L'idée de dissuasion nucléaire, lorsqu'elle fonctionne, fait écho aux paroles de Clausewitz qui définissait la stratégie comme un moyen de « faire de la force un instrument de politique plutôt qu'un meurtre inconscient ». Plus concrètement, la dissuasion consiste en la prévention d'une action par la menace d'une punition aux effets intolérables pour l'adversaire. Il s'agit donc d'un usage passif et stratégique de l'arme nucléaire. S'il s'agit d'une stratégie, la dissuasion nucléaire est donc en mesure d'évoluer, de se transformer et de s'adapter à des contextes nouveaux. C'est dans cette perspective que j'aimerais orienter le débat sur la fonctionnalité ou l'efficacité de la dissuasion nucléaire. En effet, de ses origines à l'heure actuelle, la dissuasion nucléaire a traversé des époques et des contextes variés qui vont de la fin de la deuxième guerre mondiale à nos jours. On est donc en droit de se demander si cette stratégie a rempli de par le passé, et peut continuer de remplir, sa fonction dans le contexte politique mondial d'aujourd'hui. On verra tout d'abord que depuis la première utilisation de la bombe atomique en 1945 jusqu'a la fin de la guerre froide, la dissuasion nucléaire a fait ses preuves en tant que moyen stratégique de défense et de diplomatie. Cependant, nous verrons que depuis la fin du monde bipolaire, la question de la dissuasion nucléaire devient plus délicate. En effet, la prolifération des programmes nucléaires en particulier en Asie et au Moyen-Orient ainsi que la menace du terrorisme, remettent en question la stratégie classique de la dissuasion et la sécurité qu'elle pouvait garantir auparavant.
Les risques liés à la dissuasion seraient-ils en train d'outrepasser les bénéfices ?
[...] La réponse est multiple : évidemment la dissuasion nucléaire occidentale reste indispensable dans le cas extrême ou un pays proliférant lançait une offensive. Cependant la dissuasion nucléaire s'appuie désormais sur d'autres moyens de pression. Sur le plan militaire, on sait que les Etats- Unis en premier développent des mini armes nucléaires qui pourraient servir pour des frappes dites chirurgicales (elles sont la preuve flagrante que la dissuasion nucléaire traditionnelle ne suffit plus et annonce une mutation importante qui pourrait concerner d'autres pays). Sur le plan économique, les sanctions bien ciblées peuvent influer sur les pays proliférants. [...]
[...] Une des limites de la dissuasion nucléaire serait donc qu'elle ne fonctionne qu'entre acteurs rationnels cherchant de préférence à éviter la guerre. En effet, comment doit-on réagir face à un pays comme l'Iran qui cherche clairement à développer un arsenal nucléaire tout en maintenant des propos du type il faut rayer Israël de la carte A quoi doit-on s'attendre si la Syrie ou même l'Arabie Saoudite (actuellement suspectés) devaient acquérir l'arme nucléaire ? Dans ce nouveau contexte, l'arme nucléaire pourrait déborder de son rôle dissuasif pour adopter un rôle offensif volontaire ou incontrôlé. [...]
[...] L'Irak a pris la menace au sérieux puisqu'on a découvert plus tard que les Irakiens possédaient de telles armes mais s'étaient gardés de les utiliser. La dissuasion nucléaire a donc fait ses preuves au fil de l'histoire en tant que moyen de pression stratégique. Cependant, les risques énormes qui accompagnent toute activité ou arsenal reposant sur l'énergie nucléaire nous empêchent d'abuser de l'argument selon lequel jusqu'à présent tout s'est plutôt bien passé Le contexte international actuel nous confronte d'ailleurs à de nouveaux acteurs de la dissuasion nucléaire dont l'honnêteté des ambitions et le sens des responsabilités laissent songeurs. [...]
[...] Les risques liés à la dissuasion seraient-ils en train d'outrepasser les bénéfices ? depuis la première utilisation offensive de la bombe atomique en 1945 jusqu'à la fin de la guerre froide, la dissuasion nucléaire a fait ses preuves en tant que moyen stratégique et de diplomatie L'issue pacifique de la guerre froide montre que la dissuasion nucléaire a fonctionné Les attaques nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, qui ont mis fin à la Deuxième Guerre mondiale ont contribué a la crédibilité de la menace nucléaire pour l'avenir, et alimentent donc la peur de la catastrophe sur laquelle s'appuie la dissuasion nucléaire. [...]
[...] Leur pouvoir est aujourd'hui contestable. L'AIEA qui gère la tâche difficile de faciliter l'accès au nucléaire civil tout en contrôlant les risques de prolifération semble impuissante face aux nouveaux défis. Son seul pouvoir semble être de localiser les zones ou programmes sensibles suite aux investigations. On a vu que le dossier iranien a dû être transféré au conseil de sécurité de l'ONU qui semble tout aussi impuissant à l'heure actuelle. Conclusion En définitive, cette analyse un peu historique de la dissuasion nucléaire nous a permis de voir que le contexte actuel ne ressemble en rien à celui des premières expériences de la dissuasion nucléaire. [...]
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