L'eau a toujours hanté l'esprit des hommes. Des différents symboles qu'elle suggère, le plus perceptible est celui du mouvement et de la vie : les sources, les eaux courantes, les vagues sont déjà des objets offerts à une vision animiste du monde. La réalité dépasse de beaucoup cette évocation. Depuis leur apparition dans les océans primitifs, l'eau conditionne l'existence des êtres vivants : elle est le constituant principal de leur organisme et de leur nourriture.
Élément de la vie quotidienne, l'eau est si familière que l'on en oublie souvent l'importance et l'originalité, elle est pourtant essentielle aux activités humaines, tant domestiques (qui représentent de 8 à 10% de la consommation mondiale d'eau douce), industrielles (20%), qu'agricoles, qui occasionnent environ 70% de toute la consommation d'eau douce sur la planète, ainsi qu'au fonctionnement des écosystèmes terrestres. Or il se trouve qu'aujourd'hui, l'eau devient une denrée rare et précieuse, oscillant entre sècheresse et pénuries ; dénommée désormais « or bleu ». Ainsi, la « Journée Mondiale de l'Eau », jeudi 22 mars dernier, a mis en relief une situation inquiétante : plus d'un milliard de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau potable.
Il s'agira dès lors de se demander si le patrimoine le plus précieux de l'humanité est aujourd'hui véritablement en danger ? Et de savoir dans quelle mesure l'eau est devenue l'enjeu central de ce XXIème siècle?
Nous verrons tout d'abord que l'eau est une denrée rare au cœur d'un cycle fragile et dont l'équilibre est menacé par les usages humains, pour voir ensuite que cette ressource limitée mais indispensable à la vie doit aujourd'hui revêtir une dimension géopolitique, sa gestion nécessitant la mise en place d'une coopération à l'échelle internationale.
[...] qui nécessite une gestion à l'échelle internationale L'eau au cœur des enjeux internationaux vers une guerre de l'eau ? Les guerres de l'eau seraient-elles inévitables ? Cette perspective stratégique est abondamment relayée par les médias et divers cercles scientifiques. L'eau deviendrait ainsi au XXIè siècle une ressource aussi convoitée que le pétrole au XXè siècle, et serait susceptible de susciter autant de conflits pour son contrôle. L'eau motiverait seule l'élaboration de politiques autonomes visant à sa gestion, à sa conservation, voire à sa conquête : les Etats intègreraient une géopolitique de l'eau pour bâtir des hydropolitiques Les guerres du XXIe siècle auront l'eau pour enjeu avait déclaré le vice président de la Banque mondiale en 1995. [...]
[...] Il faut savoir que l'eau des lacs et des rivières ne représente que de l'eau douce disponible. Inégalement répartie Les régions arides et semi-arides ne reçoivent que des précipitations mondiales, et il ne s'y forme que de l'écoulement terrestre. Les bassins hydrographiques desservis par les vingt plus grands fleuves de la planète ne représentent qu'un cinquième de la superficie des terres émergées mais concentrent la moitié des flux d'eau douce de la planète. Sur 192 états dans le monde seulement se partagent les deux tiers de la ressource totale d'eau douce! [...]
[...] >gaspillage Le mauvais entretien des canalisations et adductions d'eau dans bien des pays entraîne des déperditions massives. On estime qu'elles sont de l'ordre de 40% à 60% dans certaines mégalopoles des pays en développement à Jakarta). Entre 1950 et 2000 les prélèvements en eau pour l'agriculture ont doublé (passant de 1100 à 2500 par provoquant une surexploitation des eaux en surface et des eaux souterraines. Faute d'irrigation intelligente évitant l'évaporation (goutte à goutte, arrosage enterré des fleuves sont ainsi presque intégralement détournés, engendrant de nombreuses catastrophes écologiques et humaines, à l'image de la disparition progressive de la mer d'Aral ou de lac Tchad (qui a perdu près de de sa superficie). [...]
[...] >Située en amont, la Turquie contrôle en effet 90% des eaux de l'Euphrate et 50% de celle du Tigre. Son Great Anatolian Project, lancé en 1970, vise à réaliser un total de 22 barrages pour promouvoir l'irrigation et la production d'hydroélectricité. Et l'élément clé du système, le barrage Atatürk sur l'Euphrate, en service depuis 1992, réduit considérablement le débit d'eau en aval, c'est-à-dire en Syrie et en Irak, ce qui est à l'origine de tensions évidentes entre les deux pays et la Turquie. [...]
[...] >pollution Les villes, l'agriculture (rejet massif d'engrais _ phosphates, nitrates), et les industries (rejet de déchets chimiques) déversent sans relâche d'immense quantité d'eau non traitée dans la nature, contaminant ainsi l'eau potable Ainsi en Russie, les trois quarts des lacs et des rivières ont une eau impropre à la consommation, car les systèmes de traitement des eaux usées sont défectueux. Le constat est encore plus alarmant dans les pays en développement puisque environ 90% des eaux usées urbaines y sont rejetées dans les rivières, les lacs et les mers sans le moindre traitement. Aujourd'hui, la moitié environ des rivières et des fleuves mondiaux sont gravement pollués et donc source de maladies. [...]
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