La crise ayant opposé pendant près de 20 jours la Turquie à la Syrie à l'automne 1998 reste un des moments les plus critiques de l'histoire de la relation tumultueuse existant entre ces deux voisins. La crise résulta de la concomitance de plusieurs éléments structurels et conjoncturels. D'une part, les facteurs traditionnels de dissension tels que le partage des eaux de l'Euphrate, le soutien turc à Israël ou encore le soutien syrien au mouvement indépendantiste kurde de Turquie, sans connaître de modification de leur intensité, grevaient depuis des années la relation turco-syrienne .
D'autre part, plusieurs éléments ponctuels modifièrent sensiblement la situation politique interne de la Turquie, entraînant une réorientation de ses relations extérieures, particulièrement vis-à-vis de la Syrie. Les militaires turcs se considérant comme ayant les mains libres envisagèrent un durcissement de ton envers leur voisin récalcitrant et, désirant profiter de la conjoncture favorable, optèrent pour le règlement définitif du contentieux turco-syrien à leur seul avantage.
C'est dans ce contexte que s'inscrit la crise qui sera ici étudiée selon le modèle d'analyse proposé par Michael Brecher et Jonathan Wilkenfield dans leur ouvrage A study of crisis . Celle-ci fait d'ailleurs partie de la base de données reprenant l'ensemble des crises internationales constituée par ces derniers et connue sous le nom d'International Crisis Behaviour Project. Il sera question ici de se demander quels éléments du moment de tension ayant opposé la Turquie à la Syrie en octobre 1998 relèvent des caractéristiques de la crise proposées par Brecher. Dans quelle mesure cette crise turco-syrienne correspond-elle au modèle standardisé de la crise internationale ? Des ajustements du cadre d'analyse doivent-ils être opérés pour ce cas précis ?
[...] La crise turco-syrienne de 1998 Sommaire 1. Introduction a. L'objet d'étude b. Les sources 2. Présentation de la crise selon le cadre chronologique de Brecher a. La période de pré-crise i. La situation initiale et les facteurs de tensions préexistants 1. L'eau 2. Les revendications territoriales concernant de la province de Hatay 3. La question kurde ii. [...]
[...] Ankara menaça également de bombarder les camps du PKK situés au Liban et contrôlés par Damas. Ces déclarations entraînèrent immédiatement une crise de la politique étrangère de la Syrie. Damas nia fermement toutes les accusations formulées par la Turquie et se déclara résolu à trouver une solution à cette crise par la voie diplomatique. Le message était clair : la Syrie prenait conscience de la résolution turque d'en découdre avec le PKK et qu'elle n'était pas en mesure de s'opposer à cette dernière sur le plan militaire. [...]
[...] La crise turco-syrienne se trouve traitée sous le numéro 428 dans la base de données accessible sur : http://www.cidcm.umd.edu/icb/dataviewer/ BRECHER (Michael), Crises in world politics : theory and reality, Oxford, Pergamon press p.45. BRECHER (Michael), Crises in world politics : theory and reality, Oxford, Pergamon press p. Site icampus du cours du Professeur Liégeois Séminaire de Science politique et relations internationales : http://www.icampus.ucl.ac.be/claroline/course/index.php?cid=SPOL_3854. LENORE (Martin), Turkey's National Security in the Middle East dans Turkish Studies, Printemps 2000, Vol p VANER (Semih), Turquie-Israël : un siècle d'histoire partagée dans CEMOTI, juin-décembre 1999. [...]
[...] Il rencontra tout d'abord le Président syrien Hafez el-Assad avant de se rendre en Turquie quelques jours plus tard. Il maintint pendant toute la durée de la crise un contact téléphonique constant avec ses deux interlocuteurs turc et syrien. En plus de cela, le Président iranien Mohammad Khatami appela dans deux messages séparés les deux Présidents respectifs à diminuer la tension. Mais outre ces actes de médiations et ces déclarations, quelles étaient en réalités les intentions et les perceptions des deux acteurs principaux de cette crise ? [...]
[...] Les facteurs d'opposition le partage des eaux, le soutien au PKK et l'alliance israélo-turque étaient les mêmes. Cependant, les relations se développèrent de façon tout à fait différente, sans être idylliques pour autant, avec ces états[76]. L'Iran joua même la carte de la médiation dans le cadre de la crise turco- syrienne. Cette considération souligne l'indigence d'une telle approche si elle n'est accompagnée de son pendant behavioriste. Celui-ci, sur base des éléments fournis par l'analyse de la structure de la crise internationale permet en réalité d'évaluer au plus juste le poids respectif de ces différents éléments dans les processus d'irruption et de résolution des crises. [...]
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