Ces deux fleuves sont donc à l'origine des frontières géographiques, culturelles et politiques qui séparent l'Asie centrale du reste du monde, auquel elle était, cependant, reliée par la route de la Soie. L'Amu Darya, par exemple, séparait les empires nomades turcs et mongols de l'Empire Perse au sud. Il servait de tampon lors de la période du Grand Jeu entre l'Empire britannique en Inde et la Russie tsariste. Plus récemment, il marquait la frontière avec l'Afghanistan gouverné par les talibans. Le Syr Darya protégeait les royaumes d'Asie centrale des invasions périodiques venues de Mongolie, de Sibérie et du désert de Gobi...
[...] Certes, l'indépendance ne constitue pas forcément une cause de conflits. Cependant, aspect souvent négligé, elle renforce la perception nationale du territoire ainsi que de ses ressources. La nationalisation des systèmes hydrauliques, telle que les barrages et le contrôle du débit d'eau qu'elle occasionne, crée des conflits entre les différents États riverains. Intérêts divergents En 1993, l'utilisation par le Kirghizstan des barrages sur le Syr Daria pour la production d'hydro électricité durant l'hiver a causé une perte d'eau pour les terres agricoles irriguées dans les pays riverains les mois suivants. [...]
[...] Il est vrai que ce désastre écologique ne constitue pas une cause de conflit entre les cinq nouvelles républiques. Cependant, elle reflète la situation alarmante de la gestion de l'eau en Asie centrale, résultante de l'occupation et de la stratégie russe depuis le début du XIXème siècle. Il est donc important de revenir à cette période pour comprendre les enjeux des conflits actuels par rapport à l'eau dans cette région. Auparavant, un aperçu géographique et hydrographique est nécessaire afin de mieux situer les dépendances engendrées par rapport à l'eau. [...]
[...] Le détournement des eaux avec la construction de multiples canaux en dehors du bassin de la mer d'Aral constitue certainement une leçon pour éviter de nouveaux désastres écologiques. C'est le résultat de cette politique qui conduit le président Karimov à affirmer : "It was Moscow, the centre, the Soviet Union it was the barbaric use of water resources that led to the Aral tragedy Cependant, les planificateurs russo-soviétiques puis les leaders centre-asiatiques ne tirent pas les leçons de cette tragédie. [...]
[...] La poursuite d'intérêts nationaux se met donc en place aux dépens d'une politique de coopération. Et l'Afghanistan ? Les efforts de coopération se limitent pour plusieurs raisons évidentes aux cinq républiques d'Asie centrale. L'Afghanistan, qui contribue à du débit de l'Amou Darya, n'a pas été inclu dans le partage de ces eaux, compte tenu de la guerre civile qui se déroulait dans ce pays. Pourtant, l'Afghanistan a un rôle clef dans la région au niveau hydraulique. Ses rivières - la Murgab et la Kotcha - alimentent l'Amu Darya. [...]
[...] Les conséquences sur la santé sont encore plus inquiétantes. Ainsi on observe une augmentation inexplicable du niveau des cancers de la gorge, mais aussi des maladies des reins et du foie, l'arthrite, les bronchites chroniques, la typhoïde et l'hépatite A. D'autre part, on observe aussi un impact sur les conditions climatiques qui a d'importantes conséquences. En effet, la mer d'Aral fonctionne comme un 'thermostat climatologique' pour toute la région. Au fur et à mesure que la mer disparaît, le climat change en faveur d'étés plus secs et d'hivers plus froids. [...]
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