La dissuasion est une théorie criminologique consistant dans l'idée qu'il est possible d'empêcher quelqu'un de commettre un crime par la peur que lui inspirent les conséquences potentielles de son acte.
Au sens militaire, elle est un moyen utilisé pour forcer la paix en rendant la guerre trop coûteuse pour l'attaquant, c'est-à-dire en s'assurant que les inconvénients liés à son attaque, notamment l'ampleur de la riposte, demeurent supérieurs aux avantages qu'il pourrait en retirer, ou du moins les annulent. Cette technique est ancienne et se retrouve déjà dans la maxime romaine « si vis pace, para bellum » qui reprend le principe des représailles.
La dissuasion implique que la menace de riposte soit crédible tant par le volume, la puissance et la rapidité de la réponse. Il n'est pas toujours nécessaire que la réplique à une agression soit plus forte que celle-ci : elle peut être progressive, nuancée et dosée en fonction de l'action adverse, notamment afin d'éviter une escalade du conflit. Elle ne fait alors rien d'autre que mettre en application la loi du talion, « œil pour œil, dent pour dent ».
Dialectique entre le risque et l'enjeu, la dissuasion implique prudence et modération afin d'éviter de se heurter au comportement jusqu'au-boutiste d'États acculés, soit que l'assaillant veuille à tout prix retirer un dividende aussi maigre soit-il d'une entreprise qui lui aura déjà trop coûté, soit que l'agressé se retrouve dos au mur et estime qu'il n'a plus rien à perdre à jeter ses ultimes forces dans la bataille.
Aussi, ne s'agit-il pas seulement d'inciter un État tenté d'utiliser la force militaire à y renoncer, encore faut-il lui laisser entrevoir la possibilité de régler pacifiquement le différend. Montrer sa force pour ne pas avoir à s'en servir demeure une donnée essentielle de l'art militaire, mais il ne faut pas en faire trop grand étalage au risque que d'autres États ne l'interprètent comme une menace pour leur sécurité.
L'efficacité de la dissuasion a montré ses limites dès lors qu'elle était fondée sur des moyens militaires conventionnels défensifs comme le limes romain, les fortifications Vauban ou encore la ligne Maginot. Mais elle a pris une dimension nouvelle avec l'apparition de l'arme nucléaire en 1945. En raison de l'ampleur de la destruction, i.e. l'anéantissement de la planète, que permettent théoriquement les armes nucléaires, un « équilibre de la terreur » s'est instauré à l'échelle mondiale. Néanmoins, avec la fin de la guerre de la froide, l'apparition d'un terrorisme global et d'acteurs nucléaires régionaux, la diffusion d'armes de destruction massive, bactériologiques ou chimiques, ou encore la possibilité d'être confronté à des « bombes sales », invitent à repenser le sens et les vecteurs de la dissuasion nucléaire.
[...] La mise au point de l'arme nucléaire : l'avance américaine et la course des "alliés" 1. Généalogie d'une nouvelle arme : le soleil de mort américain L'arme nucléaire est le fruit du projet Manhattan District dont le siège était à New York. Il a été lancé à l'été 1942 alors que les Américains avaient été alertés par Einstein qui avait adressé une lettre au président Roosevelt le 2 août 1939 et dans laquelle il décrivait les conséquences de l'explosion d'une bombe nucléaire sur une ville tout en se faisant l'écho des craintes que nourrissait un savant hongrois (Szilard) à l'idée que l'Allemagne nazie gagne la course atomique. [...]
[...] La doctrine de la riposte graduée (flexible response) est ainsi adoptée par les États-Unis en 1962 après la crise de Cuba, avant de devenir celle de l'OTAN en 1967, malgré les réticences des Européens qui craignaient un découplage entre leur sécurité et celle des États-Unis, faisant ainsi de l'Europe occidentale un potentiel théâtre d'opérations. Après la crise des euromissiles[7], l'Europe a recouvré en partie son bouclier nucléaire. Cette stratégie vise à utiliser toute la gamme des armes nucléaires (des armes tactiques aux missiles stratégiques) pour définir des étapes permettant d'enrayer la guerre nucléaire. [...]
[...] Il faut alors disposer d'un appareil de contrebatterie à deux étages : frapper à la source le tir de missiles (theater missile defense TMD), ce qui implique une capacité de réaction ultra-rapide (interception SCUD irakiens par Patriot américains) ; arrêter les missiles balistiques à leur entrée dans l'atmosphère (national missile defense NMD), ce qui sanctuarise le territoire national. B. Les solutions retenues par les puissances nucléaires pour faire face aux nouvelles menaces 1. La guerre des étoiles relancées . fin de la dissuasion ? [...]
[...] - in Rapport du Comité scientifique ad hoc sur la question de l'utilisation de l'arme nucléaire. 50% des victimes furent tuées par les effets mécaniques de l'explosion par la chaleur par la radioactivité, soit morts dont sur le coup ; il y eut surtout irradiés qui souffrirent pour la plupart de tumeurs au début des années 1960. Bombe dite thermonucléaire reposant non plus seulement sur la fission mais sur la fusion atomique, multipliant par mille la puissance des bombes nucléaires. [...]
[...] L'Inde a défini sa doctrine dans un National Security Advisory Board (NSAB) en 1999 où celle-ci paraît tiraillée entre des impératifs difficiles à concilier (convaincre les Occidentaux de sa détermination, marquer la Chine au plus près et la dissuader sans la provoquer, neutraliser la dissuasion pakistanaise sans provoquer de course aux armements). Le Pakistan a affirmé la vocation strictement dissuasive de son arsenal nucléaire, à l'endroit quasi exclusif de l'Inde, dans une stratégie du faible au fort. En Russie, le principe de la parité des armements avec les États-Unis est abandonné au profit du principe de la suffisance, ce qui pourrait l'amener à accepter d'avoir à ouvrir le feu nucléaire en premier. [...]
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