Selon G. Burdeau, ' l'idée d'enfermer une collectivité humaine dans des limites linéaires stables - les frontières - est relativement récente. Dans la Grèce antique, il n'y a ni ligne douanière ni ligne militaire ; à Rome le limes de l'empire est un espace où s'exerce la vigilance des légions. Ce n'est qu'au XVIème siècle que les travaux cartographiques, rendues possibles par le renouveau des mathématiques et des sciences géographiques font apparaître la notion moderne de frontière '
[...] Plus précisément cette ambiguïté est caractéristique du droit international contemporain. L'échec de l'acte final de la conférence d'Helsinki de 1975 s'explique par exemple par le fait qu'il n'avait pas su trancher entre l'affirmation du principe d'inviolabilité et d'intangibilité des frontières et les principes de réveil des nationalités contenus dans la troisième corbeille. Il ouvrait ainsi la voie à des interprétations divergentes. Cet exemple est révélateur par conséquent d'un processus qui conduit à établir une seconde ligne de partage du monde. [...]
[...] Elle est duale en politique. Elle est ainsi susceptible d'engendrer dans certains pays des phénomènes contradictoires, des mouvements de contre-mondialisations durables. D'une manière général elle est à l'origine d'un dilemme pour les pays les moins sûrs de leur unité culturelle et de leur force économique: faut il promouvoir l'ouverture sur l'extérieur et prendre le risque de phénomènes de fragmentation ou bien faut il partir d'un primat du politique et d'abord construire un Etat Nation avant de favoriser un développement économique exogène. [...]
[...] Tout d'abord, en même temps que la frontière est dévalorisée sa portée symbolique s'accroît. Les anciennes frontières réapparaissent au sein des Etats. Les processus de décomposition de la Russie (dans le Caucase principalement et sur la Volga) et de l'Ukraine (Crimée) en attestent. Des frontières zones se développent à nouveau autour des frontières lignes. Le roman de Dino Buzzati, le Désert des Tatars traduit cette tendance de nos sociétés contemporaines de faire de nos frontières des espaces autonomes, producteurs de sens. [...]
[...] Le maintien des " frontières issues de la colonisation " demeure toutefois un principe directeur de l'Organisation de L'Unité Africaine (OUA). De la sorte, la paix, qui se traduit par une prise en considération de l'Autre à travers l'établissement d'une frontière stable et consensuelle doit primer la culture à l'échelle internationale. Ce premier raisonnement conduit toutefois à relativiser la culture à l'excès. A plus long terme, peut ainsi se dégager un mouvement contraire, d'ordre sociologique de détermination des frontières selon des impératifs culturels et plus spécifiquement nationaux. [...]
[...] Le rapport entre culture et frontières est en effet soumis à une évolution de long terme, marquée par une relative stabilité. Selon G. Burdeau, " l'idée d'enfermer une collectivité humaine dans des limites linéaires stables - les frontières - est relativement récente. Dans la Grèce antique, il n'y a ni ligne douanière ni ligne militaire; à Rome le limes de l'empire est un espace où s'exerce la vigilance des légions. Ce n'est qu'au XVIème siècle que les travaux cartographiques, rendues possibles par le renouveau des mathématiques et des sciences géographiques font apparaître la notion moderne de frontière Un rapport moderne a donc pu s'établir entre culture et frontières et structurer le système interétatique. [...]
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