Terrorisme - Al Qaida - Lenine - souveraineté - globalisation - mondialisation - réseau terroriste - 11/09 - terrorisme d'Etat - terrorisme international - transnational - Terreur - définition - média - interaction - relation terroriste - Etats-Unis - Guerre contre le terrorisme
On dira « terroriste », mais ne pourrait-on dire « résistant », « révolutionnaire », « libérateur », « combattant irrégulier », « partisan » ou « activiste »? Jacques Vergès est l'avocat de la terreur, Robespierre l'inventeur du terrorisme d'Etat, Lénine un despote, Ben Laden un nihiliste sanguinaire.1 Mais j'ai envie de vous demander, est-ce vraiment le cas? Je conçois ce que cette phrase peut avoir de provocateur, mais là est tout l'enjeu d'un tel sujet, il s'agit de questionner nos préjugés les plus ancrés sur le terrorisme. Si le sujet pose bien le problème de la définition du terrorisme, je dirai qu'avant même de faire l'objet d'une définition, le terrorisme est un nom, une dénomination aux effets redoutables puisqu'il est censé incarner le Mal absolu, du moins dans la bouche de ceux qui accusent de terrorisme, c'est-à-dire des Etats victimes de tels actes, et en face duquel ils prétendent s'ériger, eux, en tant que Bien, non controversé, pour combattre ce terrorisme. Dire que le terrorisme est un nom d'Etat, dans une perspective constructiviste, ce serait certes comprendre une partie de la construction faite autour de ce nom mais non pas lui donner une définition dans le cadre des relations internationales actuelles, qui sont celles de l'après 11/09. En effet, les attentats du World Trade Center ont marqué un tournant dans l'histoire du terrorisme, ouvrant le voie à un terrorisme transnational voire international. Il nous faudra également interroger l'unicité affichée du terrorisme et se poser la question de sa possible pluralité, cheval de bataille de Serge Sur: ne doit-on en effet pas distinguer terrorisme individuel, terrorisme organisé, transnational, terrorisme d'Etat, cyberterrorisme, etc? Alors même que Mike Davis le définit comme « une sinistre catégorie attrape-tout »2, il n'y a pas de définition communément admise du terrorisme -rappellons que l'ONU, malgré ses nombreux organismes chargés des questions de terrorisme, n'est pas parvenue à une définition claire. Même les éléments qui semblent faire consensus peuvent être contredits: * L'usage d'une violence indiscriminée - mais que faire des attentats individuels qui ont une cible bien précise? * Le caractère occulte de l'action et la préparation dissimulée - mais où placer les attentats suicide annoncés et revendiqués? * Le caractère non-gouvernemental de l'action - mais nombreux sont les réseaux à bénéficier de la complicité active ou passive, voire du financement de certains régimes. * Une certaine indifférence aux conséquences pour les victimes ou les auteurs - mais ne s'inscrit-elle pas dans le cadre de revendications précises? On vient bien la difficulté de l'entreprise de définition du terrorisme, alors plus que de lui donner une définition, on s'attachera dans cet exposé à comprendre ce que recouvre le terrorisme, ses matérialisations et évolutions dans les relations internationales actuelles. Et pour ce faire, nous analyserons le terrorisme sous deux de ses aspects, d'une part dans sa relation à la souveraineté, et d'autre part dans sa relation à la globalisation.
[...] Je dis bien peuvent, puisque le secrétaire d'Etat peut et non doit inscrire sur la liste les organisations terroristes que le droit national définit comme telles. Une organisation peut répondre aux critères sans être inscrite sur la liste, qui n'est donc pas une liste de ce qui est terroriste, mais de ce qui est jugé comme tel par les pouvoirs américains. La véritable définition du terrorisme devient alors: est terroriste l'organisation non gouvernementale qui utilise la violence à des fins que le gouvernement des Etats-Unis n'approuve ni officiellement ni officieusement. [...]
[...] En effet, les Etats s'attachent, en leur sein, à définir ce qu'est le terrorisme, du moins ce qu'il considèrent comme tel. Que ce soit aux Etats-Unis, en France ou ailleurs, l'acte de terrorisme est d'abord défini comme une infraction, quelque chose d'illégal dans l'ordre interne, ce qui exclue donc de fait la violence d'Etat, couverte par la loi. Par contre, dans l'ordre international, il n'y a pas de définition commune puisque les états, de façon réaliste, ont des intérêts qui leur permet parfois de s'arranger du terrorisme s'il est exercé chez un voisin ennemi. [...]
[...] Prenons également en compte la composante des moyens à disposition des terroristes, mais autrement qu'en nombre de morts ou de destructions. Comme lors du 11/09, des moyens classiques peuvent être employés de façon inattendue. Mais aujourd'hui la préoccupation se porte plutôt sur les armes de destruction massive, bactériologiques, chimiques ou nucléaires, qui, si elles venaient à entrer en mains des terroristes, leur procureraient une vraie puissance, une sorte d'immunité qui présenterait une situation inédite en réduisant la marge de manoeuvre des Etats attaqués. [...]
[...] Il y a certes des états considérés comme « terroristes » (ou voyous)4 Pour plus d'informations sur les Rogue States, cf. Jacques DERRIDA, Voyous: deux essais sur la raison par d'autres états, mais c'est essentiellement parce qu'ils sont soupçonnés de soutenir clandestinement des organisations terroristes, et non en raison de l'exercice de la violence légitime souveraine. Par un total revirement de sens, le terrorisme a cessé d'être une pratique de l'Etat pour désigner, au contraire, la violence politique quand elle n'est pas le fait d'un Etat. [...]
[...] Au lieu de considérer le terrorisme comme un objet donné en soi, on peut plutôt l'envisager comme une « relation » complexe, constituée de multiples composantes (et pas toujours celles que l'on croit) et qui ont fait du terrorisme actuel un terrorisme international, au centre des préoccupations des RI. Les composantes du terrorisme dans un monde globalisé Selon Jean-François Guilhaudis, le terrorisme serait une relation internationale comme les autres, susceptible d'évolutions. Distinguons les composantes de cette relation. Tout d'abord, on pense évidemment au terroriste et à ses victimes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture