Dissertation sur Les puissances en Europe de 1648 à 1748
[...] A partir de 1648 et durant les décennies qui suivront, les états développent donc progressivement le monopole de la puissance: alors que la méthode de conscription pour développer l'armée fluctuait encore d'une province à l'autre au début des Temps Modernes, elle va progressivement devenir prérogative d'état; de même, l'activité diplomatique sera désormais menée sous l'égide des états. Cette nouvelle donne change la donne dans la détermination des "puissances" continentales: les états relativement "centralisés", dont le territoire est géographiquement d'une taille raisonnable et ne présentant pas de contre-pouvoirs à l'échelle provinciale et/ou supranationale peuvent nettement plus facilement s'affirmer qu'auparavant. Nous allons voir ainsi pour quels pays cela se manifeste dès les décennies qui suivent. [...]
[...] De par son existence étatique relativement stable, malgré de récentes difficultés économiques, celle-ci va pouvoir également s'affirmer à l'avènement du tsar Pierre le Grand dès 1682. La Russie renforce sa présence à l'ouest parce qu'elle sait moderniser son armée et la moderniser à l'européenne; le progrès technique ainsi opéré associé à la position géostratégique et au fait qu'elle n'ait pas subi la Guerre de Trente Ans sur son territoire lui permet de bénéficier de l'affaiblissement de l'Empire Germanique. Nous pourrions encore mentionner le développement de la puissance britannique. [...]
[...] Ce n'est qu'en constatant que jusqu'à récemment le même ordre international a été conservé et peu contesté qu'on prend la mesure de l'aspect fondateur de ce premier siècle régi par l'ordre westphalien pour l'organisation des relations internationales contemporaines. C'est en effet bel et bien parce que ce système est à la base de nos modes d'analyse des relations internationales qu'il nous semble si évident; l'on peut pourtant s'interroger, aujourd'hui, sur la persistance de cet ordre - l'état est encore l'acteur central des relations internationales - à l'heure des unions continentales telles que l'Union Européenne, de la mondialisation ou encore de nouveaux régionalismes. Des questions naturellement loin d'être posées durant les Temps Modernes. [...]
[...] La France s'implique ainsi entre autres dans la Guerre de Hollande (1672-1678), et la Guerre de Succession d'Espagne (1702-1714). L'installation d'un roi Bourbon à Madrid constitue un symbole fort: en mettant un terme au règne de la dynastie Habsbourg à l'ouest - ils conservent le pouvoir à Vienne - c'est un rival de longue date qui se trouve affaibli. Sous Louis XIV notamment, la France va de nouveau gagner des territoires, jusqu'à atteindre Strasbourg. D'autres états vont prétendre à une reconnaissance similaire de "puissance". [...]
[...] L'Angleterre est insulaire et n'a a priori pas vocation à s'étendre sur des territoires ouest-européens au détriment de ses voisins. Pourtant, bien des signes indiquent dès la fin du XVIIème siècle son expansionnisme par d'autres moyens, notamment le commerce, en particulier maritime, mais aussi le renforcement de sa présence dans diverses régions du monde, en Amérique du Nord notamment (Canada, provinces de l'est des futurs États-Unis). Le cas anglais démontre bien que la puissance ne se manifeste pas que par la confrontation militaire, même si celle-ci ne sera certes pas absente dans la politique britannique de la période qui nous intéresse. [...]
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