat sera achevée par la Révolution française qui instaure l'égalité de tous devant l'impôt. Expression parfaite du pouvoir d'injonction de la puissance publique, l'impôt est devenu la ressource budgétaire prépondérante. Le pouvoir central s'est toujours efforcé de légitimer les usages de l'impôt afin d'en faciliter le recouvrement. Du financement de guerres aux dépenses de protection sociale en passant par les dépenses d'enseignement. [...]

[...] Le fil directeur est l'alliance ou non nouée entre l'aristocratie foncière et la paysannerie. La voie démocratique bourgeoise se caractérise par le fait que la transformation sociale se fait en dehors de l'Etat. En Angleterre, la bourgeoisie s'allie à l'aristocratie. En France, la bourgeoisie a plus de mal en raison des résistances de la noblesse terrienne alliée à la paysannerie, élément conservateur favorisant les régimes autoritaires. Aux Etats-Unis, la transition vers la société industrielle et démocratique peut s'effectuer sans mal du fait de l'absence d'aristocratie au sens européen. [...]