Un proverbe arabe dit ceci : « Ne verse pas une goutte d'eau avant d'en avoir trouvé une autre » . L'eau, ce bien si précieux qu'on le qualifie d' « or bleu », est source de bon nombre de disputes au Proche-Orient. Le cas d'Israël et du Liban est un cas d'école : deux Etats contigus disposant de ressources hydriques très inégales. Alors que l'Etat hébreu est en constante pénurie , le Liban dispose de ressources considérables. Cette inégalité de fait, liée à la géographie respective des deux pays, entraîne inévitablement des contentieux, ou plus grave encore, des affrontements armés. Plusieurs fois, depuis l'indépendance d'Israël le 14 mai 1948, Tsahal s'est infiltré et a occupé le territoire libanais.
Si j'ai décidé de débuter mon travail par cette citation de Chaïm Weizmann, président de l'Organisation Sioniste Mondiale en 1919, c'est que j'estime que cette déclaration du leader sioniste est révélatrice d'un élément fondateur des relations futures entre l'Etat d'Israël et le Liban. En effet, dès les prémisses de la réflexion sur la création d'un Etat hébreu en Palestine, les leaders sionistes avaient à l'esprit la ferme intention d'inclure la partie sud du Liban dans le grand Israël (« Eretz Israël »). Cette déclaration est issue d'une lettre adressée à Lloyd George, premier ministre britannique de l'époque, avant la conférence de Paris de 1919, qui avait pour objectif de négocier les traités de paix entre les alliés et les vaincus de la première guerre mondiale. Ce projet d'inclure le sud-Liban n'a finalement pas vu le jour. La France, qui avait obtenu le mandat sur le pays du cèdre, opposa son veto à une possibilité d'agrandissement du territoire palestinien sous mandat britannique. C'est à la conférence de San Remo que les puissances alliées confièrent officiellement la Palestine mandataire aux britanniques, un mandat qui sera officialisé par la Société des Nations en 1922 .
Mon travail aura pour objectif de cerner l'importance de l'eau dans les relations qu'entretiennent Israël et le Liban. L'eau étant un bien vital, celle-ci doit être considérée comme une « force profonde », telle que définie par Renouvin et Duroselle, c'est à dire un facteur qui influence et détermine l'action des politiques dans leurs relations avec les autres acteurs de la scène internationale.
[...] Non qu'il soit la trame de quelque machination tracée à l'avance, mais il agit comme une grille qui configure dans une large mesure la perception qu'Israël a de l'espace libanais, de l'action qu'il doit y développer et des ruptures qu'il peut y produire Ce savant libanais, décédé au cours d'un attentat à la voiture piégée en 2005, explique de façon très subtile cette notion de force profonde dont j'ai parlé dans les prémisses de mon travail. Sans tomber dans un militantisme exacerbé, il nous donne les clés de compréhension des relations entre ces deux Etats. Quand il parle d'arrière-plan historique, il désigne l'image du Liban que s'est fait Israël dès les prémisses de sa création, à savoir une terre riche en ressources hydriques dont l'acquisition aurait été un bienfait considérable pour l'Etat hébreu. [...]
[...] Le 18 avril 1996, l'artillerie israélienne bombarde un camp de réfugiés des Nations Unies à Cana, prétextant une erreur de tir. Le bilan de ce massacre du camp situé près de la ville de Cana est dramatique : 104 civils désarmés sont tués et plusieurs dizaines de blessés sont comptabilisés. Des casques bleus font également partie des victimes[31]. Les forces armées israéliennes, épaulés par l'Armée du Liban-sud ne se retireront qu'en mai 2000, conformément à la résolution 425 de l'ONU qui fixait la ligne de partage entre Israël et le Liban (appelée également la ligne bleue). [...]
[...] Il s'agit d'une des zones principales de tension entre Tsahal et le Hezbollah, qui lance des offensives sporadiques contre l'Etat hébreu. Malgré sa taille insignifiante, ce territoire constitue une tour d'observation. D'autre part, cette zone abrite deux sources contribuant à l'alimentation du Banias, du Dan et du Wazzani qui, eux-mêmes, se déversent dans le Jourdain[39], principale source du lac de Tibériade. On estime à 1,5 milliard de mètres cubes, le réservoir d'eau que surplombe ce territoire[40]. Il apparaît donc évident que le contrôle de cette zone par Israël est d'une importance stratégique. [...]
[...] Ce dernier avait œuvré pour le rapprochement en un corps fédéré de l'ensemble des groupes maronites qui portera le nom de Forces Libanaises[30]. La situation est d'autant plus explosive qu'un nouvel acteur entre en jeu : l'Iran de Khomeiny qui va manipuler une partie de la communauté chiite. En 1983, financé et influencé par Téhéran et Damas travers la guérilla menée par le Hezbollah, Damas exerçait une pression constante sur l'Etat hébreu afin d'influencer les négociations sur la restitution du Golan), va naître le Hezbollah, qui va prendre la forme d'un mouvement de défense du Liban-sud contre les agressions israéliennes. [...]
[...] La Syrie, quant à elle, approuve mais nuance ses propos en affirmant que ce territoire n'est pas concerné par la résolution 425, ordonnant le retrait des forces israéliennes du Liban-sud. Pour Israël, les fermes de Chebaa sont un territoire syrien, faisant partie intégrante du Golan, formellement annexé par Israël en 1981. L'ONU, se basant sur un rapport de Kofi Hannan, considère que ce territoire fait partie du territoire syrien. De ce fait, il ne fait pas l'objet de la résolution 425 mais plutôt des résolutions 242 et 338, condamnant l'occupation des territoires annexés par Israël. [...]
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