Le Congrès de Vienne qui réorganise l'Europe après la défaite de Napoléon établit un « directoire européen » autour des cinq puissances que sont l'Angleterre, la France, la Prusse, l'Autriche et la Russie. Le but explicite est de préserver une paix fragilisée par les aspirations concurrentes à la puissance, de faire en sorte qu'aucune nation ne soit en mesure de dominer les autres, pour qu'il y ait un équilibre des puissances.
C'est ce Morgenthau nommera « balance of power » dans son ouvrage Politics among nations en 1948 et que Kissinger désignera sous le terme d' « équilibre des forces » dans Diplomatie. Pendant plus d'un siècle ce principe d'équilibre des puissances permet à l'Europe de raréfier les conflits ou du moins, d'en limiter l'ampleur.
Cependant, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème, cet équilibre des puissances ne permet plus de répondre à ses objectifs et se solde par un échec flagrant en 1914. Quelles sont les causes possibles de cette dégradation de l'équilibre des puissances ? Comment l'Europe en est elle arrivée à la guerre ? A qui ou à quoi imputer la responsabilité du premier conflit mondial ? Telles sont les questions sous-jacentes à la thématique de l'équilibre des puissances au début du XXème siècle.
Pour y répondre, nous verrons qu'au début du XXème siècle, l'équilibre des puissances se fragilise indéniablement (I) avant d'échouer en 1914 consacrant ainsi la fin de la prédominance européenne (II).
[...] Autre facteur d'affaiblissement de l'équilibre des puissances, la contestation du mouvement des nationalités et des petites puissances. Conçu entre autres pour réguler les troubles liés aux nationalités en Russie et en Autriche Hongrie, le concert européen se trouve affaibli par la montée en puissance des revendications nationales notamment les revendications polonaises, serbes et tchèques qui créent des instabilités et contribuent aussi à attiser les rivalités entre grandes puissances. Enfin, les pays considérés comme puissances de rang inférieur commencent à contester un système fondamentalement inégalitaire car si les grandes puissances maintiennent l'équilibre, elles le font en fonction de leurs propres intérêts. [...]
[...] Une fragilisation interne : contradictions et protestations en Europe La rivalité entre grandes puissances et la perte de valeurs communes. Tout d'abord l'existence de rivalités entre les grandes puissances menace le bon fonctionnement du concert européen : en effet, des reclassements s'opèrent dans la hiérarchie des puissances européennes qui créent une concurrence entre les Etats européens. Cette concurrence s'exerce dans plusieurs domaines, tant sur le plan économique que commercial, surtout entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne mais aussi entre la Grande-Bretagne et la France. [...]
[...] Cet échec de l'équilibre des puissances signe aussi la fin de la dominance européenne du monde. Un exemple sur ce point : dans ces célèbres 14 points, Wilson déclare en 1919 que l'ordre international devait se fonder non plus sur l'équilibre des forces mais sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Conclusion : Au début du XXème siècle, l'équilibre des puissances, principe diplomatique typiquement européen, ne cesse de se fragiliser avant d'échouer en 1914, date à partir de laquelle il ne sera jamais rétablit. [...]
[...] L'équilibre des puissances au début du XXème siècle L'équilibre des puissances au début du XXème siècle PLAN I. L'équilibre des puissances : une gestion européenne du monde qui se fragilise A. Une fragilisation interne : contradictions et protestations en Europe La rivalité entre grandes puissances et la perte de valeurs communes La contestation du mouvement des nationalités et des petites puissances. B. Une fragilisation venant de l'extérieur La naissance de pôles ascendants Les revendications coloniales. II . avant d'échouer en 1914. A. [...]
[...] Cette bipolarisation de l'Europe va complètement à l'encontre des principes de l'équilibre des puissances qui sous entend une diplomatie de concertation, une logique de congrès et qui rejette le principe d'alliances durables et définitives ; ceci d'autant plus que cette division débouche sur de graves tensions internationales. Ainsi comme le fait remarquer Kissinger, la diplomatie européenne avant 1914 est devenue une machine de destruction politique il ajoute aussi qu'à cette époque, la notion d'équilibre des forces n'avait plus rien à offrir Le principe de l'équilibre des puissances est donc ouvertement renié et c'est pourquoi il va échouer en 1914. B ou l'échec flagrant et définitif de l'équilibre des puissances Les cinq crises vers la Première Guerre mondiale. [...]
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