Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement de décolonisation dans les deux grands empires coloniaux français et britannique s'affirme dans le Moyen-Orient avec la fin du mandat français sur la Syrie et le Liban en 1945 et l'indépendance du nouvel Etat d'Israël du mandat britannique en 1948, générant la première guerre israélo-arabe.
Ces mouvements de décolonisation s'accompagnent d'un regain des nationalismes arabes et du panarabisme (Ligue des Etats arabes en 1945 au Caire), portés par le mouvement du Tiers-monde (réuni à Bandoeng en 1955), teinté d'anti-occidentalisme et d'anticolonialisme, ciblant notamment les Britanniques (soulèvements dans le monde arabe, terrorisme anti-britannique cypriote).
[...] Au cours des opérations, les décisions brutales d'arrêt des opérations les 6 et 7 novembre, prévues dès le ont succédé aux discours politiques fermes du 3 novembre sur le maintien des opérations, dont une partie a finalement été annulée. La cohésion entre les alliés périclite avec le retrait britannique qui entraîne inévitablement l'abandon français. De fait, le jeu de commandement interallié empêchait toute prise d'initiative et toute poursuite uniquement française du conflit (cf. devoir d'autonomie du militaire), ce que souligne le général Beaufre dans sa tentative d'action de désobéissance heurtée au blocage par les Britanniques de ses mouvements de troupes et du soutien aérien annoncé. [...]
[...] L'internationalisation et la liberté de circulation sur le Canal de Suez sont issues de la Convention de Constantinople et de la Commission de Londres de 1888, bien que le canal soit toutefois interdit à Israël depuis 1948. A la suite du Coup d'Etat de 1952, l'Egypte signe avec le Royaume-Uni en 1954 la fermeture de la base britannique à Suez et balance entre Etats- Unis et Soviétiques (accord de 1955 avec la Tchécoslovaquie sur la livraison de matériel de guerre). [...]
[...] De même, le commandement intégré empêchait la coordination interarmes française : le débarquement et le soutien aérien ont donc été autonomes. La décision était prise au niveau britannique et le commandement français n'était pas informé directement des décisions politiques puisqu'il n'avait aucun contact régulier avec les autorités politiques. Beaufre ne manque pas de rappeler le rôle fondamental des Etats neutres dans un conflit (système des NU, mouvement non aligné, influence des superpuissances). L'absence de soutien des Américains, incessamment recherché par les Britanniques, a entraîné l'arrêt des opérations. [...]
[...] De fait, l'établissement des plans successifs semble avoir détourné la stratégie adoptée de ses finalités politiques. Du centre de gravité du régime nassérien (probablement sa capitale), les plans se sont focalisés sur la zone du Canal de Suez et d'autant plus sur la zone de Port-Saïd, dont la prise était perçue comme un gage dans la négociation avec l'Egypte. Au final, les priorités politiques n'ont plus été assumées et ce qui importait, c'était davantage le moyen (une opération militaire en territoire égyptien) que la fin (abattre le régime nassérien ou atténuer sa composante nationaliste ou prosoviétique). [...]
[...] Les forces et faiblesses III. La complexité des circonstances et interactions stratégiques L'interaction stratégique sur une opération lourde de projection aérienne et amphibie de forces dès le départ, été subordonnée à la mise en place d'un système de commandement intégré, sur le modèle de l'OTAN, sous contrôle britannique, aisé, selon Beaufre, pour l'armée de l'air et la Marine mais impossible pour les forces terrestres et le soutien logistique. Ainsi, les Français n'étaient qu'a posteriori consultés sur l'établissement des plans stratégiques, décidés par les commandants britanniques, malgré des objectifs fluctuant entre le renversement du régime nassérien et une focalisation sur la zone du canal. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture