Pour le Prince de Machiavel, « il n'y a rien de plus difficile à effectuer, de succès plus incertains, rien de plus dangereux à entreprendre, que d'initier un nouvel ordre de chose. » Autrement dit, il n'y a rien de plus difficile que l'élaboration de réformes. On ne sait, en effet, jamais si les effets escomptés seront obtenus. La particularité d'une mesure politique, économique ou sociale est qu'elle est susceptible d'agir sur le comportement de groupes d'individus plus ou moins importants selon le périmètre auquel elle s'applique. Cependant, l'incertitude et les risques pris sont d'autant plus élevés si la réforme est mal construite. C'est l'une des critiques qui a été formulée à l'encontre de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International suite à leur programme d'ajustement structurel mis en place dans les années 80 dans le Tiers Monde afin de procéder à une transformation globale des économies de ces pays pour les ajuster aux exigences du marché mondial, et mettre fin au surendettement qui les touche. Les institutions financières internationales leur accordent des prêts pour qu'ils mettent en oeuvre des dispositifs visant à la réalisation de ces objectifs. Pour parvenir à cela, elles exigent que cela se concrétise en des mesures spécifiques telles que la libéralisation des salaires, des prix, des taux d'intérêt, la privatisation des entreprises comme dans les secteurs du gaz, du pétrole ou de l'eau. Ceci a concerné de nombreux pays en développement comme le Mexique, l'Argentine, l'Equateur, les Philippines, le Ghana…
Dès la fin des années 80, les résultats apparaissent très mitigés. Les PAS ont des effets différents selon les régions du monde, on note qu'ils réussissent mieux et sont plus adaptés aux pays d'Asie de l'Est qu'à ceux d'Afrique ou d'Amérique Latine qui fait l'objet de notre étude. Rien qu'en se concentrant sur cette dernière on peut noter que 10 pays ont vu leur taux de chômage augmenter durant cette décennie et que 61% des populations rurales vivent en dessous du seuil de pauvreté. Malgré ces résultats peu encourageants et les critiques portées à l'encontre de ce processus, les PAS sont maintenus…
L'une des mesures les plus controversées imposées à partir des années 90 est la privatisation de l'eau car elle introduit une dimension éthique : accès à une ressource naturelle vitale et dimension écologique. Différents Etats ont mis en place cette politique comme le Mexique ou la Bolivie. C'est dans ce dernier que les limites de cette décision vont se faire le plus ressentir et c'est pourquoi il est intéressant de le prendre pour exemple. Mais pourquoi être allée jusqu'à la privatisation de l'eau ? Cela reflète la volonté des institutions financières internationales d'aller jusqu'au bout de la libéralisation des marchés afin de réduire le poids de l'Eta dans les économies sud-américaines. Celui-ci étant accusé de mener une politique opportuniste nuisant au développement optimal de distribution de l'eau. De plus, à cette époque, les dirigeants latino-américains adhèrent aux thèses de l'Ecole de Chicago et sont désireux de libéraliser leur économie. Cependant, une telle mesure, étant donné la ressource à laquelle elle s'attaque et les pays auxquels elle s'applique, réunit tous les éléments faisant d'elle une décision risquée.
Il s'agit donc de s'interroger sur les raisons de ces résultats mitigés de la politique de privatisation de l'eau et de montrer pourquoi il s'agissait d'une mesure risquée à travers laquelle s'affrontent les intérêts économiques et les droits vitaux de l'Homme.
[...] De plus, la population n'ayant pas été correctement informée des modalités de cette privatisation et mal préparée, ces réformes ont entrainé des protestations violentes dans les rues. De ce fait, ces nouvelles législations n'étant pas comprises dans leur globalité, elles ne peuvent pas être intégrées par les individus. Ces derniers ne peuvent pas respecter les nouvelles règles naturellement puisqu'ils ne savent pas comment elles fonctionnent, quelles sont leurs implications Dans ce sens, il s'agit de règlements, de règles non intériorisées par les populations. [...]
[...] Le système est régi par une loi datant de 1906 sur la gestion de l'eau. Cette dernière dispose que le propriétaire d'un terrain possède tout le sous sol de celui-ci. Ce dernier peut puiser toute l'eau en creusant un puit à condition que cela n'affecte pas l'activité d'une tierce personne. Sur le reste du territoire, c'est-à- dire sur les terres publiques, l'eau appartient à l'instance municipale. Cependant, une personne peut demander une autorisation de creuser un puit au gouvernement central ou municipal selon la quantité d'eau qu'il souhaite puiser. [...]
[...] Ces derniers sont pour la plupart des régimes autoritaires ou des fictions démocratiques comme au Mexique et décident seuls de la stratégie à adopter pour sortir leur pays de la crise de la dette. Ainsi, seules les populations riches : les entrepreneurs locaux, les hauts fonctionnaires sont consultés et voient leurs compétences s'accroitre alors que les pauvres, mal organisés, ne disposent d'aucun moyen effectif de faire entendre leur voix. Par exemple, en Argentine, les alliés du président Menem se sont vus offrir des postes de hautes responsabilités et fortement rémunérés au sein des entreprises privatisées. [...]
[...] La population qui est pourtant au cœur de ce nouveau processus dans le sens où les objectifs officiels de cette privatisation sont la réduction des coûts, l'expansion du réseau de distribution, la participation accrue de ces derniers dans la gestion, etc . est donc exclue de la mise en œuvre de ces réformes et réduite à un rôle purement instrumental à savoir celui de consommateurs pour les nouvelles firmes privées de distribution de l'eau. De ce fait, la question de la légitimité de ces accords bilatéraux ainsi que de ces réformes se pose. [...]
[...] Leur salaire a donc été largement amputé d'autant plus que les tarifs sont ajustés au dollar américain. Enfin, privatiser l'eau était en totale contradiction avec les traditions ancestrales des autochtones qui étaient propriétaires de l'eau depuis des siècles. Ainsi, cette réforme a entrainé de profonds bouleversements dans le pays. La Bolivie n'était finalement pas prête à accueillir une réforme d'une telle envergure que ce soit économiquement, politiquement et culturellement. Finalement, j'ai voulu démontrer que les institutions financières internationales qui ont encouragé les pays latino-américains tels que la Bolivie à privatiser le secteur de distribution de l'eau ont fait une erreur dans la conception de leur politique. [...]
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