En quoi le nationalisme, pour perdre son caractère inquiétant, se doit d'être pensé, et surtout utilisé, comme un processus contribuant à la construction d'une nation et non comme une idéologie visant à donner à cette nation un caractère supérieur.
[...] En ce sens, le nationalisme apparait d'abord comme un passage obligé pour l'émergence des états-nations modernes; ce pourquoi Philip Spencer et Howard Wollman parlent, très simplement, d'un “bon nationalisme” qui s'opposerait au “mauvais nationalisme”. Pourtant, il est important de comprendre quelles sont les limites du terme de nationalisme, tant dans la compréhension qu'on s'en fait que dans l'usage qu'on y trouverait. Ceux-ci sont implicites, en réalité, à la notion de “nation” à laquelle le nationalisme renvoie. En effet, qu'est-ce qui définit une nation? [...]
[...] Ainsi, cette notion d'ethnie est souvent allée très loin dans l'histoire, que ce soit entre Européens, lors des guerres mondiales où par le simple usage de mythe, comme celui portant sur l'origine extérieure des peuples de l'est de la Moldavie, étudiée par Kaufmann, ou, davantage encore, envers des peuples non-européens, comme le montre Elie Kedourie, et ce quel que soit le type de nationalisme qui en soit à l'origine, l'idée que le nationalisme occidentale serait bénin relevant selon Kohn de l'exagération. Ces constats et la multitude d'exemple que nous pourrions citer nous imposent de convenir que les nationalismes, aisés à pousser à l'extrême, sont potentiellement dangereux, incontestablement. Il est important de nous interroger sur les raisons de leur (ré)apparition dans le contexte actuel de mondialisation et de multiplication des échanges transnationaux. [...]
[...] Ainsi, par exemple, le développement de l'Union Européenne, encourageant l'expression des cultures régionales, pose la question de la survie d'états au centralisme plus faible qu'en France (du à un investissement moindre dans l'éducation par le passé), tels que l'Espagne. La crise catalane actuelle met ainsi les constats de Keating à l'ordre du jour: incontestablement, la culture espagnole y a reculé dans des régions mêmes du pays; et le manque historique d'incitation culturelle nationale explique cela en grande partie. Selon Riva Kastoryano, nous nous orienterions désormais vers un nationalisme transnational. [...]
[...] Partant de ce constat, la meilleure chose à faire serait sans doute de savoir séparer les bons des mauvais aspects du nationalisme aujourd'hui, comme nous l'avons fait dans l'histoire. “Nationalisme” est un mot qui pourrait se justifier au sens d'une attache identitaire collective à une nation, qu'il s'agisse de ses valeurs, de son système politique ou encore de sa culture, dans le souci de les promouvoir. Cet enjeu aurait certainement sa place dans le monde d'aujourd'hui, en éliminant tout jugement de valeur, vocation de supériorité et de domination d'une nation sur une autre, et en ne l'opposant plus à l'ouverture sur le monde mais le voyant comme une opportunité de cohabitation et d'échange harmonieux entre nations. [...]
[...] La diversité culturelle au sein d'un même nation est emblématique du monde dans lequel nous vivons. Aux états s'ajoutent de nouvelles entités, supra- étatiques ou infra-étatiques, tandis que les cultures étrangères sont plus accessibles que jamais. Pour autant, décréter la mort des états-nations, si souvent brandie, apparait comme exagéré. Nous sommes entrés dans un monde où l'état devient un élément identitaire, moins central ou exclusif, d'identités mondialisées. Parallèllement, nous devrions voir notre culture nationale subsister, s'hybrider mais aussi s'exporter, face à de nouvelles influences culturelles extérieures et/ou non-étatiques. [...]
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