Englués dans une crise diplomatique et militaire à leur frontière commune depuis 2005, les 2 pays tentent une nouvelle fois de restaurer la paix et renouer des liens diplomatiques. Le 8 février 2010, le président tchadien, Idriss Déby Itno, effectue une visite de deux jours chez son homologue et voisin du Soudan Hassan Omar Al-Bashir. Un tel déplacement, pourtant courant dans les relations diplomatiques inter-Etats, revêt un caractère historique au vue de l'état récent des rapports très peu amicaux qu'ont entretenus les deux dirigeants.
L'actualité fraîche a révélé des signaux de réelle décrispation, avec les nombreuses tractations (par émissaires interposés) qui ont eu lieu entre Khartoum et N'Djaména. À cette embellie diplomatique ont succédé deux signatures entre les deux pays puis entre l'Etat soudanais et la rébellion du MJE (Mouvement pour l'Egalité et la Justice).
Alors que rien ne laissait présager une réconciliation entre Déby et son frère ennemi du Soudan, celle-ci prend de plus en plus corps et semble sérieuse, jusqu'au point de gagner en crédibilité aux yeux des observateurs les plus sceptiques.
Quels en sont les enjeux ? Peut-on croire que cette énième tentative de normalisation ait plus de chances que les précédentes ?
[...] Tout porte à croire que cette relation d'amour-haine, ces rapports en dents de scie ne sont plus que des souvenirs. A force d'accords, de désaccords et de corps-à-corps, l'on a fini par ne plus accorder de crédit à ces vœux pieux. Toutefois, il est des signes qui permettent d'espérer et de penser que ce nouvel essai, le 7e en moins de 6ans (dont ceux de Dakar en 2008 et de Cannes en 2007), sera transformé. Toutefois, la prudence est de rigueur ! [...]
[...] Les milices cavalières pro-gouvernementales (les Janjawid) multiplient les incursions en territoire tchadien dans leur traque des rebelles et tuent de nombreux civils. Cette zone de l'est du Tchad est celle d'origine du dirigeant tchadien, issu d'une vaste famille établie près de la frontière (d'aucuns avancent qu'il s'agirait plutôt d'immigrés soudanais). Cette situation de chaos frontalier profite aux groupes rebelles tchadiens installés dans la région qui se servent du Soudan comme base arrière. Déby, mécontent de cette insécurité qui menace son pouvoir ne fait rien pour empêcher les rebelles soudanais d'opérer à partir de son territoire ; et ce, contre un soutien de ces derniers dans sa lutte contre les mouvements armés opposés à son régime. [...]
[...] Il qualifie les mouvements armés de mercenaires à la solde du Soudan Déby accuse son homologue soudanais de vouloir instaurer un régime fondamentaliste au Tchad et riposte en soutenant le mandat d'arrêt de la Cour Pénale Internationale contre son ancien allié. Il tient aussi régulièrement des éléments soudanais pour responsables d'attaques contre des camps de réfugiés à l'est du Tchad et d'autres actes de banditisme. Malgré des rapports accablants de l'ONU et d'ONG, le Soudan nie toute implication et reproche à son tour à N'djaména de fournir en armes et d'héberger les troupes qui lui sont hostiles. [...]
[...] Quels en sont les enjeux ? Peut-on croire que cette énième tentative de normalisation ait plus de chances que les précédentes ? Pas besoin d'être historien, politologue ou spécialiste de l'Afrique pour connaître le point commun entre les présidents Blaise Compaoré (Burkina Faso), François Mitterrand (France) et le Guide Muammar Khaddafi (Libye). Ils en voulaient au régime du dictateur tchadien Hissein Habré, pour différentes raisons. Ils ont soutenu et armé contre lui son ex- Chef d'Etat major, Idriss Déby (devenu plus tard Idriss Déby Itno) qui l'a renversé en 1990. [...]
[...] Les deux parties s'entendent et chacune s'engage à ne plus soutenir de rébellions contre l'autre. Cette volonté sera concrétisée par la signature à Ndjaména en janvier 2010 d'un accord de normalisation suivi d'un protocole de sécurisation des frontières entre les deux pays. Ils se promettent de forcer les groupes rebelles à regagner la légalité : le 20 février, le MJE paraphe à Djaména un accord de principe avec un représentant du gouvernement de Khartoum. S'en suit un accord formel signé à Doha au Qatar quelques jours plus tard qui stipule le dépôt des armes du mouvement, sa transformation en parti politique ainsi que les modalités du partage du pouvoir et des richesses nationales. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture