En 1991, les 5 Etats d'Asie centrale que sont le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan acquièrent leur indépendance. Chaque république doit alors se construire avec des élites, des populations, des frontières et des économies qui n'avaient pas été préparées à cette indépendance.
Le Turkménistan passe alors sans rupture du système soviétique à un régime dictatorial conduit par Saparmourad Niazov.
Saparmourad Niazov, en tant que chef du Parti communiste turkmène depuis 1985, va en effet soutenir le putsch de Moscou contre Mikhaïl Gorbatchev en 1991 et conserver le contrôle de son pays.
Puis, en 1992, il devient le premier Président du Turkménistan.
Le pays entre alors véritablement dans un schéma autoritaire. En 1993, Niazov change de nom, selon la tradition stalinienne du culte de la personnalité, et se fait appeler Turmenbachi (père de tous les Turkmènes). Puis, en 1999, il est proclamé président à vie par le corps législatif du pays, le Majlis. Cette décision est confirmée en 2002 par le Conseil populaire turkmène.
Niazov est donc un président despotique qui concentre tous les pouvoirs entre ses mains, qui nomme et révoque à sa guise l'ensemble des ministres et des gouverneurs régionaux et municipaux et qui met en place un certain nombre de réformes toutes plus fantasques les unes que les autres.
Le Turkménistan se retrouve alors dans système politique proche du modèle nord-coréen : dégradation générale de la situation politique, existence difficile voire impossible de partis d'opposition, restriction du champs d'expression des médias et situation catastrophique des Droits de l'Homme.
Lorsque Saparmourad Niazov meurt dans la nuit du 20 au 21 décembre 2006, ce dernier n'ayant pas désigné d'héritier officiel, la question délicate de sa succession se pose.
Ainsi, dans un pays qui n'a connu qu'un seul président depuis son indépendance, des élections vont-elles pouvoir avoir lieues ? Et si ces élections ont effectivement lieues, seront-elles pour autant démocratiques ? Quels éléments pourraient favoriser leur caractère démocratique ?
Par ailleurs, quelles seront les conséquences de la fin du régime de Niazov au niveau interne et vis-à-vis de la communauté internationale ? Le pays pourra-t-il évoluer ? La population turkmène connaîtra-t-elle enfin la démocratie ? Quelles sera la nouvelle stratégie gazière du Turkménistan ? Quelles relations diplomatiques le pays entretiendra-il avec la communauté internationale ?
Nous étudierons, dans une première partie, la mise en place d'élections présidentielles : processus démocratique ou simples formalités.
Puis, dans une seconde partie, les politiques interne et internationale : revirement ou consolidation du régime de Niazov.
[...] Quelles sera la nouvelle stratégie gazière du Turkménistan ? Quelles relations diplomatiques le pays entretiendra-il avec la communauté internationale ? Nous étudierons, dans une première partie, la mise en place d'élections présidentielles : processus démocratique ou simples formalités. Puis, dans une seconde partie, les politiques interne et internationale : revirement ou consolidation du régime de Niazov. Quelques jours à peine après la mort de Saparmourad Niazov, un processus électoral se met en place au Turkménistan. Ainsi, le 26 décembre 2006, le Conseil populaire turkmène, le plus haut organe représentatif du Turkménistan, composé de 2500 membres, se réunit à Achgabat, capitale du pays, afin de se prononcer sur une liste de candidats à la succession. [...]
[...] Jamais auparavant les représentants du peuple n'avaient eu le droit de choisir librement leurs candidats à la présidence Un point de vue que ne partage pas le journal financier moscovite Vedomosti qui affirme qu'« Achgabat se contente de simuler une élection pluraliste En effet, ces élections sont à première vue pluralistes, ce qui constitue une avancée significative par rapport aux élections présidentielles de 1992 où Sparmourad Niazov avait été le candidat unique. Mais cette pluralité n'est qu'une façade. En effet, les 6 candidats choisis par le Conseil populaire appartiennent tous au même parti, le Parti démocratique. Ce parti, qui est le parti héritier du Parti communiste et le parti de l'ancien président Niazov, constitue la seule formation politique autorisée au Turkménistan. Nous ne pouvons donc pas dire que le choix des membres du Conseil populaire ait été libre. [...]
[...] La question des enjeux énergétiques restant donc en suspend, il convient d'étudier la question des enjeux diplomatiques du Turkménistan. Le 12 septembre 1995, l'Assemblée générale des Nations Unies adopte la résolution intitulée Neutralité permanente du Turkménistan par laquelle les États Membres reconnaissent le statut de neutralité permanente du Turkménistan et le respect de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. Ce statut de neutralité permanente confère un poids géostratégique important au Turkménistan, poids d'autant plus important de par sa situation géographique et sa situation générale dans l'ensemble de la région et sur le continent asiatique. [...]
[...] Mais, on peut imaginer que, peu à peu, les signes du culte de la personnalité perdront en intensité et finiront par disparaître. Un accès à la démocratie dans les prochaines années est donc peu probable. Toutefois, si le Roukchnama cessait d'être l'unique livre obligatoire, si l'on pouvait se déplacer d'une région à l'autre sans visa et s'il n'y avait plus de barrages policiers partout, on aurait accompli de gros progrès. Si les enjeux internes de la succession au Turkménistan semblent donc principalement correspondre à un accès à la démocratie du pays, les enjeux internationaux, quant à eux, se dissocient en deux volets : les enjeux énergétiques et les enjeux diplomatiques du Turkménistan. [...]
[...] L'accord prévoyait également la construction d'un gazoduc entre les 2 pays. Avant sa mort, Niazov avait indiqué qu'il comptait privilégier ses relations avec la Russie, la Chine et l'Iran et construire des gazoducs dans ces directions. Mais, dès les obsèques de ce dernier, d'autres puissances intéressées par la grande richesse en gaz du Turkménistan telles que les Etats-Unis, se manifestèrent. En effet, pour les Etats-Unis tout comme pour l'Union Européenne, le tracé des futurs gazoducs qui aurait pour point de départ le Turkménistan, passerait sous la mer Caspienne et contournerait la Russie, dépendra des décisions de Gourbangouly Berdymoukhammedov. [...]
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