Les enjeux de l’aide publique au développement

Résumé du document

Dès 1941, dans la Charte de l'Atlantique, on envisage une aide économique pour les pays moins développés. Mais c'est à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, en 1946, que l'Organisation des Nations Unies (ONU) fut à l'origine d'un « programme élargi d'assistance technique en vue du développement des pays insuffisamment développés ». Il s'opère en fait un changement dans les mentalités avec la prise de conscience à cette période du retard économique pris par le Tiers-Monde (Le Tiers-Monde qui selon Sauvy, représente l'ensemble des Etats ne faisant parti ni du bloc communiste ni du bloc occidental durant la guerre froide). Cette aide au développement désigne donc une action volontaire accomplie par un acteur extérieur pour impulser le développement d'un pays. Développement qui peut se définir comme le dit François Perroux par « la combinaison des changements mentaux e sociaux d'une population qui la rende apte à faire croitre le produit réel global de façon cumulative et durable ». A cette époque, les pays en développement (PED) sont pour la plupart des pays issus de la décolonisation qui se sont émancipés durant l'entre deux guerres et après 1945. Mais si ces Etats sont en principe « libres », ils sont surtout caractérisés par le sous développement. L'aide publique au développement (APD) est l'ensemble des fonds en provenance des Etats destinés à favoriser le développement économique des Etats du Sud et à améliorer les conditions de vie des populations. Elle est versée sous forme de dons ou de prêts à taux préférentiels. L'APD peut être octroyée sous plusieurs formes : aide budgétaire, assistance technique, projets, annulation de dette, etc. Les critères précis ainsi que la liste des bénéficiaires sont élaborés par l'OCDE, une institution qui rassemble les trente pays les plus riches de la planète. En 2005, ces pays ont dépensé plus de 100 milliards de dollars d'APD, la France étant le quatrième pourvoyeur mondial. On distingue l'aide bilatérale (d'Etat à Etat) et l'aide multilatérale (ensemble de contributions de plusieurs Etats à un organisme de développement). Enfin, elle tire ses ressources des fonds publics ou des fonds privés : on distingue donc l'aide publique (qui dépend donc des ressources publiques des Etats) majoritaire, et l'aide privée (dons et projets financés par des organisations non gouvernementales, ainsi que les transferts de technologies opérées par les entreprises). On va devoir identifier les enjeux de l'aide publique au développement. Ces enjeux peuvent être multiples : fréquemment économique mais aussi parfois politique par exemple. Quels en sont les objectifs ? Quels sont les intérêts pour les pays développés et pour les pays du Tiers-Monde ? Sous quelle forme est-elle délivrée ? Quelle est son importance ?
Dans quelle mesure peut-on dire que l'APD, si elle est censée permettre le développement des pays en retard, permet aussi et avant tout aux pays développés d'accroitre leur domination sur ces derniers et leur propre développement ?

Extraits

[...] Quels sont les intérêts pour les pays développés et pour les pays du Tiers-Monde ? Sous quelle forme est- elle délivrée ? Quelle est son importance ? Dans quelle mesure peut-on dire que l'APD, si elle est censée permettre le développement des pays en retard, permet aussi et avant tout aux pays développés d'accroitre leur domination sur ces derniers et leur propre développement ? Dans une première partie, nous verrons sous quelle forme est délivrée cette aide et à quels pays. Puis nous établirons les enjeux de cette aide. [...]

[...] Nous l'avons vu, cette aide est croissante, que ce soit financièrement ou techniquement. Bairoch découpe la fin du XIXe siècle en cinq phases nous fournissant ainsi une historique de l'aide de 1950 à nos jours, qu'il base sur l'évolution de recettes financières en valeur constante Du début des années 1950 jusqu'en 1960-1961, c'est une véritable période d'« expansion extrêmement rapide Puis de 1961 à 1971, il parle d'une stagnation de l'aide publique. À la suite du choc pétrolier de 1973, on a une modification de la typologie des pays donateurs. [...]

[...] Et au-delà des détournements, même lorsqu'elle se destine au développement, elle est souvent mal utilisée, et par enfermement dans la monoculture (et cela entraine des conséquences néfastes comme ce fut le cas lors de la crise ivoirienne dont la production était centrée sur le cacao et le café). En constatant le réel sous-développement dans les pays du Sud, le besoin d'une aide externe de la part des pays développés parait évident. Et ces derniers y voient d'ailleurs leur intérêt. Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, l'APD n'est pas versée uniformément. [...]

[...] La perspective d'un monde meilleur peut donc bien être inscrite dans les enjeux de l'aide au développement, et donc un enjeu philosophique et social. En effet, qu'il s'agisse de corriger ou d'atténuer les déséquilibres économiques et sociaux les plus flagrants, de stimuler la croissance des pays à la traîne en réformant notamment leurs politiques sectorielles et globales, de faciliter les transitions politiques et économiques en renforçant les compétences locales ou encore de catalyser les financements locaux et internationaux après avoir assaini les cadres macroéconomiques et les politiques y afférentes, l'aide publique au développement constituerait l'amorce d'une politique sociale mondiale susceptible de réduire les inégalités et d'endiguer les extrémismes agissants. [...]

[...] Les enjeux politiques sont importants et sans doute de plus en plus importants. L'aide publique au développement (APD) connaît un renouveau autour des objectifs du millénaire et des nouvelles priorités de la communauté internationale : prévention des conflits, gestion des migrations, protection des biens publics mondiaux. Une nouvelle dimension dans l'intérêt politique de ces États est née avec la montée en puissance du terrorisme et notamment les incidents de septembre 2001 (attentats contre les World Trade Center, qui provoquent une crise financière importante aux États-Unis, et qui s'étend au reste du monde). [...]