Le Darfour est un sujet épineux, aussi bien pour les dirigeants du Soudan que pour l'Union Africaine, l'ONU ou tous les pays qui tentent d'y apporter une aide, qu'elle soit humanitaire ou économique. On donne très souvent la date de février 2003 pour marquer le début du conflit du Darfour. Cette date est le début des révoltes armées provenant des rebelles de cette région. Cette rébellion (menée par les milices JEM, SLA, NMRD) reprend ni plus ni moins les mêmes revendications que celles du SPLA dirigé, initialement par le défunt John Garang : meilleur partage du pouvoir et des richesses au niveau national, au-delà de son exigence de rééquilibrage de relations entre les différents groupes ethniques de la région.
Cette région du Sud Ouest du Soudan connaît un enclavement important, et ceci depuis plus d'un siècle, aussi bien sous le joug des turco-égyptiens, que sous la tutelle des britanniques. L'exclusion poussée à son paroxysme est celle que les darfouriens subissent depuis 18 ans avec le gouvernement de Khartoum, à l'idéologie arabiste et islamiste, promulguée par El-Beshir, actuel président de la république du Soudan. L'Union Nationale, découlant des accords de paix généralisée de Nairobi du 9 janvier 2005, n'a guère changé les choses.
Les accords de Paix du Darfour de février 2006, signé à Abuja, sont loin d'être respectés et cela a divisé la rébellion darfourienne (Seul un mouvement rebelle sur les 3 en place a signer cet accord : Le SLA), créant ainsi, au-delà de ces clivages entre mouvements rebelles, des factions à l'intérieur même de ces groupes, qui peuvent se retourner contre les populations qu'ils étaient censés au départ protéger. Ajoutons à cela l'implication de rebelles du Darfour (les Zarghawa) dans la guerre civile du Tchad et les retours de forces que cette région connaît aujourd'hui de ces anciennes actions. N'oublions pas de combiner ceci avec l'exploitation massive du pétrole du Sud Soudan depuis 1999 et les projets de conduction de l'or Noir du Tchad vers Port Soudan via le Darfour, et nous arrivons alors dans un conflit ethnique, régional, national et international.
Pour tenter de comprendre aux mieux les causes de ce conflit, nous allons détailler les différentes ères d'occupation du Darfour en mettant à chaque fois l'accent sur les négligences qui ont été conduites par ces différents occupants et qui peuvent être vues comme causes latentes du conflit actuel. Cela nous permettra dans un premier temps d'aller au-delà du discours dichotomique et simpliste de la plupart des médias qui « daignent » parler des atrocités du Darfour en l'identifiant comme un discours religieux et environnemental. Une fois cette histoire relue avec un souci d'objectivité, nous nous intéresserons aux causes environnementales qui sont en effet présentes mais loin d'être sans retour. Dans un troisième temps nous regarderons les aspects ethniques, plus que religieux puisque tous les Soudanais sont musulmans. La question de la religion éclipsant les problèmes culturels et ethniques, qui sont eux, de vrais facteurs de divergence dans ce conflit. Enfin, nous ferons un panorama sur la situation de l'éducation, des médias, des camps de déplacés, suivis de la question délicate du pétrole, avant de terminer par un rappel de l'actualité concernant le Darfour.
[...] La prédominance de l'islam n'était pas contestée. Un sort particulier fut cependant réservé aux noirs du Grand Sud, jusque là réserve d'esclave, et au sultanat du Darfour. La gouvernance indirecte des Britanniques Dans leur souci de gouvernance indirecte, les Britanniques et leur Sudan Political Service[6], soucieux de la promotion des races inférieures dans une nature intacte et magnifique ne s'intéressèrent guère à la population du sud. Cette négligence institutionnalisée reflétait d'une manière perverse le système de gouvernement indirect tel que l'avait théorisé Lord Lugard au début du XXème siècle. [...]
[...] Les Arabes n'ont pas d'avions, d'armes lourdes. Divers témoignages font état de camps d'entraînement de janjawids formés par l'armée de Khartoum. Ils bénéficieraient d'armes, de nourriture et d'argent. C'est en 1994, après la prise d'El Fasher par les milices darfouriennes que Khartoum a décidé de faire appel aux Janjawids pour s'opposer aux rebelles. Ceux-ci connaissent les régions, les pistes, ils sont aussi plus motivés puisqu'ils peuvent piller et s'accaparer les terres, sujet de divergence entre les nomades et les sédentaires depuis toujours. [...]
[...] L'appel d'offre est alors lancé et les relations avec les Etats-Unis étant de plus en plus mises à mal (les déclarations de soutien de Khartoum à l'Irak lors de la guerre du Golfe, les violations flagrantes des droits humains et l'asile offert par le Soudan à des terroristes internationaux, dont Oussama Ben Laden), ce sont les Chinois avec La China National Petroleum Corporation et l'entreprise malienne Petronas, deux compagnies pétrolières publiques, qui s'emparent du marché de l'or noir au Soudan. Mais ce sont aussi d'autres pays qui investissent dans cette activité avec le Canada, l'Autriche, la Suède. C'est en 1999 qu'un oléoduc de 1600 Km reliant les champs pétrolifères du Sud Soudan à port Soudan est construit par les Chinois. Les premières cargaisons de pétroles sont envoyées sur le marché international. Le pétrole a alors alimenté une économie de guerre. [...]
[...] En 2003, c'est le conflit du Darfour. Les prémisses de la crise au Darfour Il y a toujours eu des conflits au Darfour concernant l'appropriation des terres, entre les nomades et les sédentaires. Ces crises sont de plus en plus récurrentes à cause de l'appauvrissement des terres et du changement climatique (voir chapitre sur l'environnement). A l'accoutumée, lorsque les morts étaient trop nombreux, les anciens des deux camps s'interposaient pour faire cesser les combats. Jusqu'à la conclusion des pourparlers, il n'était pas permis de poursuivre la vengeance. [...]
[...] La cause immédiate en est l'intervention de la Police à l'université de Khartoum pour empêcher un meeting d'étudiants consacrés au problème du Sud, qui se tenait légalement sur le campus. Le retour au régime des partis 1964-1969 Les premières élections qui suivirent la chute de la dictature furent organisées en mai 1965 et furent remportées par l'Oumma mahdiste avec soixante-seize sièges sur cent soixante treize. Au Darfour, comme à l'accoutumée, les Madhistes avaient bien sûr gagné, remportant seize des vingt quatre circonscriptions. Le Darfour, depuis le début du Mahdisme a toujours été son fervent défenseur. Voter pour les communistes ou pour les Frères musulmans était impensable. [...]
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