Diplomatie : gestion des relations internationales par la négociation. Outil de prévention des conflits.
Coercition : pression qui se fait par le biais d'une menace de recours à la force.
Les deux notions, pouvant sembler antinomiques, sont en réalité complémentaires :
La diplomatie sans la force ressemble à de la musique sans instruments disait Frédéric-le-Grand. Pour être efficace, la diplomatie doit s'appuyer sur la perspective du recours à la contrainte. Elle est un moteur de négociation en ce qu'elle influence la volonté de l'adversaire. Ainsi l'application de la diplomatie coercitive a pour objectif d'éviter la guerre et ses coûts, humains et matériels, tout en aboutissant au même résultat.
« Idéalement, la perspective du recours à la force sans son emploi, contraindrait l'adversaire à obéir aux volontés qui lui sont dictées » (David Charles Philippe, La guerre et la paix, Paris, Presses de Sciences Po, 2000). Mais cet idéal est rarement atteint. Le propre même de la diplomatie coercitive étant de se situer constamment à la frontière entre emploi de la force et dissuasion, la violence est utilisée en son sein. Contre la thèse de « l'immaculée coercition » se dresse une réalité dans laquelle les parties visées sont soumises à des pressions qui sont déjà plus ou moins des actes de guerre. C'est dans un équilibre fragile entre dissuasion, pression, négociation et menace que résident les conditions du succès de la diplomatie coercitive.
[...] Entre emploi de la force brute et simple dissuasion, la diplomatie coercitive est une stratégie dont les modes d'application sont multiples A. Une définition négative de la diplomatie coercitive : ce qu'elle n'est pas La diplomatie coercitive n'est pas la dissuasion : Dissuader c'est faire en sorte que l'adversaire s'abstienne d'agir. C'est une stratégie de non- emploi des forces. Au contraire, la diplomatie coercitive implique que l'adversaire modifie son comportement. Alors que la première est passive et veut conserver le statu quo, la seconde est active et veut le transformer et ce par des actes de violence si nécessaire. [...]
[...] Diviser la coalition contraignante pour saper sa légitimité. Laisser planer la perspective d'un conflit armé comportant un risque élevé de victimes. Face à de telles répliques, les parties voulant poursuivre la contrainte n'ont alors comme choix que d'exercer une coercition encore plus forte et coûteuse pour elle comme pour les parties contraintes, ce qui n'est pas du tout attrayant. C'est ce qui permet à Alexander George d'affirmer qu'il y aura peu de crises où la stratégie de la diplomatie coercitive pourra être exercée avec une bonne dose de confiance Enfin, dans un contexte de réticence croissante à utiliser la force militaire et de recherche de conflits sans morts, la capacité des démocraties développées à mettre en place des stratégies de diplomatie coercitive peut être mise en doute. [...]
[...] La réalité est tout autre et ce pour deux raisons essentielles : La diplomatie coercitive nécessite souvent l'usage effectif de la violence comme gage de crédibilité. La soumission de l'adversaire à la contrainte n'est jamais chose acquise même s'il est évident qu'elle serait bénéfique pour lui. C'est à la fois l'illusion d'une stratégie propre permettant d'éviter les coûts des conflits armés, et celle d'une stratégie sûre car fondée sur la rationalité de l'adversaire, qui sont remises en question. La distance entre théorie et pratique est évidente et son importance dépendra des conditions dans lesquelles se développe le conflit concerné. [...]
[...] Aujourd'hui deux formes prédominent : les bombardements aériens et les sanctions économiques. Les bombardements aériens : La puissance aérienne, flexible, facile à interrompre pour laisser à l'adversaire la possibilité de changer de position, a une place primordiale dans la stratégie de diplomatie coercitive. Il infléchit les positions en contraignant les décideurs. Les sanctions économiques : Moyen privilégié par les pays développés pour contraindre un adversaire. L'ONU, longtemps paralysée, use beaucoup de ces sanctions par le biais du Conseil de sécurité. [...]
[...] Illustration : départ des soldats américains de Somalie après la mort de 18 d'entre eux (1993) Les opérations de maintien de la paix menées notamment par l'ONU sont le résultat de cette évolution et sont souvent mêlées à une stratégie de diplomatie coercitive (Michel Liégeois, Maintien de la paix et diplomatie coercitive, Bruxelles, Bruylant, 2003). C. La complexité d'une notion parfois mal comprise La multiplicité des termes employés de manière interchangeable pour exprimer une même réalité diplomatie coercitive coercition stratégique stratégie de chantage stratégie de persuasion diplomatie de la canonnière illustre la manque de clarté conceptuelle de la notion étudiée. Ce flou relatif a notamment conduit au développement de deux interprétations inconciliables dont l'une est d'origine française. La difficulté est venue du fait que le terme compellence n'a aucun équivalent en français. [...]
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