Le Pape constitue un acteur tout à fait singulier dans les relations internationales, du fait à la fois de l'ancienneté de l'institution et de l'originalité de ses modes d'action. Sa diplomatie, définitivement officialisée par les accords du Latran en 1929, présente la caractéristique de n'avoir pas d'intérêts de type « national » à défendre (territoire, population, richesse) ; en conséquence elle défend des valeurs universelles, des « biens communs » de l'humanité, au premier chef la paix entre les peuples. Toutefois, le Pape étant simultanément le chef ou « pasteur » de l'Église universelle, sa diplomatie est également dans une certaine mesure en charge des intérêts de l'ensemble des croyants de rite catholique dans le monde. D'où une ambiguïté foncière dans ses objectifs. Interroger cette ambiguïté, c'est se poser la question de la place de l'Église dans le système international.
Celle-ci a considérablement évolué, accompagnant les bouleversements du vingtième siècle, c'est pourquoi une approche historique nous a semblé appropriée. Prétendant, grâce à son statut issu des accords du Latran, dépasser la dimension interétatique des relations internationales, la diplomatie vaticane met l'accent sur la recherche d'une paix inspirée de valeurs catholiques à vocation universelle ; sa souplesse lui permet de répondre aux changements des contextes internationaux. Néanmoins, ces réponses font naître une tension qui va croissant entre sa vocation originelle, défendre le dogme et les intérêts catholiques, et sa recherche du dialogue interreligieux.
[...] Du même coup elle rend moins claire la distinction entre les deux termes du sujet : paix et foi apparaissent liées de manière indissoluble, en raison notamment d'une certaine dilution de l'idée de foi : il ne s'agit plus de l'adhésion à un dogme, à un système de valeurs, mais d'un sentiment assez diffus, plus individuel, qui peut rencontrer des échos dans les autres religions chrétiennes. De ce point de vue l'œcuménisme apparaît comme le lieu de rencontre entre l'idée de foi qui réunit les participants et celle de paix par l'intermédiaire du dialogue. [...]
[...] C'est tout le sens des rencontres d'Assise, organisées pour la première fois en 1986. Elles réunissent des représentants des principales religions (jusqu'au jaïnisme) sur le thème de la paix. Les réunions suivantes, toujours à Assise, sont organisées, fait significatif, par Sant'Egidio. Si la portée pratique de ce type de rencontres n'est pas évidente, leur poids symbolique est très fort : elles relèvent d'une démarche nouvelle destinée à concilier la recherche de la paix et la proclamation d'une foi qui transcende les clivages religieux, et représente un ferment d'unité. [...]
[...] Ses intérêts de chef d'État s'identifient en quelque sorte à ceux de l'Église, ce qui le fonde à faire la guerre aux souverains qui le menacent. Il entre donc pleinement dans le jeu politique. À l'extérieur du monde chrétien, il a le devoir de propager la foi catholique, au besoin par les armes, comme en témoignent les Croisades destinées à reprendre Jérusalem au calife de Bagdad. Dans cette perspective, la diplomatie du Pape sert avant tout les intérêts de la foi, étant entendu que la paix universelle n'est possible qu'à la condition du triomphe de celle-ci. [...]
[...] Cependant une analyse distanciée ne peut reprendre à son compte ces déclarations ; elles sont néanmoins révélatrices du changement de contexte qu'ont engendré la disparition des États du Pape et l'expérience des deux guerres totales. Le catholicisme se veut une religion pacificatrice, non seulement au niveau individuel mais également au niveau des États. Il ne s'agit là nullement d'une déclaration de principe : Pie XII, ses successeurs Jean XXIII et Paul VI ont apporté un soutien constant au principe de la sécurité collective et à l'action de l'ONU. [...]
[...] Un statut à part 1-Aperçu historique -constitution du réseau diplomatique Dès le quatrième siècle, la papauté envoie des représentants, les vicaires apostoliques, chargés des relations avec les Églises locales. Si, jusqu'à la Renaissance, leur mission n'a pas de caractère permanent, elle acquiert néanmoins un caractère proprement diplomatique dans la mesure où ils représentent le Pape aussi bien auprès des évêques que des autorités souveraines. À partir du seizième siècle le réseau diplomatique est à peu près constitué : le Pape a des nonces (du latin nuntius, envoyé) permanents auprès des États souverains. [...]
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