Diplomatie et commerce
[...] Le commerce ne permet pas non plus de résoudre des conflits régionaux. L'antagonisme arabo-israélien ne trouvera pas de solution au travers du commerce, en tout cas pas dans un premier temps, même si tous les états de la région auraient a priori un intérêt à commercer. Ce conflit est d'abord un conflit politique que seule la diplomatie pourrait éventuellement résoudre, au travers de négociations ou après un nouveau conflit armé. Les accords d'Oslo ou de Wye Plantation sont issus de négociations diplomatiques. [...]
[...] Les liens entre diplomatie et commerce ont aujourd'hui évolué. Face à l'internationalisation des échanges et au développement spectaculaire du commerce mondial depuis 1947, la diplomatie semble marquée par la volonté de faire du commerce un nouvel instrument privilégié d'expression de la puissance. Cette puissance n'est plus directement celle de l'Etat mais celle de certaines des composantes constitutives de la nation, au point de donner une nouvelle actualité à l'expression "ce qui est bon pour General Motors est bon pour les Etats-Unis". [...]
[...] La diplomatie est au service de l'état avant d'être au service des particuliers ou des entreprises. Une relation bénéfique à une entreprise peut ne pas l'être pour l'état. Des liens trop étroits entre entreprises et pouvoirs publics peuvent aussi conduire à dévoyer la diplomatie. La compagnie United Fruits, aujourd'hui Chiquita, n'a pas cessé d'influer sur la diplomatie américaine depuis les années 40 jusqu'à aujourd'hui en Amérique centrale, à travers le renversement du Colonel Arbenz au Guatemala en 1954 ou la guerre de la banane au sein de l'OMC en 1999. [...]
[...] Les conditions d'exercice de la puissance et de la souveraineté font qu'il est difficile de souscrire pleinement à cette affirmation. Les relations internationales sont et resteront d'abord marquées par des rapports de puissance traditionnels (force armée, moyens d'influence, outils culturels, etc), même dans le cadre de relations commerciales. La diplomatie est seule susceptible d'assurer aux états la représentation de leurs intérêts, en dehors des cas de conflits armés, sur la scène internationale. [...]
[...] Les enjeux commerciaux internationaux font qu'il est désormais difficile, du fait de leur ampleur, de leur impact sur les économies nationales, de les distinguer des enjeux diplomatiques classiques comme le désarmement, la construction européenne ou les relations bilatérales ou multilatérales traditionnelles entre états. Le commerce est un moyen de contourner ou de devancer la diplomatie : Il existe en fait deux modes relationnels non-diplomatiques et non- guerriers entre les états : les relations sportives ou culturelles et les relations commerciales. Elles permettent de contourner les blocages diplomatiques. L'absence de relations diplomatiques entre deux états ne signifie pas qu'il n'y ait pas de relations commerciales. [...]
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