Ressource limitée, mais indispensable à la vie et au développement économique, l'eau doit sa dimension géopolitique à une répartition inégale des ressources selon les pays et au caractère transnational de nombreux cours d'eaux. Sa gestion nécessite une coopération au niveau régional, mais peut entraîner des tensions entre pays voisins dans de nombreuses parties du monde. Des analystes craignent l'apparition de véritables guerres de l'eau au XXIe siècle. En effet, en 1991, lorsque le Kazakhstan, le Kirghizstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan sont devenus indépendants, les réseaux d'irrigation ont été partagés entre plusieurs états souverains dont les ressources et les besoins en eau se sont révélés très inégaux, en fonction de leur localisation et de leur agriculture. Le partage des eaux devient un enjeu majeur en raison de la pénurie qui affecte les régions situées à l'aval des grands fleuves, dans un contexte où chaque état cherche à s'affirmer.
Cette pénurie constitue-t-elle une cause de conflit entre les républiques et entre les sociétés d'Asie centrale ? Dans cette optique il nous paraît intéressant d'étudier les différentes caractéristiques du bassin de la mer d'Aral, puis d'exposer les enjeux de cette situation avant de présenter enfin les perspectives d'aménagements envisagées ainsi que leurs effets.
L'intérêt de ce sujet réside dans le fait que la mer d'Aral constitue une des catastrophes écologiques majeures du XXe siècle. De plus, son cas est parfaitement représentatif de la consommation mondiale d'eau, dans la mesure où l'on consomme sans se soucier du développement durable. Enfin, ce désastre et cette région du monde sont en général assez méconnus, ce qui nous a incité à traiter ce sujet afin de tenter de l'éclaircir.
[...] L'eau en Asie centrale : une source de conflit ? La mer d'Aral en 1985, photo parue dans Espace Magazine de mars - avril 2004 INTRODUCTION Ressource limitée, mais indispensable à la vie et au développement économique, l'eau doit sa dimension géopolitique à une répartition inégale des ressources selon les pays et au caractère transnational de nombreux cours d'eaux. Sa gestion nécessite une coopération au niveau régional, mais peut entraîner des tensions entre pays voisins dans de nombreuses parties du monde. [...]
[...] Par contre, le stock annuel disponible dans le bassin de l'Aral s'élève à 133 km3 d'eau, en raison de la puissance du Syr- daria et de l'Amou-daria. En dépit de l'aridité, les sociétés d'Asie centrale pouvaient compter sur une ressource hydrique abondante, quoique bien délimitée dans l'espace. En effet, les steppes sèches et les déserts occupent 90% de la cuvette aralo-caspienne cependant que la population sédentaire se concentre sur les deltas des principaux cours d'eau (Amou Daria, Mourgab) et dans les régions de piémonts (Tachkent, Ferghana). [...]
[...] Il y a peu de temps encore, les atlas décrivaient la mer d'Aral en Asie centrale comme le quatrième plus grand lac du monde. Elle n'occupe désormais qu'environ 20% de son étendue originale. Le climat de la région autour de la mer d'Aral est sec, les averses sont rares (env mm par an, en comparaison il pleut en Suisse jusqu'à 2400 mm par an). Le climat s'est totalement transformé. Initialement, les températures oscillaient entre 25°C en hiver à plus de 35°C en été. Aujourd'hui, il fait de 50°C à +50°C. [...]
[...] Entre 1959 et 1989, la population a augmenté de 115% en Asie centrale, passant de 22,9 millions à 49,4 millions d'habitants. Cette croissance, quoique ralentie, s'est poursuivie par la suite puisqu'en 2002, la population des cinq républiques de l'Asie centrale est estimée à 56 millions d'habitants. Par ailleurs, dans le cadre de la politique de spécialisation régionale au sein de l'URSS, les surfaces agricoles irriguées ont été étendues. De 1950 à 1985, leur superficie a cru de 5,5 à 9 millions d'hectares en Asie centrale, en hausse de à la suite de l'extension des surfaces irriguées en périphérie des anciennes oasis et de la réalisation de programmes d'aménagement hydraulique et agricole de grande ampleur dans des régions récemment mises en valeur. [...]
[...] Dans le Caucase oriental, le partage de l'eau était implicite. En Asie centrale, l'administration des états féodaux sédentaires organisait suivant des règles strictes la répartition et percevait un impôt spécifique sur l'eau. Ainsi, dans l'émirat de Boukhara, au XVIIIe siècle, l'eau du Zeravchan (fleuve du Tadjikistan et d'Ouzbékistan) était distribuée aux différentes communautés en fonction de l'étendue des surfaces irriguées qu'elles cultivaient. Une communauté agricole correspondait à un système d'irrigation et réciproquement. Les réseaux de canaux ne transgressaient pas les limites des états féodaux. [...]
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