Cet ouvrage n'est en réalité que le compte-rendu d'une interview donnée à Antonio Polito, éditorialiste de La Repubblica à Londres. Par conséquent, aucune thèse générale n'est développée. Dans la continuité de L'Age des extrêmes. Histoire du court XXème siècle, il s'agit surtout pour les deux hommes de débattre de quelques grandes questions majeures qui ont marqué la fin du XXème siècle et de chercher à anticiper leur évolution dans le monde de demain
[...] La révolution technologique en revanche (celle de l'information notamment) n'a pas engendré de mutations radicales de la société pour Hobsbawm. Le travail à domicile par exemple n'est pas une voie que l'on privilégie dans l'univers des chercheurs, où le contact humain reste indispensable. VI. De la France, de sa culture et de ses intellectuels Hobsbawm observe le déclin français après 1940 avec la nostalgie de celui qui appartient à une génération d'intellectuels pour laquelle toute personne a deux patries : la sienne et la France Les Français ont réagi à travers un effort politique extraordinaire pour garder l'image d'une puissance indépendante des États-Unis, un effort de modernisation économique (avec une planification réussie), une résistance forte à la décolonisation et le refus d'accepter le déclin de l'hégémonie culturelle française. [...]
[...] Alors que les États nations avaient étendu de façon continue leur champ d'intervention depuis le XVIème siècle, on assiste depuis trente ans à un déclin du rôle de l'État partout dans le monde. Ainsi l'État a perdu le monopole des moyens de coercition, la preuve en étant son incapacité à éliminer durablement certaines organisations armées de son territoire (exemple de l'IRA). L'État tend même à disparaître complètement de certaines régions du globe ( Albanie, Afghanistan, etc.) L'érosion des règles internationales inquiète également Hobsbawm, à l'image des frontières de plus en plus fluctuantes entre guerre et paix. [...]
[...] Les mythes nationaux reviennent en force, souvent imposés d'en haut (à l'image du mythe fondateur de la Serbie qui serait une bataille perdue contre les musulmans au XIVème siècle), à l'exception de ceux qui trouvent leur origine dans la religion (cf. mythe du retour à la Terre Sainte en Israël). Mais même dans ces derniers cas, on occulte souvent bien des aspects de l'Histoire au nom de l'objectif nationaliste, qui reste toujours le même : pouvoir affirmer Nous sommes ici, c'est notre pays, les autres sont arrivés après nous, nous sommes ceux qui avons toujours été ici II. Le déclin de l'Empire occidental Hobsbawm s'interroge sur l'avenir de l'État en tant qu'institution au XXIème. [...]
[...] Désormais le combat pour la liberté individuelle est incompatible avec la lutte pour l'émancipation collective Toutefois les deux piliers fondamentaux de la gauche, Liberté et Egalité, sont toujours stables. La gauche actuelle adhère pleinement aux valeurs de la liberté individuelle sans renoncer à l'objectif de la redistribution (cf. Jospin : Oui à l'économie de marché, non à une société de marché Pourtant l'entrée dans l'ère de la démocratie des consommateurs peut s'avérer dangereuse pour l'avenir de la gauche, qui souffre particulièrement de la dépolitisation des masses. Il existe également un risque important de voir le système médiatique se substituer à la mobilisation citoyenne. [...]
[...] et les États-Unis, comme entre la Chine et les États-Unis). Le cas de la Russie montre également l'échec d'une application sans réserve de la logique de marché. Enfin il existe des limites politiques à la libre concurrence, à l'image des restrictions imposées à l'immigration qui vont à l'encontre de l'exigence de mobilité du facteur travail. Si les États constituent une limite au développement de l'économie capitaliste transnationale, on peut regretter l'absence de toute forme de contrôle de l'économie internationale dans son ensemble (excepté au niveau de l'Union Européenne). [...]
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