Le 27 mai 2007, le Pape Benoît XVI écrit une lettre adressée « aux évêques, aux prêtres, aux personnes consacrées et aux fidèles laïcs » de l'Église Catholique en République Populaire de Chine. Cette lettre, particulière, car adressée directement aux clercs et aux fidèles d'un seul pays, marque surtout la délicate relation entre la République Populaire de Chine et le Vatican, et aussi entre cette même République Populaire de Chine et la religion chrétienne catholique de Rome.
En ce début du IIIe millénaire, la Chine et le Vatican nous apparaissent comme des géants historiques en pleine recomposition. La Chine, sortie de l'ornière communiste et maoïste, est promise à la place de première puissance mondiale et lancée sur la voie du progrès, progrès qui ne fait pas sans remous, comme le lien avec les anciennes traditions et les différentes questions sociales. Pour le Vatican, la problématique est différente. Le Saint-Siège s'est engagé dans une politique de christianisation du monde, Afrique et Asie en tête, pour faire contrecoup à la sécularisation du Vieux Continent, sa base historique. L'Asie et la Chine peuvent être problématisées comme « le plus grand marché d'âmes du monde ».
[...] Cette réforme est amorcée avec la Constitution chinoise de 1982, notamment avec l'article 36 : Les citoyens de la République populaire de Chine jouissent de la liberté religieuse. Aucun organisme d'État, aucune organisation sociale, aucun individu ne peuvent contraindre un citoyen à croire, ou à ne pas croire, en une religion, ni adopter une attitude discriminatoire à l'égard du citoyen croyant ou du citoyen incroyant. L'État protège les pratiques religieuses normales. Nul ne peut se servir de la religion pour troubler l'ordre social, nuire à la santé des citoyens et interférer dans le système d'enseignement de l'État. [...]
[...] De plus, l'opposition entre l'Église clandestine et officielle est réelle. Les fidèles clandestins voient d'un mauvais œil toute volonté de mieux rapprocher les deux Eglises. Il est dur pour les persécutés de s'entendre avec les persécuteurs. b. ‘Conquérir l'Asie pour reconquérir l'Europe'. La Chine et l'Asie comme point de départ de la ré-évangélisation du Vieux Continent Pourquoi les relations avec la Chine préoccupent tant que cela le Saint- Siège. Au-delà de la masse démographique énorme que représente la Chine pour l'Église, les relations entre la Chine et la Vatican sont en réalité une pièce de l'échiquier diplomatique global du Saint-Siège. [...]
[...] Le pontificat de Benoit XVI n'est pas le plus favorable pour ces réformes. Mais la position du prochain souverain pontife pourrait être différente surtout si celui-ci appartient au courant progressiste et est originaire d'une zone géographique autre que l'Europe. c. Le Catholicisme comme voie de conciliation de la tradition, de la sortie du communisme, de la mondialisation et du développement économique. Pour le régime chinois, la problématique actuelle concernant le catholicisme est complètement différente. La situation est totalement différente de celle du Vatican, dans le sens où le pays s'affirme comme la prochaine première puissance mondiale. [...]
[...] Cette dernière est sensée répandre la parole chrétienne à tous les hommes. Comment cette mission divine peut-elle être réussie si une énorme partie de l'Humanité vie dans l'ignorance de cette parole ? Ainsi, le Vatican est moralement obligé de faire en sorte de christianiser la Chine. Mais avec Ricci, nous avons vu que cette problématique est difficilement conciliable avec le respect de l'orthodoxie catholique. C'est pourquoi Rome du se résoudre à adopter une attitude beaucoup plus interventionniste dans son entreprise de christianisation de la Chine. [...]
[...] Religion d'une minorité, le bouddhisme dispose d'un potentiel mondialisant mais la hiérarchie religieuse de ce culte, et sa tête le dalaï-lama, sont considérés par Pékin comme des opposants. S'il est impossible et indéfendable d'affirmer que le régime de Pékin veut s'éloigner des religions traditionnelles, force est de constater que ces croyances peuvent parfois apparaître sur certains points dépassées à la lumière de la Chine contemporaine, sa mondialisation, son développement économique. c. Les religions d'Etats : la laïcité à la chinoise ? La sortie de la période anticléricale et communiste et le retour d'un besoin de religieux ont entraîné une réformation de l'organisation religieuse dans l'Empire du Milieu. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture