Le recours par Israël aux bombardements massifs des zones urbaines et sa défaite face à une guérilla populaire n'ont pas d'équivalent depuis le bombardement d'Hanoï et la victoire du peuple vietnamien sur les troupes US. Le sort des armes a renversé les problématiques internationales transformant une guerre d'Israël contre une « organisation terroriste » en un conflit idéologique régional entre forces sionistes et anti-sionistes qui traverse aussi bien le Liban qu'Israël.
[...] Informés du détail de la hiérarchie et des insignes de commandement, ils ciblaient les officiers avant de disparaître. Cette qualité du renseignement de la Résistance, qui contraste avec l'auto- intoxication du renseignement militaire sioniste, explique en partie le résultat sur le terrain. Le souvenir restera de la ville d'Aïta Al-Chaab, à la frontière libano-israélienne, où une centaine de combattants résista pendant 34 jours aux assauts de Tsahal sans jamais tomber. Hassan Nasrallah : à la fois Ho Chi Minh et Mandela ? [...]
[...] Suivant les théories élaborées par les généraux libanais A. H. et E. H., il a inventé une forme de guérilla qui joue sur une palette d'armements disparates. Ainsi, il a enfoui à l'avance dans le sol d'archaïques téléphones de campagne impossibles à intercepter à la différence des communications numérisées, tout en utilisant des lunettes infrarouges high- tech de vision nocturne pour accroître la mobilité de ses commandos. La guerre du Liban n'a donc pas été une guerre asymétrique opposant une armée moderne, bien équipée, à une guérilla de va-nu-pieds. [...]
[...] Or, les frontières du Liban n'ont pas été modifiées ; les populations du Sud-Liban ont regagné les terres dont elles ont été chassées ; le Hezbollah est devenu la première force politique et militaire du Liban et devient un acteur essentiel de la vie politique intérieure israélienne ; les Libanais ont refait leur unité ; la Syrie a retrouvé un leadership régional ; l'Iran est renforcé par la victoire de son allié libanais. Quant aux objectifs financiers, la famille Hariri loin d'être en mesure de se maintenir au pouvoir à Beyrouth risque de perdre les immenses propriétés qu'elle a acquises illégalement au cours de la première reconstruction En tous points, l'offensive militaire est une défaite. [...]
[...] La défaite israélienne L'offensive israélienne au Liban répond à une conjonction d'intérêts. - Pour les néoconservateurs au pouvoir aux États-Unis, qui font ici office de donneur d'ordre, il s'agit stratégiquement de poursuivre le plan de remodelage des frontières du Grand Moyen-Orient, et tactiquement d'éliminer le Hezbollah avant d'attaquer la Syrie, puis l'Iran - Pour le régime sioniste au pouvoir en Israël, il s'agit stratégiquement de chasser les populations du Sud-Liban, d'annexer cette zone et ses nappes phréatiques, d'y créer un bantoustan pour les Arabes de Cisjordanie –voire de Gaza-, et tactiquement d'éliminer le Hezbollah en tant qu'opposition au gouvernement Siniora. [...]
[...] Mais la rhétorique de la guerre au terrorisme qui assimile tout mouvement patriotique à des groupuscules de fanatiques, l'a emportée sur une réalité connue de tous. Le Hezbollah est un réseau de résistance constitué au cours de l'occupation israélienne (1982-2000). Parfaitement conscient que la paix est impossible dans la région tant que n'aura pas été réglée la question du régime politique en vigueur en Israël, il a consacré les six dernières années à se préparer à de nouvelles batailles. Il a conservé sa structure clandestine, tout en développant une aile politique et parlementaire. Il a formé ses membres, hommes et femmes, à une discipline combattante. [...]
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