A l'origine le terme de diaspora est issu du grec sporo qui signifie graine ou speira, semer. Le terme de diaspora évoque l'idée de dispersion, d'éparpillement. Il fut utilisé en premier lieu pour désigner la migration des savants grecs qui, disséminés dans le Bassin Méditerranéen, y diffusaient la culture hellénique. Avec le temps, l'idée de diaspora s'est forgée autour du problème des communautés juives et de la terre sainte d'Israël. La « Diaspora Juive » est donc historiquement la première diaspora désignée comme telle. Puis l'idée de diaspora va évoluer pour épouser la définition d'une communauté dispersée involontairement, la dispersion et l'éparpillement étant le fait de persécutions et de solutions imposées par un contexte hostile dans le pays d'origine, mais consciente de son appartenance à une grande communauté qui, avec l'avènement des Etats nations, va devenir la nation. C'est donc au cours du 18ème et surtout des 19èmes et 20èmes siècles que l'idée de diaspora va profondément s'enraciner dans les mentalités, avec l'ouverture des marchés au niveau global, les premières migrations volontaires massives autour du travail, etc. L'idée de contrainte perd alors de sa force puisque de plus en plus l'émigration devient un choix qui n'induit pas un déracinement subi mais volontaire, hormis pour les victimes des guerres et des persécutions.
Mais quelque soit la situation des migrants qui tendent progressivement à se regrouper, l'idée d'une diaspora est avant tout imaginaire et véhiculée par différentes croyances ou fantasmes qui lui donnent une validité réelle mais qui la rendent difficilement repérable. En effet une diaspora n'est pas une institution existante qui s'impose en soit mais une conjonction de plusieurs regroupements communautaires sur la base de sentiments d'appartenances, nationaux en particulier. Certaines diasporas sont certes mieux organisées car conscientes de leur poids, de leur devoir envers leur pays d'origine et de leur historicité, et donc plus aisément repérables, organisées autour de réseaux d'associations de promotion de la culture, de l'économie, autour de clubs d'entrepreneurs et d'investisseurs voir autour de lobbys politiques et médiatiques et d'autres formes plus particulières. Derrière l'idée de diaspora c'est donc toujours un sentiment collectif et tourné vers la collectivité qui domine et pour agir en faveur de cette collectivité, les diasporas vont très vite se doter d'outils divers et variés (remises, IDE, lobbying, capital humain, etc.) dont les impacts peuvent être d'une importance capitale pour un pays en termes de développement c'est-à-dire dans l'amélioration durable des conditions économiques, sociales et politiques de ce pays.
De plus en plus d'ailleurs les communautés non institutionnalisées que sont les diasporas ont tendance à être la cible de politiques, de chercheurs et de programmes internationaux qui tendent justement d'en repérer les contours et d'en institutionnaliser l'utilisation dans l'optique de promouvoir le développement des pays les plus faibles. Cette effervescence autour d'un acteur pourtant insaisissable est elle la manifestation d'un réel intérêt pour le développement ? En d'autres termes est ce que les actions en faveur des diasporas en font, de fait, un acteur du développement ? La question est donc de savoir comment est ce que les diasporas qui agissent d'une manière diffuse et incontrôlable en faveur du développement de leur pays d'origine peuvent parvenir à constituer un appui crédible pour les différentes institution chargées de promouvoir le développement, et si cela est avant tout possible dans l'état actuel des connaissances et à la lumière des politiques et programmes menés actuellement.
[...] Conclusion Il est indéniable aujourd'hui que les diasporas soient des acteurs majeurs du développement. Le poids relatif qu'elles peuvent atteindre devient en effet de plus en plus conséquent. Néanmoins il ne faut pas se tromper sur la nature des éléments et des forces qui sont à l'œuvre. Tout d'abord le terme de diaspora n'épouse aucune réalité concrète. La diaspora n'existe que quand une partie des migrants qui la composent commencent à s'associer autour d'un projet ayant pour destination le pays d'origine. [...]
[...] Actuellement la tendance est à l'optimisme et au développement de l'analyse transnationaliste faisant des communautés de migrants et des diasporas des acteurs majeurs du développement. De nombreux programmes commencent ainsi à œuvrer dans cette direction Les cinq dernières années ont ainsi été marquées par la reconnaissance de plus en plus importante accordée au thème des migrations internationales et à leur rôle dans le développement des pays, réalisant par là l'ambition des nouvelles théories autour des acteurs transnationaux comme acteurs et promoteurs du développement. [...]
[...] En effet quel que soit la situation du pays concerné, les diasporas ont toutes été visées par les pays d'origine, avec une importance variable, mais dans une optique qui s'inscrit avant tout dans le court terme. La volonté de maximiser les gains pour la plupart des gouvernements choisissant cette option est relativement claire. Aussi les mêmes questions vont indéniablement se poser sur le plus long terme et constituer des obstacles communs au développement des pays concernés. La dépendance des populations aux remises constitue un risque en cas de diminution du volume de celles-ci pour des raisons qui pourraient tenir aussi bien du contexte international que des raisons strictement nationales. [...]
[...] DE HAAS, Hein, Engaging Diasporas: How governments and development agencies can support diaspora involvement in the development of origin countries? se référer notamment aux rapports suivants : - Banque Inter Américaine de Développement, Remittances to Latin America and the Caribbean - Dilip Ratha (World Bank), Workers' remittances: an important and stable source of external development finance ainsi que les Global Development Finance Report (annuels) - Banque Européenne d'Investissement, FEMIP Report Migration and Development - Working with the diaspora, Mai 2004 L'association Migrations et développement constitue l'un des meilleurs exemples de co-développement réussi. [...]
[...] Enfin on peut ajouter les contributions du BIT[17] et du Haut Commissariat pour les Réfugiés (UNHCR). Toutes ces expériences ont pu ajouter leur pierre à l'édifice en participant de près ou de loin à la Commission Globale sur les Migrations Internationales ou Dialogue de Haut Niveau sur les Migrations et le développement, lancés par le Secrétariat Général de l'ONU, respectivement en 2003 et 2006, et ayant produit un certain nombre de propositions cadres sur les migrations et appuyant notamment le rôle des diasporas dans le développement et la nécessité de produire des améliorations à tous les niveaux pour permettre de renforcer leur capacité d'action. [...]
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