"Ceux qui tirent leur eau de la même source", voilà l'origine latine du mot "rivaux". Etats ou individus, adversaires ou concurrents qui luttent et s'affrontent pour une même ressource, si particulière : l'eau. Particulière parce qu'elle est nécessaire à la vie, si l'on peut trouver (même difficilement) des substituts au pétrole on ne peut en trouver à l'eau. L'eau est vitale pour la consommation quotidienne et pour l'hygiène mais aussi (ce sont les plus grandes quantités) pour l'agriculture (70% données FAO) et pour l'industrie (20%) puisqu'elle entre dans de nombreux processus productifs (énergie, lavage...), on parle alors d'eau virtuelle. Si l'eau est présente en assez grande quantité sur Terre, l'eau douce ne représente qu'une infime partie de la ressource dont seule une petite portion est disponible pour l'Homme (0,01% de l'eau présente sur Terre). De plus même si l'eau douce est renouvelée selon un cycle naturel, elle est très inégalement répartie à la surface du globe. Il y a des régions où l'eau se trouve en excès et d'autres où surveiller et contrôler les quantités disponibles est indispensable. Ainsi, dans la région où est née la civilisation agricole, le rapport à l'eau est un enjeu majeur. Cela est d'autant plus vrai que l'eau est difficilement transportable et que les réserves du précieux liquide ne sont pas constantes. En raison des évolutions climatiques (renforcement des extrêmes hydrologiques), de la surconsommation et des aménagements humains, le site des anciens et luxuriants jardins suspendus du Babylone est aujourd'hui au coeur d'une région pour laquelle l'eau est un enjeux de tous les jours. Cette région, semi-désertique, est celle pour laquelle les pays occidentaux ont forgé au XXe siècle, le terme de "Moyen-Orient". Notre délimitation du Moyen-Orient inclura l'Egypte, la Turquie, l'Irak, l'Iran, la Syrie, le Liban, la Jordanie, Israël, l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes, l'Oman et le Yémen (...)
[...] En 2007, en Egypte ce sont de véritables “émeutes des assoiffés” qui ont éclaté. De même la sur-utilisation, notamment agricole de l'eau, a des conséquences sur la qualité des eaux de consommation. L'exemple égyptien met en lumière la dimension intranationale que peut acquérir la problématique de l'eau. En effet les rivalités au sein même des pays, entre dirigeants (pour un choix politique : utilisation pour l'énergie ou pour l'agriculture de l'eau du Litani) ou entre minorités (intershiites au Liban par exemple) peuvent être aussi déterminantes que les enjeux internationaux. [...]
[...] Cette région, semi-désertique, est celle pour laquelle les pays occidentaux ont forgé au XXe siècle, le terme de “Moyen-Orient”. Notre délimitation du Moyen-Orient inclura l'Egypte, la Turquie, l'Irak, l'Iran, la Syrie, le Liban, la Jordanie, Israël, l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes, l'Oman et le Yémen. Cette définition par pays est déjà en elle même assez problématique dès lors que l'on parle d'un bien qui ne connaît pas les frontières et est donc très difficile à gérer avec une conception classique de la souveraineté. [...]
[...] Malgré les déclarations faites pour calmer le débat, la Turquie a entrepris dans les années 70 un immense projet baptisé GAP comptant à ce jour plus de 20 barrages. Ce projet a pour but de diversifier les cultures turques en irriguant 1,7 millions d'hectares. Il permet aussi à la Turquie de mieux occuper et contrôler son territoire à la frontière Syrienne mais est vécu par la Syrie comme une menace de sa sécurité hydrologique et ravive d'anciennes tensions turco-arabes. En ce qui concerne les moyens et les décisions de politiques économiques tous les pays ne sont pas sur un pieds d'égalité. [...]
[...] Cependant des obstacles subsistent provenant notamment des inégalités initiales, des interdépendances tissées et des comportements acquis (des pays comme les Emirats Arabes Unis peuvent se permettre d'entretenir des golfs dans le désert alors que d'autres peinent à pourvoir aux besoins vitaux). L'eau sera donc au centre de la compréhension et de la gestion de l'Espace Mondial au XXIe siècle, siècle dont les premières années ont été déclarées par l'ONU , ‘décennie de l'EAU” Notes et annexes Grand Robert de la langue française Définition qui pose le problème d'inclure ou pas les pays frontaliers de la Méditerranée constituant le “Proche Orient”, que l'on choisit d'inclure en considérant un “Grand Moyen-Orient” : (article Near Eastou Middle East: histoire d'une terminologie de Bertrand Gueynard, Outre- Terre, 2005/4) . [...]
[...] Enfin le dernier point clé à aborder pour appréhender au mieux les interactions entre eau et conflits au Moyen-Orient est le caractère social du problème. Lors de la construction d'infrastructures comme les barrages il n'est pas rare que des populations soient déplacées ( Nubiens, en 71 lors de a mise en eau du barrage d'Assouan) et des modes de vies bouleversés. Les conséquences sont humaines (traumatisme, logement, maladies), écologiques (disparition d'espèces, fragilisation de terrains) et culturelle (l'UNESCO a dû intervenir lourdement pour sauver des pièces du patrimoine nubien). [...]
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